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Nouvelle-Calédonie : nouvelle nuit d’émeutes, conseil de défense et inquiétude régionale

Après bientôt une semaine de violences, le haut-commissaire calédonien a annoncé son intention de rétablir l’ordre « quoi qu’il en coûte » et de reprendre le contrôle des quartiers aux mains des émeutiers. À Paris, Emmanuel Macron a convoqué un nouveau de défense et de sécurité nationale, lundi matin. À Canberra ou Wellington, on annonce que des vols militaires attendent les autorisations françaises pour évacuer les ressortissants australiens et néozélandais. Le point avec nos partenaires Les Nouvelle Calédoniennes et Outremers 360°.

Lire aussi : Les entreprises calédoniennes « ne pourront pas toutes se relever »

  • « Le rapport de force va s’inverser très vite » promet le Haussaire

Si les actes d’incendie et de pillages semblent avoir considérablement diminué ces dernières nuits, Les Nouvelles Calédoniennes rappellent que de nombreux quartiers sont encore l’objet d’affrontements entre jeunes militants et forces de l’ordre. Dimanche soir lors d’un point presse, le haut-commissaire calédonien a annoncé qu’il entendait rétablir l’ordre sur le territoire « quoi qu’il en coûte ». Louis Le Franc a eu des mots forts pour exprimer la volonté de l’État de récupérer les quartiers qui échappent encore à son contrôle. « Tout ça va se terminer, croyez-moi. Le rapport de force va s’inverser très vite. »

Une première opération d’envergure a été menée, dimanche, par 600 gendarmes pour reprendre la maîtrise de la route entre Nouméa et Tontouta. Les 60 km ont été libérés et « 76 barrages détruits », a dévoilé le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin. L’enjeu de la nuit, pour les forces de l’ordre, était de s’assurer que les barrages ne s’allaient pas se reformer. La libération de cet axe stratégique doit notamment permettre de sécuriser l’approvisionnement logistique du Grand Nouméa. Ainsi, vingt commerces alimentaires ont pu rouvrir, dimanche. La circulation des automobilistes n’est toutefois pas permise, en raison du nombre important de débris présents sur la route. Ce lundi également, 350 forces de l’ordre supplémentaires doivent arriver sur le Caillou.

  • Conseil de défense et travaux parlementaires à Paris

Pendant ce temps à Paris, Emmanuel Macron a convoqué un nouveau conseil de défense et de sécurité nationale, qui se tiendra ce lundi 20 mai, 8h30, heure de Tahiti, comme le relaie Les Nouvelles Calédoniennes. Il s’agit « d’assurer suivi de la situation en Nouvelle-Calédonie », comme l’a annoncé l’Élysée dimanche soir. Le chef de l’État avait déjà présidé un conseil de défense mercredi consacré au territoire, pour décider d’y instaurer l’état d’urgence, puis un deuxième jeudi à l’issue duquel son Premier ministre Gabriel Attal avait annoncé l’envoi de renforts de police et de gendarmerie.

Vendredi, le chef du gouvernement avait reçu à Matignon des responsables parlementaires de tous bords pour un « échange » sur la crise, où la question d’une éventuelle prolongation de l’état d’urgence a notamment été évoquée. L’Assemblée et le Sénat doivent en effet donner leur accord pour proroger cette mesure au-delà de douze jours, soit le 27 mai au soir. Un projet de loi était bien « en préparation » en fin de semaine, mais selon le député Sacha Houlié (Renaissance), le gouvernement espérait encore écarter cette option à l’issue du week-end de Pentecôte, soit lundi, si la situation « s’était améliorée » dans l’archipel calédonien.

  • L’Australie et la Nouvelle-Zélande demandent des autorisations pour évacuer leurs ressortissants

« Nos forces armées sont prêtes à décoller, en attendant la reprise des vols commerciaux. Mais les autorités françaises nous disent que la situation sur le terrain ne permet pas aux avions d’atterrir. Nous continuons à réclamer une autorisation. » C’est ce qu’a tweeté Penny Wong, la ministre australienne des Affaires étrangères, ce dimanche. Une déclaration qui fait écho, comme le note RFI, à celles de son homologue Néo-Zélandais, Winston Peters, qui lui aussi a indiqué qu’il attendait le feu vert de Paris pour envoyer un avion militaire à Nouméa et rapatrier ses ressortissants : « Nous sommes prêts à décoller et attendons l’autorisation des autorités françaises pour savoir quand ces vols pourront avoir lieu en toute sécurité. » Les deux pays ont indiqué qu’ils surveillaient de près la situation sur le Caillou. Le Premier ministre australien, Anthony Albanese, avait notamment rappelé en début de weekend que son pays accordait « une grande importance à notre relation avec la Nouvelle-Calédonie et l’État français ». D’après les autorités de Nouméa, 3200 visiteurs sont bloquées sur le Caillou en l’absence de vols. Des Métropolitains, Australiens, Néo-Zélandais, mais aussi des Polynésiens.

  • Quatre présidents de collectivités d’outre-mer appellent au retrait de la loi constitutionnelle

Dans un courrier envoyé à Outremers 360°, les présidents des régions Réunion, du Département de Guadeloupe, de la collectivité de Martinique et de la collectivité de Guyane ont demandé dimanche le « retrait immédiat » de la réforme du corps électoral en Nouvelle-Calédonie, décriée par les indépendantistes et à l’origine de violences dans le territoire du Pacifique sud depuis six jours. « Seule la réponse politique mettra fin à la montée des violences et empêchera la guerre civile », écrivent les responsables ultramarins. Le texte est signé par la présidente de la région Réunion Huguette Bello (gauche), qui en est l’une des initiateurs, ainsi que par ses homologues President du Départemet de  Guadeloupe Guy Losbar (majorité présidentielle), de Martinique Serge Letchimy (gauche) et de Guyane Gabriel Serville (gauche). Il est aussi paraphé par près d’une vingtaine de parlementaires représentant ces territoires ultramarins, mais aussi la Polynésie française, Saint-Martin et Saint-Barthélemy ainsi que le député Européen Younous Omarjee.

« Nous, élus des outre-mer, demandons solennellement au gouvernement le retrait immédiat du projet de loi de réforme constitutionnelle visant à changer le corps électoral pour les élections en Nouvelle-Calédonie-Kanaky, comme préalable à la reprise d’un dialogue apaisé », lit-on dans cette tribune. Selon les signataires, «la réponse sécuritaire qui consiste à mettre en place des mesures exceptionnelles – interdictions de circulation, assignations à résidence, perquisitions, ainsi que l’envoi de policiers et gendarmes supplémentaires – n’apporte pas de solution». «Ces réponses répressives risquent d’engendrer une spirale de violence et de compromettre le retour au calme attendu», craignent-ils.

  • Appel au boycott de la COP29 pour protester contre « l’ingérence » de l’Azerbaïdjan

La France doit boycotter la COP29 qui se déroulera à la fin de l’année à Bakou en réponse aux ingérences de l’Azerbaïdjan dans la crise en Nouvelle-Calédonie. C’est ce qu’a estimé dimanche le président Les Républicains des Hauts-de-France Xavier Bertrand comme le relève Outremers 360°. «Je souhaite que la France convoque l’ambassadrice d’Azerbaïdjan en France pour s’expliquer sur le rôle exact de l’Azerbaïdjan à qui cela ne plaît pas qu’on se batte aux côtés de l’Arménie pour défendre l’Arménie», a déclaré sur Radio J l’élu de droite, candidat depuis le début de l’année à l’élection présidentielle de 2027. «Ils cherchent à nous déstabiliser», a-t-il accusé, avant d’ajouter: «Ce qui se passe en Nouvelle Calédonie avec le rôle de l’Azerbaïdjan doit nous amener à dire que la France ne participera pas à cette COP à Bakou», au cours de laquelle doivent se poursuivre les négociations mondiales sur le changement climatique. Les autorités française avaient fait savoir il y a quelques jours qu’elles avaient détecté sur X et Facebook une «propagation massive et coordonnée» de contenus accusant la police française de tirer sur des manifestants indépendantistes en Nouvelle-Calédonie, et relié ces contenus à des «acteurs azerbaïdjanais».

L’Azerbaïdjan, en pleine tension diplomatique avec Paris du fait de la dénonciation française des crimes perpétrés par son armée au Haut-Karabakh, a «totalement» rejeté des «accusations infondées». Si la tentative de Bakou d’attiser les braises et de surfer sur la situation calédonienne ne fait que peu de doute, certains analystes non-étatiques ont relevé que les posts sociaux en question avaient un impact limité, et circulaient beaucoup moins, sur le Caillou que les publications des Calédoniens eux-mêmes, qu’ils soient émeutiers ou non.

 

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