L’état d’urgence décrété en Nouvelle-Calédonie, un régime d’exception qui renforce le pouvoir des autorités et restreint certaines libertés publiques. Le réseau social TikTok est à présent interdit sur le territoire, et un « pont aérien » avec la métropole est mis en place. Explications de notre partenaire Les Nouvelles calédoniennes.
[Mise à jour 16/05, 4h30 : Les autorités calédoniennes ont confirmé, jeudi, qu’un deuxième gendarme était mort à Nouméa. Il aurait été victime d’un « tir accidentel » d’un de ses camarades, déclenché dans des circonstances encore à préciser. Dans le même temps la CCI et le Medef local ont estimé que les dégâts des trois premières nuits d’émeutes à environ 24 milliards de francs. La centaine d’entreprises « totalement détruites » représenteraient 1500 à 2000 emplois.]
L’état d’urgence est entré en vigueur en Nouvelle-Calédonie ce jeudi 16 mai, à 5 heures. Une décision prise par le président de la République, Emmanuel Macron, au terme d’un conseil de défense nationale qui s’est tenu mercredi soir à Paris. La demande avait été formulée plus tôt dans la journée par Sonia Backès, puis par le député Nicolas Metzdorf et le sénateur Georges Naturel.
Lors d’un point presse conjoint avec le gouvernement, le haut-commissaire a indiqué que la nuit dernière avait été moins violente que la nuit précédente, mais qu’au total « les forces de l’ordre ont eu affaire à 5 000 émeutiers dans le Grand Nouméa et entre 3 000 et 4 000 dans Nouméa. » Il a fait état de pillages, d’incendies – « le nombre de maisons ayant brûlé est incalculable » – et d’attaques contre au moins quatre brigades de gendarmerie.
Perquisitions et assignations à résidence
Institué en avril 1955, ce régime d’exception a été modifié à plusieurs reprises en 70 ans, et notamment après les attentats qui ont frappé la France en 2015. D’une durée initiale de 12 jours, l’état d’urgence peut être prolongé par le vote d’une loi votée par le Parlement. Concrètement, il permet de renforcer le pouvoir des autorités et de restreindre certaines libertés publiques et individuelles. Il autorise le gouvernement à prendre plusieurs mesures :
- l’interdiction des manifestations, cortèges, défilés et rassemblements de personnes sur la voie publique ;
- la mise en place de périmètres de protection pour assurer la sécurité d’un lieu ou d’un évènement ;
- l’interdiction de certaines réunions publiques ou la fermeture de lieux publics et de lieux de culte ;
- des perquisitions administratives ;
- des réquisitions de personnes ou moyens privés ;
- le blocage de sites internet prônant des actes terroristes ou en faisant l’apologie ;
- des interdictions de séjour ;
- des assignations à résidence.
Cinq « responsables radicaux et violents » assignés à résidence, interdiction de TikTok
Ce jeudi matin, le ministre de l’Intérieur et des Outre-mer, Gérald Darmanin, a révélé avoir signé « les 5 premiers arrêtés d’assignation à résidence de responsables radicaux et violents ». Des membres de la Cellule de coordination des actions de terrain (CCAT), considérée par beaucoup comme le bras armé du camp indépendantiste, et que le haut-commisssaire considère comme responsable des violences. Des perquisitions administratives devraient également être menées très prochainement par les forces de l’ordre. Le Premier ministre, Gabriel Attal, a également annoncé l’interdiction du réseau social TikTok, sur lequel circulaient de nombreuses vidéos des exactions.
C’est la septième fois depuis sa création en 1955 que l’état d’urgence est décrété, la deuxième fois en Nouvelle-Calédonie après 1984 et le déclenchement des évènements. Ce régime particulier a toutefois vocation à « rester temporaire », comme le rappelle le site vie-publique.fr, citant une étude menée en 2021. Cependant, « la levée de l’état d’urgence est une décision délicate, fondée à la fois sur une analyse objective de la situation – l’existence ou non de la menace qui justifie l’état d’exception – mais aussi sur une perception subjective, à savoir comment la menace est encore perçue par les citoyens ».
Un pont aérien avec la métropole
Un pont aérien entre l’Hexagone et le territoire va permettre d’acheminer rapidement des renforts de sécurité intérieure, de sécurité civile et militaire mais aussi du matériel permettant d’assurer la prise en compte des besoins essentiels de la population.
Les Nouvelles calédoniennes