ACTUS LOCALESNOUVELLE-CALÉDONIE Nouvelle-Calédonie : quatre morts dont un gendarme, l’état d’urgence décrété La rédaction 2024-05-14 14 Mai 2024 La rédaction ©B.Gouret/LNC [Mise à jour mercredi 15 mai 04h30] D’après un bilan actualisé diffusé par le Haut-commissariat en Nouvelle-Calédonie cette nuit, quatre personnes ont perdu la vie dans les émeutes qui secouent le Caillou depuis plus de trois jours. Trois manifestants, mais aussi un gendarme de 22 ans, touché à la tête par une balle de fusil. « La République ne tremblera pas », « l’ordre public sera rétabli », a martelé Gérald Darmanin depuis Paris. Répondant à un appel d’élus loyaliste, le président de la République Emmanuel Macron a déclaré l’état d’urgence dans l’archipel. Lire aussi : Nouvelle-Calédonie, le projet de loi constitutionnelle voté par les députés après un débat tendu Le premier mort de ces émeutes violentes qui durent depuis plus de trois jours avait été annoncé mardi, heure de Tahiti, par les autorités calédoniennes. Le haut-commissaire Louis Le Franc avait lors d’une conférence de presse, parlé d’un jeune homme touché par des tirs qui ne provenaient pas d’un membre des forces de l’ordre mais de « quelqu’un qui a voulu se défendre ». Deux autres personnes touchées avaient alors été transportées à l’hôpital, et un deuxième décès a été confirmé en début de soirée. Ce mercredi matin, alors que des barrages ont été montés tout autour du grand Nouméa, le bilan a grimpé à trois morts parmi les émeutiers. « L’heure n’est pas grave, elle est très grave, avait insisté le représentant de l’État. On est rentré dans une spirale qui est mortelle. Si cela continue, il y aura beaucoup de morts. » Un gendarme mobile de 24 ans avait aussi été déclaré grièvement blessé à la tête dans la zone de Plum, au Sud de la Grande Terre, près de la grande base du Rimap. Il est décédé dans la nuit de mardi à mercredi. « Les « vieux », comme on dit chez vous en Nouvelle-Calédonie, sont venus parler aux gendarmes, il a retiré son casque et il s’est fait tirer dessus en plein front », a détaillé Gérald Darmanin lors des questions au Sénat. «La CCAT (Cellule de coordination des actions de terrain), qui est désormais loin du FLNKS, est un groupe mafieux qui veut manifestement instaurer la violence, comme ils l’ont fait dans l’usine (de nickel) du sud l’année dernière, a déclaré le ministre de l’Intérieur. Mais la République ne tremblera pas ». Même discours de fermeté de la part d’Emmanuel Macron, qui a réaffirmé, lors d’une réunion de crise, d’après l’AFP, sa « solidarité avec l’ensemble des Calédoniens et a remercié les forces de sécurité particulièrement mobilisées pour protéger et soutenir la population ». Les violences « feront l’objet d’une réponse implacable » pour revenir à « l’ordre républicain », assure le chef de l’État, qui, en réponse à l’appel d’élus loyaliste, a décrété l’état d’urgence sur toute la Nouvelle-Calédonie. Le président de la République a tout de même insisté sur la nécessité d’un retour au dialogue. Le premier ministre Gabriel Attal devrait rapidement proposer une date de rencontres aux responsables loyalistes et indépendantistes pour aboutir à « l’accord plus large » évoqué lors du vote du très contesté projet de loi constitutionnelle sur le corps électoral. Après Moetai Brotherson ou le « groupe de contact » parlementaire, plusieurs anciens spécialistes du dossier calédoniens se sont proposés pour mener une mission de médiation. Notamment Jean-François Merle, ancien conseiller de Michel Rocard à l’époque des accords de Matignon en 1988. « Maintenant que le feu est déclenché », il va falloir « trouver une solution de médiation » avec « des gens qui puissent être considérés comme au-dessus de la mêlée » a-t-il déclaré, allant dans le sens de l’ex-Premier ministre Lionel Jospin qui a lui-même cité le nom de Edouard Philippe. Un autre ancien premier ministre, Jean-Marc Ayrault, a lui aussi déclaré qu’il fallait « absolument mettre en place une mission de dialogue ». Mais le socialiste s’étonne du terme qui est fixé pour aboutir à un éventuel accord : Emmanuel Macron veut réunir le Congrès fin juin pour entériner la réforme constitutionnel, si aucun autre terrain d’entente n’est trouvé. « C’est un peu court », pointe-t-il. Sonia Backès demande l’intervention de l’armée C’est aussi l’avis de Sonia Backès, présidente de la Province Sud et chef de file des Républicains calédoniens. Dans un courrier à Emmanuel Macron, elle décrit Nouméa et ses alentours, où le couvre-feu a été imposé hier, « dévastés par des actes terroristes, organisés par le bras armé du mouvement indépendantiste » et des habitants « organisés en milices citoyennes ». Elle demande à l’État de déclarer l’état d’urgence : « Sans une intervention massive de l’État, nous perdrons le contrôle de la Nouvelle-Calédonie dans les prochaines heures. » Elle demande aussi l’engagement de l’armée, faisant revenir en mémoire le malheureux précédent de 1988, où l’intervention de l’armée avait abouti au massacre de la grotte d’Ouvéa. Le député calédonien Nicolas Metzdorf et le sénateur Georges Naturel ont également demandé à Emmanuel Macron de déclarer l’état d’urgence. De nombreux commerces, notamment des grandes surfaces, ont été pillés ces dernières heures. Des émeutiers armés se dirigent vers le dépôt de gaz de la zone industrielle de Ducos, protégé par la gendarmerie. À l’heure où nous écrivons, les forces de l’ordre sur le terrain comptent un millier de gendarmes et 700 policiers. 47 gendarmes et 14 policiers ont été blessés, et de 180 personnes interpellées. De nouveaux renforts de gendarmerie sont attendus jeudi sur le Caillou. Le haut-commissaire a déclaré qu’il n’hésiterait pas à faire appel à l’armée. Le FLNKS appelle au calme De son côté le FLNKS, a publié un communiqué appelant au calme. La « volonté d’une partie de la population d’être entendue (…) ne saurait justifier la mise en péril de la paix et de tout ce qui a été mis en œuvre et construit pour permettre au vivre ensemble de s’installer durablement dans ce Pays et de sortir du système de la colonisation », écrit le parti indépendantiste qui affirme son soutien « aux chefs d’entreprises et salariés impactés ». Et s’il « condamne » le texte adopté par l’Assemblée nationale, le FNLKS indique vouloir saisir « l’opportunité » offerte par Emmanuel Macron de reprendre le dialogue avant la ratification de la loi constitutionnelle par le Parlement et travailler à un accord global. Emmanuel Macron a reporté le conseil des ministres et convoqué à l’Élysée un conseil de défense et de sécurité nationale. 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