ACTUS LOCALESÉCONOMIENOUVELLE-CALÉDONIE Nouvelle-Calédonie : un candidat à la reprise de l’usine Vale jette l’éponge Charlie Réné 2020-12-07 07 Déc 2020 Charlie Réné Korean Zinc, qui formait avec la Sofinor un consortium candidat à la reprise de l’usine de nickel de Goro, a retiré son offre, soutenue, entre autres, par le bloc indépendantiste. Pour autant, le collectif qui s’oppose violemment à la vente de l’usine à un autre consortium, formé autour d’une société de courtage suisse, n’entend pas baisser les armes. « Eu égard à la situation, Korea Zinc, notre partenaire industriel dans le cadre de la proposition de reprise de l’usine du Sud, nous a fait part, ce jour, de son souhait de se retirer du projet », a annoncé la Sofinor, la Société financière et de développement de la province Nord. Le consortium Sofinor/Korea Zinc retire donc « avec regret » son « projet résolument calédonien » mis sur la table en tout début d’année. Une annonce qui intervient en plein épisode de tensions politiques et sociales autour de la reprise du complexe minier et métallurgique de Goro, exploité depuis 2010 par le géant brésilien Vale dans le sud de la Grande Terre. Mi-novembre, l’industriel est entré en négociation exclusive avec un consortium d’investisseurs calédoniens, institutionnels ou privés, réunis autour de la société suisse Trafigura, spécialisée dans le courtage de matières premières. Cette candidature est soutenue par la Province Sud et par une majorité des élus loyalistes, mais le collectif « Usine du sud : usine pays » s’y oppose avec vigueur, jugeant que le projet allait « brader » la richesse minière calédonienne. Un discours partagé par l’ICAN, instance formée par des coutumiers locaux qui veulent avoir leur mot à dire dans le choix du repreneur, et par le front indépendantiste FLNKS. Le collectif a organisé ces dernières semaines des manifestations, barrages routiers, blocage d’axes routiers ou d’infrastructures, qui se sont mués, ces derniers jours, en violents affrontement avec les forces de l’ordre. L’objectif : mettre la pression sur les négociations en cours avec le consortium de Trafigura et soutenir une offre concurrente : celle du consortium réunissant la Sofinor et Korean Zinc, jugée tardive ou incomplète par Vale ou par l’État, et aujourd’hui retirée. Affrontements ce matin dans les rues de Nouméa pour l’usine du sud #NouvelleCaledonie Crédit photo: Esteban Gardes pic.twitter.com/D1r2oBh91J — L’éxilé (@L_exile988) December 7, 2020 Un risque pour le « maintien de la paix civile » Ce retrait d’offre serait est donc synonyme d’accalmie pour la Nouvelle-Calédonie ? À voir. Les tensions restent vives à Nouméa. « Ce retrait prend tout le monde de court », confiait hier soir l’indépendantiste Victor Tutugoro, aux Nouvelles Calédoniennes, « le combat pour la ressource et le modèle économique demeure ». Le FLNKS avait déjà appelé ses militants à « rester mobilisés jusqu’au retrait définitif du projet Trafigura ». Pour le quotidien de Nouméa, l’Ican et le collectif « Usine du Sud = usine pays », vont tout de même « devoir analyser et expliquer l’actuelle situation aux militants ». Et le FLNKS réétudier sa position. Dans un communiqué, Calédonie Ensemble, groupe loyaliste minoritaire, estime que, malgré ce retrait, un repreneur qui ne serait pas accepté par tous les partis ne doit pas être imposé. « Si tel était le cas, ce serait un cataclysme politique, économique et social pour notre pays, dont l’onde de choc porterait gravement atteinte au maintien de la paix civile », insiste le groupe qui réitère l’appel à l’État de « reprend en main ce dossier afin d’en assurer un règlement pacifique ». Du côté du groupe loyaliste majoritaire, l’Avenir en confiance, on estime au contraire que le retrait de Korea Zinc doit mettre fin aux débats. « Les actions de l’ICAN doivent cesser immédiatement ! » a écrit le porte-parole du gouvernement calédonien Christopher Gygès. « La responsabilité de chacun consiste désormais dans le sauvetage de cette usine et de ses 3 000 emplois dans le cadre d’un projet partagé par le plus grand nombre, a pour sa part écrit la présidente de la Province Sud, Sonia Backès. La seule offre encore en course, celle de Prony Ressources (société qui figure dans le consortium de Trafigura, ndr), permet la participation d’un actionnariat calédonien à hauteur de 50% qu’il nous appartient désormais de construire ensemble ». Sébastien Lecornu a lui aussi pris acte du retrait de l’offre calédo-coréenne. « Plusieurs points doivent encore être discutés pour parvenir à la solution de reprise la plus solide possible, dont l’actionnariat calédonien, écrit le ministre de l’Outre-mer. Le sujet du nickel – au-delà de l’usine du Sud – demeure lié à l’avenir de la Nouvelle-Calédonie. Le ministre confirme la proposition de dialogue au nom de l’État qu’il a formulée, sur ce sujet, avec les participants au format Lepredour ». Une réunion dans ce format, créé il y a quelques semaines pour parler de l’avenir institutionnel, doit avoir lieu jeudi. Le FLNKS n’a pas, pour l’heure, confirmé sa participation. 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