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Nouvelle secousse en Equateur, quatre jours après le séisme

Pedernales (Equateur) (AFP) – Une nouvelle secousse a frappé l’Equateur dans la nuit de mardi à mercredi, quatre jours après le séisme le plus meurtrier d’Amérique latine depuis 2010, avec au moins 525 morts, tandis que l’espoir de retrouver des survivants s’amenuisait.

Selon les autorités locales, cette secousse, dont la magnitude a été évaluée à 6,1 par l’Institut américain de géophysique (USGS), est une réplique du séisme de magnitude 7,8 qui a dévasté la côte Pacifique de l’Equateur samedi soir, le pire qu’ait connu le pays en près de 40 ans.

« Ce sont des répliques. Nous avons eu deux séismes à l’aube, un à 03H33 (08H33 GMT) et un autre à 03H35 (08H35 GMT), de magnitudes 6,1 et 6,3 », a expliqué à l’AFP Mario Ruiz, directeur de l’Institut géophysique d’Equateur.

Depuis samedi, plus de 400 répliques de diverses intensités ont été enregistrées, un phénomène qui pourrait se poursuivre pendant plusieurs jours, selon les experts.

Cette nouvelle secousse, prolongée, a semé la panique parmi les secouristes et les rescapés, sans toutefois provoquer de nouveaux dégâts, selon les journalistes AFP présents sur place.

Plus de 900 secouristes, pompiers, médecins et spécialistes de 20 pays, dont la Colombie, le Chili, le Mexique, le Venezuela et l’Espagne, poursuivaient mercredi leur quête effrénée de survivants parmi les décombres. 

Le dernier bilan communiqué par la justice, encore provisoire, est de 525 morts dans la province de Manabi (ouest), la plus touchée. Mais d’autres victimes auraient aussi été recensées dans la province de Guayas (sud-ouest).

Le séisme est d’ores et déjà le plus meurtrier en Amérique latine depuis celui ayant frappé Haïti en 2010 (200.000 à 250.000 morts).

Environ 1.700 personnes sont par ailleurs portées disparues et plus de 4.600 blessées.

Au moins onze étrangers figurent parmi les victimes, de nationalités canadienne, colombienne, britannique, cubaine, irlandaise et dominicaine selon diverses sources officielles, alors que le tremblement de terre a touché les zones touristiques de l’Equateur.

– Manque de vivres et d’eau –

Près de quatre jours après le séisme, l’espoir de retrouver des survivants s’amenuisait mercredi, les rescapés critiquant la lenteur des secours et souffrant du manque de vivres.

« Nous n’avons ni eau, ni aliments. Mais les magasins, soit ils sont fermés, soit ils vendent très cher. Certains ont augmenté les prix, passant de un à cinq dollars », a dénoncé auprès de l’AFP Andrés Mantuano, habitant de Manta(ouest), une des villes les plus dévastées.

Dans cette cité balnéaire de 253.000 habitants, le président Rafael Correa s’est déplacé lui-même pour tranquilliser les sinistrés, désemparés face aux immeubles en ruines et à l’odeur des corps en décomposition, accentuée par le soleil de plomb.

Il leur a promis que des ravitaillements arrivaient, se montrant aussi rassurant sur l’avancée des secours : « Cinquante-quatre personnes ont été sauvées (des décombres). Tout cet effort a valu la peine ».

Mais les sinistrés commencent à désespérer : « les secours ont été très longs à venir. Des vies ont été perdues ! Nous, les proches, sommes ici depuis samedi soir », se révoltait Pedro Merro, dont la cousine a disparu dans l’effondrement du marché municipal.

Certains pompiers se montraient eux aussi critiques sur la façon de procéder.

« Malheureusement, on n’a pas laissé les 72 heures nécessaires pour permettre aux équipes d’opérer » à mains nues, a confié à l’AFP le lieutenant Ricardo Méndez, commandant des pompiers de la ville colombienne de Pasto, venu en renfort à Pedernales, épicentre du séisme. « Dès dimanche, on a remué (les décombres) avec des engins lourds, ce qui a beaucoup réduit les espaces de vie » parmi les ruines, a-t-il ajouté.

Dans cette ville côtière de 60.000 habitants prisée par les touristes, le stade de football a été transformé en morgue improvisée tandis que des distributions de vêtements, d’aliments, de médicaments et de produits d’hygiène étaient organisées, grâce aux dons récoltés dans tout le pays.

« Nous sommes venus chercher à manger, mais il n’y en a pas, les rations ont déjà été distribuées », se lamentait Gema Guillén, mère de trois enfants qui a perdu sa maison dans le séisme et dont la famille « dort dehors, par terre ».