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Nucléaire : 193 veut une « parole forte » des élus locaux face à « l’incertitude » du national


Comme souvent, l’association 193 n’a pas défilé avec Moruroa e Tatou ce 2 juillet, mais choisi un sit-in et des rencontres avec les responsables institutionnels. Le Père Auguste a notamment proposé, à Tarahoi, le vote d’une résolution, si possible « unanime », pour demander officiellement à Paris des évolutions de la loi Morin. « Nécessaire » alors que le Rassemblement national semble sur la voie de la majorité à l’Assemblée nationale : le fait nucléaire, « ça n’a jamais été leur tasse de thé ».

Toujours pas de défilé commun pour Moruroa e Tatou et 193. Pendant que l’association soutenue par l’Église protestante maohi investissait le parc Paofai, au terme d’une marche à trois cortèges, le collectif du Père Auguste Uebe-Carlson, prêtre catholique mais dont l’activité associative est « indépendante de l’Église », avait de nouveau appelé à un sit-in au monument aux morts. L’occasion pour une centaine de personnes, sympathisants, bénévoles et familles de victimes, d’échanger, autour d’un petit déjeuner et d’informations sur les dépôts de dossiers d’indemnisations… L’occasion surtout pour les cadres de l’association d’enchaîner les rencontres institutionnelles. En commençant par l’assemblée de Polynésie et son président, Tony Géros, à qui le chef de file de 193 a demandé de pousser au vote d’une nouvelle résolution sur le nucléaire.

Au RN, le fait nucléaire, « ça a jamais été leur tasse de thé »

Pas la première puisque Tarahoi avait déjà adopté, voilà plusieurs années, une résolution unanime sur la reconnaissance du fait nucléaire, finalement inscrite dans la loi organique en 2019. Ou plus récemment, une résolution pour pousser la France à adhérer au Traité sur l’interdiction des armes nucléaires, qui comporte un article sur les victimes et les dégâts environnementaux. Pas plus tard que ce mardi, la représentante Tavini Hinamoeura Morgant-Cross a déposé une proposition de résolution pour redéfinir le fait nucléaire dans la loi organique

Mais pour le père Auguste, il s’agirait cette fois d’affirmer une demande « ferme » et si possible « unanime » de la classe politique locale pour faire évoluer le cadre législatif des indemnisations. À savoir la loi Morin. « On a un regard sur plus de 600 personnes qu’on a accompagné, sur les freins actuels, sur la façon dont les choses peuvent évoluer, ce qui permettrait aux choses de ne pas rester à ce stade, détaille-t-il. On sait que changer une loi ça va pas être pour demain, mais il nous faut une résolution sur le fond. »

Une résolution qui serait d’après le responsable d’autant plus nécessaire qu’il pèse une certaine « incertitude » sur la politique nationale en matière de nucléaire dans les prochains mois et les prochaines années. La perspective d’une arrivée au pouvoir du Rassemblement National inquiète-t-elle 193 ? Le fait nucléaire, malgré les promesses d’indemnisations dans la campagne locale du Te Nati, « c’est pas leur tasse de thé », répond le prêtre militant, « en tout cas, on sait qu’il y a d’autres choses qu’ils veulent mettre en avant plus que cette histoire-là ». « C’est pour ça qu’on a besoin d’une parole forte, qui pourrait donner un socle, quel que soit le devenir en métropole », précise le président de l’association, qui s’inquiète aussi, au passage de l’avenir de la commission d’enquête sur le nucléaire, qui sera difficile à réactiver. L’idée d’une résolution de l’assemblée sur la loi Morin, exprimée par d’autres acteurs de la lutte anti-nucléaire, aurait été « très bien accueillie » par Tony Géros.

Gare à la « léthargie »

Auguste Uebe-Carlson et les autres cadres de 193 ont aussi été reçus ce mardi matin au Haut-commissariat, à qui il est demandé d’être « plus transparent » sur « le rôle des associations », et notamment la leur, dans les procédures d’indemnisations. « On entend aussi le Haussaire parler à la télé des 600 dossiers de demandes enregistrés, sans préciser que beaucoup sont ou vont être refusés, reprend le président du collectif. Nous on veut que les choses soient bien claires. »

Du côté de la présidence, les discussions ont porté sur les demandes de « retour » de certains documents détenus par l’État, notamment les anciens registres des cancers. Quant à la centaine de militants, le message était clair : la remobilisation : « On a voulu dire à tous les sympathisants qu’il fallait pas tomber dans une certaine lethargie, il faut continuer. Et c’est une parole qu’on veut aussi adresser aux futurs députés, reprend le Père Auguste. Mereana on sait ce qu’elle a fait, mais par exemple Moerani (Frébault, ndr), ça a été très léger son discours sur le nucléaire ». 

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