Une semaine après la clôture du 137e synode de l’EPM, le parti d’Édouard Fritch a tenu à répondre à plusieurs prises de position politiques de l’église, qui promeut l’indépendance du fenua et se montre très critique vis-à-vis de l’action du gouvernement.
Des réflexions théologiques, mais pas seulement. L’Église protestante Maohi a tenu, du 24 au 31 juillet, son 137e synode, marqué comme chaque année par des réflexions très large sur la société polynésienne et des prises de position politiques. Après avoir accusé l’Etat « d’esclavagisme » du peuple polynésien en 2021, l’EPM et son président François Pihaatae ont encore une fois mis au centre de ses recommandations la pleine souveraineté prônant la fondation d’un « gouvernement maohi« , toujours au nom de la volonté divine. Mais ça n’est pas directement sur cette aspiration à l’indépendance, bien ancrée dans l’idéologie de l’EPM, que le Tapura Huiraatira a voulu répondre. Dans un communiqué diffusé sur Facebook, le parti rouge s’est surtout focalisé sur certaines affirmations factuelles des responsables de l’église lors de ce synode.
Le fait nucléaire au programme… y compris dans les écoles protestantes
À commencer par le sujet du fait nucléaire et de son enseignement, en grande partie refusé par le Pays d’après l’EPM et seulement « saupoudré » dans les écoles pour « endormir les consciences« . « C’est à l’initiative du ministère polynésien de l’éducation qu’a été développé depuis 2018 un programme, devenu transdisciplinaire, d’enseignement du fait nucléaire », rappelle le parti au pouvoir. Les documents de Moruroa e tatou, que l’église voudrait voir devenir la base de ces enseignements « font partie des ressources exploitées par les enseignants pour traiter du fait nucléaire, mais elles ne sont pas les seules », pointe le communiqué qui précise que cet enseignement « est également au programme des écoles protestantes ».
Le solde migratoire toujours négatif
Autre correction au sujet de l’immigration et de l’idée, développée par l’EPM, « que le gouvernement aurait instauré un dispositif pour le contrôle des naissances et pour favoriser l’arrivée de personnes extérieures à la Polynésie ». Une affirmation dénuée de sens pour le Tapura, qui explique que le Pays « a tout intérêt à promouvoir la natalité », et le fait via les allocations familiales notamment. Pourtant, la natalité des Polynésiens baisse bel et bien mais pour d’autres raisons, insiste le parti : « il apparaît que les nouvelles générations ne souhaitent plus, pour des raisons économiques, sociétales voire culturelles, avoir autant d’enfants que leurs ainés. Cette évolution n’est d’ailleurs pas propre à la Polynésie mais elle touche la plupart des pays ». Quant à la question de la migration, les chiffres de l’ISPF font apparaitre depuis plusieurs années des soldes migratoires négatifs, relève le Tapura.
Le moratoire sur l’exploitation des ressources marines bientôt devant l’assemblée
Le parti prend aussi la défense du gouvernement sur d’autres questions. L’inflation, tirée par les cours mondiaux et le fret maritime, et contre laquelle le Pays a pris « un ensemble de mesures-bouclier« . Ou encore les emprunts à l’Etat, interprétés comme un acte supplémentaire de soumission à Paris par l’Eglise, et jugés nécessaires par les rouges pour sauver le modèle sociale et relancer la machine économique : « Sans ces financements, la crise économique aurait été bien plus grave et des milliers de Polynésiens se seraient retrouvés à la rue ». L’idée que les remboursements de ces emprunts « n’entraîneront aucune conséquence sur l’élévation coût de la vie » reste à vérifier : ils ne débuteront qu’en 2023 et 2024.
Enfin, le communiqué revient sur l’exploitation des océans, thème de débat phare du côté du Tavini ces derniers mois, et qui a là aussi fait l’objet d’accusation à l’encontre du Pays et de l’Etat au 137e synode. « C’est bien aux élus de ce Pays qu’il appartiendra de décider, en temps utiles, de ce qu’il convient de faire pour valoriser la ZEE assure le Tapura, même si la réalité du droit concernant les ressources maritimes est plus complexe, et que les décisions sont partagées entre le Pays et l’Etat. Le président Fritch est favorable à un moratoire sur l’exploitation minière des fonds sous-marins. Il proposera très prochainement un texte à l’adoption de l’Assemblée de la Polynésie française confirmant ce moratoire«