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Nucléaire : l’Ican pointe « l’irresponsabilité des gouvernements » dans le processus d’indemnisation

À la veille du 2 juillet, la branche française de l’Ican (Campagne Internationale pour abolir les armes nucléaires), un regroupement d’ONG lauréat du prix Nobel de la paix, qualifie de « honte » la politique des différents gouvernements français, au sujet du traitement des demandes d’indemnisation des victimes du nucléaires, alors que le dernier rapport du Civen vient de paraître. 

Depuis la mise en application de la loi Morin en 2011, le Civen (Comité d’indemnisation des victimes des essais nucléaires) traite les dossiers envoyés par des militaires, des travailleurs civils et par la population polynésienne et algérienne, confrontés aux 210 essais nucléaires opérés par la France entre 1960 et 1996 (dont 193 au fenua, le premier étant commémoré ce mardi).

Au cours deS douze dernières années, 2 846 dossiers ont été déposé sur le bureau du Comité, pour 1 026 personnes reconnues comme victime. « Une honte », pour la branche française de l’Ican, une campagne qui milite pour l’abolition des armes nucléaires. Alors que le dernier rapport du Civen fait état d’une hausse des demandes, « ces chiffres reflètent la mauvaise volonté des gouvernements successifs de reconnaître la réalité des conséquences des 210 essais nucléaires réalisés par la France au Sahara algérien et en Polynésie française », écrit l’ICAN.

Pour Jean-Marie Collin, le directeur de l’Ican France, « les gouvernements français n’ont pas travaillé depuis la mise en application de la loi Morin, il n’ont pas donné de vraies instructions politiques pour que les populations puissent pleinement déposer des dossiers et savoir s’ils sont victimes ou non des essais. »

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Il pointe notamment la question des victimes algériennes, « totalement écartées et oubliées », alors que l’Ican estime à 40 000 le nombre de personnes exposées aux retombées radioactives dans le Sahara. Tout en évoquant, à l’inverse, le travail du haussariat et du Pays, avec la mission « Aller vers », « qui souligne l’importance du travail de sensibilisation et d’aide auprès des populations impactées, qui n’a pas été effectué jusqu’à présent et qu’il serait de la responsabilité de l’État d’amplifier ».

Étendre la liste des maladies et relancer une commission au plus vite

Dans l’immédiat, l’Ican France demande notamment l’ajout de nouvelles maladies radio-induites à la liste des 23 déjà reconnues par la loi, notamment celles qualifiées de « hors décret », qui excluent chaque année une partie significative des demandeurs.

L’organisation s’alarme aussi de la disparition de la Commission d’enquête parlementaire, tombée à l’eau au moment même où la dissolution de l’assemblée Nationale a été prononcée. « Initiée par la députée polynésienne Mereana Reid-Arbelot en mai 2024, la commission démontré à travers les premiers témoignages, ce que l’on retrouve dans ce rapport d’activité du Civen : l’irresponsabilité des gouvernements et le manque de considération de toutes les victimes. Il est impératif que soit créé une nouvelle commission d’enquête, et ce, quelle que soit la majorité gouvernementale ! » martèle Jean-Marie Collin.

Pour le cadre militant, « il est temps de mettre les moyens politiques, de donner des moyens financiers au Civen, peut-être augmenter son nombre d’équipes, pour pouvoir travailler plus, sur plus de dossiers. Il est temps, répète-t-il, de le faire, car on parle de personnes humaines, avec des drames derrière et on ne peut pas les faire attendre des dizaines d’années ».

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L’Ican ne compte pas relâcher la pression sur le sujet, quand bien même il est difficile de faire entendre sa voix dans un pays qui n’a pas ratifié le traité sur l’interdiction des armes nucléaires. « Si le sujet arrive en Métropole, c’est parce que notre organisation, ou d’autres comme l’Observatoire de l’armement, font des actions de plaidoyers. Il y a aussi quelques parlementaires comme Mereana Reid-Arbelot ou représentants locaux comme Hinamoeura Morgant-Cross, qui font entendre leurs voix sur le plan national et international, mais encore une fois, il faut que ce sujet soit pris à bras le corps par le futur gouvernement français », plaide-t-il.

À l’échelle locale, l’association Moruroa e Tatou organise une grande marche, ce mardi 2 juillet, pour commémorer le premier essai français au fenua. Plusieurs cortèges convergeront vers le parc Paofai, où le nouveau bureau veut attirer de nouveaux militants. Un autre évènement est prévu, cette fois au haussariat et à l’initiative du père Auguste, qui a appelé les militants, sympathisants et familles suivies par l’Association 193 à se réunir pour un « sit-in ».