Moruroa e tatou en collaboration avec l’Église protestante maohi organisait ce mercredi matin une conférence de presse pour annoncer un grand rassemblement des anciens travailleurs de Moruroa ce samedi. Leur objectif : trouver des témoignages de familles pour que leurs préjudices soient reconnus et indemnisés.
Moruroa e tatou veut désormais s’occuper des préjudices subis par les familles polynésiennes victimes du nucléaire et plus seulement des travailleurs et leurs ayants-droits. Un rassemblement des anciens travailleurs de Moruroa, de leur famille mais aussi de tout ceux intéressés de près ou de loin par le nucléaire est organisé ce samedi, à 8h, à la paroisse protestante de Arue. Leur idée : trouver des familles prêtes à témoigner de ce qu’elles ont vécu, perdu, et ce qu’elles continuent à affronter, pour s’exprimer lors de manifestation du 2 juillet prochain qui commémore la date du premier essai. « Jusqu’à aujourd’hui, la France ne reconnait pas les familles de Maohi Nui comme des victimes des essais, explique Mitema Tapati, le vice-président de Moruroa e tatou. Elle ne prend en compte que les anciens travailleurs, et encore, au compte-goutte, mais ne reconnait pas le préjudice subi par les familles de ces anciens travailleurs. » Comme l’explique la pasteur François Pihaatae, président de l’Église protestante maohi, « il vaut mieux que ce soit les familles qui parlent plutôt que nous, cela donnera plus de poids ».
Me Neuffer, l’avocat de l’association, précise qu’effectivement la loi ne prévoit pas d’indemniser les victimes collatérales pour leur propre préjudice, alors que c’est prévu dans d’autres cas comme les accidents de la route ou l’amiante. L’avocat souhaite également trouver un moyen de faire « sauter le verrou » du terme. La date limite à partir de laquelle aucune demande d’indemnisation ne sera plus possible. En effet, si la personne est décédée avant la promulgation de la loi de finances du 28 décembre 2018 pour 2019, la demande doit être présentée par l’ayant droit avant le 31 décembre 2021(Mais si la personne décède après la promulgation de la même loi, la demande doit être présentée par l’ayant droit au plus tard le 31 décembre de la troisième année qui suit le décès). De manière générale, « les manœuvres procédurales minent le courage des victimes ou de ses ayants-droits ». Me Neuffer prend pour exemple une procédure commencée en 2009 qui vient de s’achever définitivement cette année. « Et c’est un des rares cas où la personne est encore vivante. »
Concernant la proposition du Président Emmanuel Macron sur l’organisation d’une « table ronde de haut niveau » sur le nucléaire, pour le mois de juin 2021 à Paris, Moruroa e tatou n’y participera pas. « Ce n’est plus le moment de discuter, la vérité est là, il faut passer à l’action et indemniser les familles touchées. Ce n’est pas la peine de participer, de faire des blablas encore. Et puis on ne veut plus être rouler dans la farine », explique le pasteur François Pihaatae.
Mais ce n’était pas forcément la position de Me Neuffer qui voyait en cette table ronde, l’occasion de justement aborder le sujet de l’indemnisation des familles. Même petite gêne sur le vaccin anti-Covid qui était à l’ordre du jour de la conférence de presse sans que personne ne comprenne vraiment pourquoi. Michel Arakino et le pasteur François Pihaatae précisent tout de suite qu’ils sont là pour parler du nucléaire et pas du vaccin. Mais Mitema Tapati tenait visiblement à exprimer sa peur d’une future obligation vaccinale. Une annonce qui a laissé le reste de l’association silencieuse, se gardant bien d’en rajouter.