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Nucléaire : pour le président du Civen, l’association 193 « tord la réalité »

Une très détaillée « Réponses aux allégations de 193 » a été diffusée ce jeudi par les services du Haut-commissariat. Le président du comité d’indemnisation des victimes des essais nucléaires, Alain Christnacht y regrette « l’offensive » de l’association à l’encontre de l’organisme et accuse ses responsables, dont le père Auguste, de « tordre la réalité », entre autres sur la question de l’irradiation prénatale. Le responsable prend, au passage, la défense de la sénatrice Lana Tetuanui.

Nouvelle passe d’armes entre Tahiti et Paris sur le dossier des indemnisations du nucléaire. Les responsables de l’association 193 avait une nouvelle fois sonné la charge, hier, contre le Civen, comité chargé par la loi Morin d’instruire les dossiers d’indemnisations. Au cœur des critiques, le rapport annuel, diffusé voilà quelques semaines et qui, selon l’association, chercherait à cacher les mauvais chiffres des indemnisations. Pour répondre, Alain Christnacht puise justement dans les données du rapport : « Six fois plus de personnes résidant en Polynésie ont été reconnues [ces deux dernières années] que lors des huit années précédentes », écrit-il. Des chiffres qui n’avaient pas convaincu le collectif mené par le père Auguste Uebe-Carlson, qui relevait que les acceptations de dossiers étaient plus nombreuses en 2018 qu’en 2019. Aucun doute, « l’amendement Tetuanui » a défavorisé les victimes. L’association en profitait d’ailleurs pour attaquer, en pleine campagne pour sa réélection, la sénatrice Lana Tetuanui, à l’origine de cet amendement qui inscrit dans la loi le principe d’une dose minimale de radiation, le fameux millisievert.

Au secours du millisievert et de Lana Tetuanui

« 193 ne comprend pas ou fait semblant de ne pas comprendre que la règle du 1 mSv s’appliquait déjà en 2018, répond le président du comité. Le Civen l’a appliquée dès le début de 2018 et l’amendement rapporté par Mme Tetuanui, au nom de la commission crée par la loi Erom, n’a fait que valider ce critère ». Alain Christnacht prend soin de rappeler que la sénatrice, alors présidente de la commission, avait déposé son amendement « en même temps que celui du Gouvernement » et que ladite commission comprenait six parlementaires dont Nicole Sanquer et Moetai Brotherson en plus des experts scientifiques et juridiques. Surtout, il insiste sur le fait que « c’est bien le 1 mSv qui est responsable de l’augmentation considérable du nombre de demandes admises en 2018 comme en 2019 ». La variation entre ces deux années serait simplement « dû au calendrier des séances ».

Aux accusations de valider certains dossier pour de simples raisons de communication, Alain Chrisnacht ne répond pas réellement, mais dément en revanche toute « logique économique » dans ces choix. « Le CIVEN a disposé pour 2019 comme pour 2020 d’un volume de crédits suffisants, assure son président. Pour 2019, d’ailleurs, les crédits prévus initialement en loi de finances ont été augmentés à l’initiative de Mme Tetuanui, sur la recommandation de la commission qu’elle présidait ».

L’exposition in utero, « rien de révolutionnaire »

Impossibilité d’indemniser tous les cancers de Polynésie, nécessité d’un critère pour faire travailler les experts, reconnaissance internationale du seuil choisi, indépendance des membres du Civen… Après plus de trois ans à la tête du comité, les réponses d’Alain Christnacht sont aussi bien huilées que les attaques de 193. Mais le conseiller d’État a aussi voulu commenter la « révélation explosive » de l’association. Le Père Auguste a en effet annoncé, hier, que des décisions prises en juin par le Civen reconnaissaient la possibilité d’une irradiation prénatale à deux polynésiennes quadragénaires victimes d’un cancer du sein. « 193, qui soutient qu’il existe une transmission transgénérationnelle des maladies, tente d’introduire un doute », écrit Alain Chrisnacht qui estime que, là encore, l’association « confond, ou fait semblant de confondre ».

L’exposition in utero – « lorsque le fœtus a pu être contaminé par les rayonnements du fait de la présence de la mère dans une zone et à un moment où la dose de rayonnements pouvant être supérieure à 1 mSv » – n’aurait, selon lui, « rien de révolutionnaire ». Même si c’est bien la première fois que le Civen admet ce cas, il s’agit d’une situation où « la mère n’a rien transmis », insiste Alain Christnacht : « le fœtus a pu être irradié lors de sa présence in utero ».

Le Civen n’a en revanche en aucun cas reconnu une « transmission intergénérationnelle », situation dans laquelle « des rayonnements provoque une modification des gamètes, du père ou de la mère, entraînant un risque de cancer transmissible à la descendance, alors qu’aucune prédisposition héréditaire n’existait avant ce rayonnement ». Ce type de transmission n’aurait selon lui été démontré « par aucune étude », « y compris sur les quatre générations de survivants d’Hiroshima ». Quand le Père Auguste répète que « de plus en plus de scientifiques reconnaissent cette possibilité », le président du Civen admet seulement que « les études se poursuivent », notamment sur les vétérans des essais en Australie : « il faut des études longues sur plusieurs générations pour être affirmatif ».

Nouvelle analyse sur le cas de deux sœurs

Enfin, Le Civen est régulièrement accusé de ne pas pouvoir justifier ses refus de dossiers. Et 193 tient un exemple intriguant avec les cas « identiques » de deux sœurs dont les demandes ont été accepté pour l’une et rejetée pour l’autre. « Chaque dossier est distinct, même si deux demandes présentent des ressemblances » argumente Alain Christnacht. Qui visiblement, est lui même troublé par cette comparaison : « Je demanderai au CIVEN de faire un examen comparatif des deux dossiers mentionnés pour examiner s’il y a eu incohérence entre ces deux décisions, compte tenu du signalement que fait l’association 193 ».

 

Droit de Réponse du président du Civen, Alain Christnach, à 193 by CharlieRéné on Scribd

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