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Nucléaire : le Tavini appelle à ne pas se laisser « amadouer »

Alors que l’État et le Pays discutent à Paris, le parti indépendantiste organisait ce jeudi sa propre table ronde sur le nucléaire. Elle a rassemblé des personnalités locales et quelques soutiens et universitaires internationaux. À la veille d’une mobilisation dans les rues de Papeete, l’objectif est surtout de ne pas laisser le champ libre aux autorités sur le dossier.

Alors que sont réunis à Paris des représentants de l’État, d’organismes scientifiques, du Cesec ou du Pays, censés, sur deux jours, « mettre tout à plat » sur les conséquences du nucléaire au fenua, le Tavini a tenu sa propre table ronde, ce matin. Le rendez-vous a beau avoir été animé depuis les locaux du parti indépendantiste à Faa’a, il se veut « international ». « Planétaire », même. La « table ronde de Tavararo » a il est vrai rallié, en plus des cadres du parti et des collectifs et personnalités locales de la lutte anti-nucléaire (Église protestante Maohi, 193, moruroa e tatou, Fape…) quelques invités internationaux. Étaient notamment conviés Stéphanie Mills, militante anti-nucléaire et syndicaliste néozélandaise, le Pr. Vijay Naidu, de l’université du Pacifique sud de Fidji, le Pr. Jenik Radon, de l’université américaine de Columbia ou encore Maureen Penjueli, cadre de Greenpeace en Australie et coordinatrice du Pang, une ONG spécialisée dans les questions de justice économique et d’autodétermination des peuples dans le Pacifique.

« Le roi et ses vassaux » à Paris
Des figures familières pour le parti bleu ciel, qui a surtout voulu, par cette visioconférence, dénoncer la démarche entreprise entre l’État et le Pays, qui n’aurait comme seul but de « communiquer », de « faire oublier », plutôt que de « chercher la justice et la vérité ». « Il fallait trouver quelque chose pour amadouer, calmer un peu les esprits après la parution de Toxique, rappelle Oscar Temaru qui en a profité pour remercier les auteurs de l’ouvrage, Sébastien Philippe, et Tomas Statius. Quand on parle de crimes contre l’humanité, la table ronde doit être planétaire ». Et surtout pas une « table verticale », « où il y a le roi et ses vassaux ».
La stratégie du Tavini n’a donc pas changé : traiter la question du nucléaire par des discussions « multilatérales », « sous l’arbitrage des Nations-Unies« . Continuer cette démarche, entamée depuis plusieurs années, est d’ailleurs la principale conclusion des échanges par visioconférence de ce matin. Si le Tavini ne veut pas laisser à l’État ou à la présidence du Pays le champ libre sur la question du nucléaire, c’est aussi pour réaffirmer sa vision de l’histoire des essais, « la vraie, celle qu’on veut cacher par la raison d’État ». « La France n’avait pas le droit de faire ça dans un si beau pays, dans notre Pacifique (…) et c’est scandaleux parce que la France avait été prévenue » des conséquences, reprend le leader indépendantiste. « Ils l’ont fait par soucis d’hégémonie uniquement », insiste l’ancien président du Pays, raillant « l’argument de la force de dissuasion », « blague qui continue jusqu’à aujourd’hui avec les Rafales ».
Après les discussions régionales, place à la mobilisation locale, ce vendredi dans les rues de Papeete. Comme 193 ou Moruroa e tatou, le Tavini appelle à manifester ce 2 juillet, date du 55e anniversaire du premier essai, Aldébaran. Mais la grande mobilisation, lancée sous le slogan « Ma’ohi Lives Matter », aura lieu le 17 juillet, pour commémorer le tir Centaure, qui aurait eu des retombées sur l’ensemble des îles de la Société. « Le combat continue », résume Anthony Géros, vice-président du parti. Et ce même si « les travailleurs de Moruroa sont aujourd’hui presque tous disparus » :

À noter que Gaston Flosse, qui assurait hier sur TNTV « Ne pas avoir menti » sur les essais, mais seulement « répété ce qui m’a été dit”, a annoncé qu’il participerait lui-aussi à la mobilisation du 2 juillet. « C’est une nouveauté ça, c’est très bien !, ironise Oscar Temaru. Ce sont ces gens là qui nous traitaient de fou quand on marchait dans la rue à l’époque pour dénoncer les mensonges de l’État ». 

 

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