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Nucléaire : un 2 juillet « tourné vers la jeunesse » plutôt que vers les élections


Pour sa traditionnelle mobilisation du 2 juillet, date de commémoration du premier essai français au fenua, Moruroa e Tatou prévoit un grande marche. Plusieurs cortèges convergeront mardi vers le parc Paofai, où le nouveau bureau veut attirer de nouveaux militants. L’Église protestante maohi sera bien sûr au centre de l’évènement, mais les politiques, eux, bien que bienvenus, seront « interdits de micro », « pour ne pas que le combat soit repris à leur compte » dans cet entre deux tours législatif.

Une « jeunesse éclairée », prête à « reprendre le flambeau » de ses aînés et à « décoloniser la pensée ». Voilà comment se présente les nouveaux responsables de Moruroa e Tatou, dont les instances ont été entièrement renouvelées en août 2023. Après Roland Oldham et Hiro Tefaarere, c’est un jeune militant de 29 ans, Tevaearai Puarai qui assure la présidence de l’association anti-nucléaire liée et financée par l’Église Protestante Moahi. Mobilisation en ligne, communication vidéo sur les réseaux sociaux, QR-Code pour les dossiers de presse… Les outils du collectif ont évolué ces derniers mois, mais le message n’a pas changé : « pardonner, ce n’est pas oublier », répète le jeune responsable originaire de Moorea, qui veut participer à la « guérison durable » d’un peuple maohi « qui a sombré du côté obscur pendant tant d’années ». Il dit avoir accompli, avec la nouvelle équipe, un « travail colossal » en près d’un an, récompensé en cours de route par un Pacey Award, prix international qui distingue des jeunes engagés pour la « Paix, l’abolition du nucléaire et le climat ».

Inviter les jeunes à « donner leur vie » pour le combat anti-nucléaire

Moruruoa e tatou est toujours engagée pour que « vérité et justice se fasse » autour du fait nucléaire, milite pour une réforme de la loi Morin dont les « manipulations » « n’arrangent que ceux qui ont commis le crime ». Ou pour une indemnisation « automatique » des victimes et leurs ayants droit, bien au delà des 23 cancers potentiellement radio-induits listés par la loi, puisque les responsables de l’association et de l’EPM expliquent sans détour que « toutes les maladies que l’on connait aujourd’hui peuvent être induites par les essais ». Mais la priorité est surtout à la remobilisation de la jeunesse sur ce combat.


Plusieurs dizaines de militants viennent par exemple de terminer un séminaire de formation et de discussion d’une semaine dans lequel une douzaine d’invités – juristes, élus ou scientifiques, pour certains venus du Japon – ont animé les discussions. De quoi leur « redonner confiance » pour les encourager à s’engager. « C’est un travail que nous avons fait tout au long de la semaine, pour qu’ils comprennent que l’engagement anti nucléaire, pour la vérité et la justice, c’est un engagement entier, reprend Tevaearai Puarai. On donne clairement sa vie, comme Hiro l’a fait, Pouvanaa l’a fait, on donne sa vie pour ce combat. C’est ce qu’on tend à inspirer aux jeunes ».

Nucléaire dans les programmes : « volonté réelle » ou « manipulation » ? 

Mais le premier grand rendez-vous du jeune président aura bien lieu ce mardi 2 juillet, date de commémoration d’Aldébaran, premier essai nucléaire de la France à Moruroa en 1966. La marche, qui mobilise chaque année plusieurs centaines de personnes, principalement au sein des paroisses de l’EPM, est plutôt rôdée. Cette fois encore les districts de Tahiti et Moorea seront répartis en trois cortèges, partant à 8 heures de la gare maritime, de la mairie de Papeete et du stade Willy Bambridge, pour converger sur l’avenue Pouvanaa puis au jardin de Paofai, juste en face du siège de l’église. L’association compte bien, là encore, faire souffler un vent de jeunesse sur cette marche, qui sera suivie de prises de paroles militantes et religieuses, de chants et de prestations sur le thème de cette année – « le don, c’est la vie du peuple » – puis d’un grand repas partagé.

En revanche, les politiques, s’ils sont les bienvenus à la marche – beaucoup d’élus s’y font voir, du côté indépendantistes, mais pas seulement : Gaston Flosse s’y était aussi aventuré en 2021 -, n’auront pas le droit au micro. Une façon d’éviter toute récupération dans cette campagne d’entre-deux-tours législatifs où le nucléaire tient une place importante, et de manière  beaucoup plus consensuelle que par le passé. Pas pour déplaire à l’association, « étonnée et pas si étonnée que ça » de l’accord quasi – général sur la lutte pour les indemnisations ou la poursuite des études scientifiques. « Pour nous, tant que cette volonté de mettre en avant le fait nucléaire dans leur combat, c’est une volonté réelle et pas une manipulation, tant mieux, pointe Tevaearai Puarai. Mais qu’ils le fassent ou pas, l’association continuera son combat ».

193 préfère rester assis

À Moruroa e Tatou, on aime répéter que le combat anti-nucléaire « ne doit pas être limité à une association ou une religion ». Et pourtant, comme les années précédentes, aucune discussion n’a eu lieu avec les militants de 193 pour coordonner une mobilisation commune pour ce 2 juillet. « Ils sont tous invités, comme Tamarii Moruroa », assure Tevaearai Puarai. Mais au moins deux évènements distincts devraient bien avoir lieu : le Père Auguste a appelé les militants, sympathisants et familles suivies par 193 à se réunir entre le Haut-commissariat et le monument aux morts pour le « sit-in » habituel, entre 5 heures et midi.

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