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Nucléaire : une tentative de dialogue de l’État vers les habitants des Tuamotu-Gambier

Une délégation de 6 personnes menée par le haut-commissaire et le tavana hau des Tuamotu-Gambier a effectué une tournée de deux jours pour s’entretenir avec les populations des îles de Takapoto, Reiao, Tureia puis enfin Mangareva au sujet des essais nucléaires. Au cœur des échanges avec les habitants des Gambier : les enjeux liés aux dossiers d’indemnisation Civen, dont la date limite de dépôt concernant les ayants droit a été fixée au 31 décembre 2021.

 « La vérité, on nous la doit ! »  « Il faut démythifier le nucléaire et clarifier les impacts réels des essais sur les populations ! » : telles étaient en substance certaines des premières prises de parole de l’assistance ce mardi 1er juin à la mairie de Rikitea. Comment mieux expliquer le fait nucléaire et ses conséquences aux populations concernées ? Quels moyens mettre en œuvre pour leur accorder davantage d’écoute et de considération ? De quelle manière les accompagner efficacement dans les procédures de demande d’indemnisation ? Y a-t-il encore aujourd’hui des conséquences avérées sur la santé et l’environnement ? Car rappelons que les Gambier constituaient à l’époque du CEP la base arrière de Moruroa, et qu’elles ont été particulièrement touchées par les retombées radioactives des tirs.

Un déplacement au sujet du nucléaire pour cerner et recueillir les attentes des habitants

Une centaine d’habitants des Gambier était réunis ce soir-là dans le village principal des Gambier, à l’appel de l’équipe municipale, pour être entendus par la délégation d’officiels venue sur place pour ouvrir le débat sur nucléaire. « Si le déplacement était prévu de longue date, il avait été décalé à cause de la crise sanitaire, explique le haut-commissaire Dominique Sorain, accompagné du tavana hau Frédéric Sautron, chef de la subdivision administrative des Tuamotu-Gambier. Aujourd’hui, je ne porte aucun message, nous venons à la rencontre des populations de ces îles pour entendre leurs attentes et porter leur message dans le cadre d’une table ronde prévue à Paris fin juin avec Emmanuel Macron. Il faut absolument libérer la parole et ouvrir le dialogue avec les habitants lors d’échanges directs.« 

©HCPF

Lors de leur passage qui marquait la fin d’une tournée de deux jours aux Tuamotu-Gambier, après les îles de Takapoto, Reiao et Tureia, les deux officiels étaient eux-mêmes accompagnés de trois représentants du monde médical, militaire et scientifique, dont le médecin du Centre de suivi médical Philippe Jarzuel, un conseiller nucléaire et un membre de l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN). Si ces deux derniers n’ont quasiment pas pris la parole de la soirée, le médecin du CMS, quant à lui, a tenté, avec difficulté, de vulgariser des points techniques relevant du médical.

Mais comment répondre avec acuité aux inquiétudes des habitants et à leurs difficultés ? Après des décennies d’interrogations sur le nucléaire en Polynésie française, comment désamorcer à présent des questionnements auxquels la science n’a pas encore apporté de réponses ? Le médecin affirmera en tout cas que dans d’autres contextes nucléaires, la transmission intergénérationnelle des maladies radio-induites  n’a pas été prouvée.

Anxiété, souffrance et doléances exprimées

Pourtant, les différents témoignages des habitants exprimaient des peurs et colères réelles et anciennes liées à des taux élevés de problèmes thyroïdiens sur l’île, à l’absence de compensations économiques destinées spécifiquement à l’archipel, ou encore au manque de transparence lors d’un refus d’indemnisation suite au dépôt d’un dossier Civen. Certains membres de l’association 193 présents demandaient également le retrait de la date du 31 mai 1998 relative aux ayants-droit. Quant à la date-limite de dépôt des dossiers au 31 décembre 2021, celle-ci a également été largement contestée, la population demandant son report.

Si les officiels étaient à l’écoute, l’impression générale était plutôt au décalage entre les deux parties. Cette réunion, attendue de longue date par tous, mais relayée relativement récemment par la commune, aurait pu être l’occasion d’ateliers de préparation en amont. Il aurait par exemple été intéressant de constituer un véritable cahier de doléances à remettre aux autorités.

Il n’empêche que si les résultats de cette réunion ne semblent pas avoir été clairement concluants, la population semblait reconnaissante et satisfaite de ce déplacement officiel inédit : ce mois de juin 2021 marquera la toute première fois qu’un haut-commissaire se rendait aux Gambier pour parler du nucléaire. Quant au sujet de l’accompagnement des populations sur la question des dossiers Civen, verdict lors de la table ronde sur le sujet du nucléaire à Paris en juin, avec en perspective les préparatifs de la venue envisagée du Président de la République sur le territoire en juillet prochain.

Au nouveau complexe sportif ©Commune des Gambier

©Vaea Deplat

La délégation a profité également de son séjour pour visiter la nouvelle école primaire Maputeoa, financée en partie par l’État, ainsi que le nouveau complexe sportif. Le haut-commissaire a également pu apprécier l’avancée des grands projets en cours à Mangareva : la route ainsi que les travaux du quai.

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1 Commentaire

  1. Francois BAUER
    4 juin 2021 à 8h14 — Répondre

    Il ne pourra jamais y avoir d’accord dans la mesure où les deux entités s’opposeront en permanence. La solution passe par un arbitrage international…

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