Le divorce ne surprendra personne : le sénateur Laurey, qui s’est attiré les foudres de son propre parti en exprimant son désaccord sur les mesures économiques du Pays, a confirmé son intention de démissionner du Tapura Huiraatira.
S’il en doutait encore, ce jeudi matin Nuihau Laurey n’avait plus aucune raison de rester au Tapura Huiraatia. Mercredi après-midi, il s’est rendu au comité de majorité. Sans équivoque, dit-il, on le pousse vers la sortie. « Pousse, le terme est faible, » sourit Nuihau Laurey.
« J’ai expliqué ma démarche et je souhaitais qu’on puisse en débattre, et finalement il n’y a pas eu de débat. On ne m’a pas opposé de vision alternative, on m’a juste dit que dans ce moment-là il fallait suivre le chef, pas de voix dissonante. À la suite de mon intervention le président a indiqué que ceux qui n’étaient pas contents pouvaient prendre la porte, ce que j’ai fait, en étant parfois insulté par certaines personnes. Dans les avions de chasse il y a un système de siège éjectable, on m’a clairement indiqué où se situait le siège. »
Et c’est d’un air un peu las que Nuihau Laurey confirme qu’il va appuyer sur le bouton. Si on veut filer la métaphore, dans un avion de chasse le siège est éjecté en même temps que le passager, et Nuihau Laurey s’apprête donc, lui et son siège, à prendre place parmi les non-inscrits.
Edouard Fritch ironise sur les « solutions lumineuses »
En attendant, le gouvernement a servi une louche supplémentaire de soupe à la grimace à Nuihau Laurey. Ce jeudi matin à l’assemblée, le président du Pays est intervenu pour dire « effectivement, nous aurions aimé avoir le soutien franc et massif de nos parlementaires et en particulier de nos parlementaires du Tapura Huiraatira et du représentant du CESE », stigmatisant les interventions dans la presse « de gens qui ne connaissent pas l’action menée par le gouvernement pour aborder l’après-confinement » mais qui offrent des « solutions lumineuses ». Le gouvernement avance, a-t-il martelé, « sans esbroufe et sans sortie tonitruante dans la presse. » Nicole Bouteau a par ailleurs précisé la position du gouvernement sur l’emprunt obligataire suggéré par le sénateur Laurey : « Emprunter pour investir, oui, mais emprunter pour financer la trésorerie du Pays dans un contexte de crise exogène, non. »