Nuihau Laurey a souhaité réagir au communiqué du Tapura Huiraatira qui a suivi sa prise de parole sur Radio1. Nous le reproduisons ici dans son intégralité. Le sénateur estime que « dénigrer sa personne et son bilan », « c’est encore une fois se tromper de combat », et rend coup pour coup avec une acidité certaine.
« J’ai pris connaissance avec tristesse du communiqué du Tapura du 11 mai 2020.
Au lieu de s’attacher à discuter de ma proposition destinée à soutenir les secteurs économiques durement touchés par la crise, le parti majoritaire choisi de dénigrer ma personne et mon bilan.
C’est encore une fois se tromper de combat. L’ennemi ce n’est pas moi, mais la crise majeure qui nous touche et qui se traduira malheureusement par des milliers de licenciements si rien de consistant n’est rapidement mis en œuvre.
Critiquer l’insuffisance des mesures gouvernementales et en proposer d’autres n’est à mon sens pas un crime, mais une nécessité démocratique.
Me taxer de surfer sur la vague médiatique alors que je n’ai pris la parole qu’une fois depuis mon départ du gouvernement en 2017 relève d’une mauvaise foi pathologique.
S’agissant de mes indemnités, je rappelle qu’elles sont réduites et écrêtées conformément à la loi, contrairement à certains élus qui cumulent jusqu’à trois indemnités sans écrêtement et parfois des revenus professionnels à l’assemblée comme au gouvernement.
Concernant mon assiduité au Sénat, elle est contrôlée trimestriellement depuis 2015, et à ce titre, j’ai été présent chaque trimestre aux commissions des finances obligatoires, nommé rapporteur spécial du budget outremer en 2015, 2016, 2017, 2018 et 2019 (un record de longévité à ce poste), aux séances des questions au gouvernement en séance plénière et aux votes solennels.
S’agissant de mes fonctions de représentant à l’APF, je figure parmi les élus les plus assidus en commission et en séance, tout en assurant mes fonctions à Paris.
J’avoue par contre ne pas être assidu aux selfies à ma gloire et aux commentaires philosophiques sur les réseaux sociaux.
S’agissant de mon bilan d’élu, qui serait nul, je pense objectivement avoir contribué avec d’autres au redressement financier de mon pays, en qualité de vice-président et ministre des finances de Gaston Flosse, puis d’Édouard Fritch, ayant même assuré les fonctions d’ordonnateur que ces deux présidents ne pouvaient exercer.
Le Tapura me reproche d’avoir exercé des fonctions dans le secteur privé. C’est pourtant un avantage et un honneur à mon sens d’avoir exercé de multiples fonctions dans le public et le privé pour pouvoir s’exprimer en connaissance de cause sur les sujets économiques du moment.
Me qualifier enfin de moralisateur public lorsque je préconise une solution possible pour une sortie de crise est pour moi un comble de la morale publique, lorsque l’on connait la longueur des casiers judiciaires de ceux qui viennent aujourd’hui me faire la leçon. Dois-je préciser que le mien est vierge.
S’agissant du soi-disant courage de démissionner de mes mandats, je rappelle à l’auteur anonyme de ce communiqué que c’est le président Édouard Fritch qui m’a demandé de rédiger le programme de gouvernement du Tapura pour les élections territoriales de 2018 et de figurer sur la liste qu’il conduisait.
Le vrai courage dans les moments de crise est d’accepter la critique, de décider, de trancher, d’agir. C’est ce qu’attendent nos concitoyens, particulièrement ceux, nombreux qui sont et seront affectés par cette crise. »