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Nuisances sonores : Te Ora Hau dénonce « le manque de courage politique »

©Te Ora Hau

Samedi,  l’Association Te Ora Hau qui lutte contre les nuisances sonores tenait une conférence de presse pour dénoncer le laxisme qui règne encore lorsqu’il s’agit du bruit. L’association a évoqué certains des quelques 200 dossiers dont elle a connaissance. « Et je ne parle que de ceux qui osent venir s’adresser à nous. La coupe est pleine, » dit le président de l’association Roland Garrigou. Des voitures boum boum aux enceintes portables, en passant par les débroussailleuses, les exemples ne manquent pas.

Alors, nuisances sonores ou version 2.0 de la bringue tahitienne ? Roland Garrigou affirme qu’il ne s’agit plus de la même chose : « La bringue, je la connais depuis toujours et je l’ai faite ! On s’endormait même au son du ‘ukulele ou du kamaka quand on était petit, mais on ne parle pas de la même chose aujourd’hui. D’ailleurs de plus en plus de jeunes intègrent Te Ora Hau. Il y a l’omerta aussi, dans certains quartiers, les gens disent ‘je ne veux pas appeler le 17 parce qu’après ça va me retomber sur le coin de la gueule’ ».

Le parquet dénombrait, en 2018, 18 000 plaintes pour nuisances. « Il faut reconnaître que la justice tape, et tape bien, en ce moment, dit-il. D’autre part la DSP fait du gros boulot aussi, ça je le confirme, mais malheureusement il n’y a pas d’unicité. Il faut que tous les responsables de terrain comprennent que maintenant la tolérance doit être de zéro. »

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L’association avait été reçue par le président du Pays il y a 10 mois, dit Roland Garrigou, mais pour l’instant sans effet. Il regrette que le Pays soit resté sourd à ses suggestions concernant les car bass :

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Autre exemple que donne Te Ora Hau : « Quand vous avez des établissements publics… prenons l’exemple de Atimaono côté mer, où passez-moi l’expression c’est le bordel permanent, pire qu’avant parce que maintenant c’est presque tous les soirs. » L’association cite également un célèbre restaurant du bord de mer à Punaauia, ou encore le complexe de l’OPT à Pirae :

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Te Ora Hau, qui dit avoir contribué à la rédaction de certaines réglementations municipales sur les nuisances sonores, est choquée de voir qu’elles ne sont pas respectées, et cite ainsi Papara, Faa’a ou Punaauia où l’action des municipalités est inégale et incomplète, selon Roland Garrigou. « Il faut que tout le monde prenne ses responsabilités, on n’est pas dans une vaste cour de récréation ! Il faut que les maires se bougent ! J’ai l’impression qu’ils ont toujours peur que ça leur coûte cher électoralement. Je pense que ça leur coûtera plus cher s’ils ne font rien.»

Te Ora Hau compte dans son bureau le Dr Stéphane Amadeo, qui est chargé de compiler des statistiques avec les médecins ORL de Polynésie et d’étudier les conséquences médicales et psychologiques d’une exposition prolongée à ce type de nuisances. Roland Garrigou cite le cas d’un retraité de Hiva Oa, victime du bruit au point d’avoir été évasané deux fois. L’association intervient également dans les collèges pour sensibiliser les plus jeunes aux dangers du bruit, avec un mot d’ordre : fa’atura, le respect.