Le premier tour des élections municipales, c’est dimanche. Un scrutin aux enjeux purement communaux nous dit-on, ce n’est pas si certain. Avec 140 listes et 1929 candidatures au scrutin plurinominal majoritaire, difficile d’interroger tout le monde. La rédaction de Radio1 a donc choisi de donner la parole à ceux pour qui ce scrutin revêt d’autres enjeux: les trois groupes représentés à l’Assemblée de la Polynésie française. Gaston Flosse, Oscar Temaru et Teva Rohfritsch ont accepté de nous livrer leur vision de cette élection « de proximité » qui servira également à assoir leur position.
Ce jeudi, après Teva Rohfritsch, c’est le leader de l’UPLD qui répond à nos questions. Vendredi, ce sera au tour de Gaston Flosse.
« Quand on a toujours cette conviction d’être au service de sa population, on a pas peur du travail, au contraire c’est un plaisir »
Oscar Temaru, 70 ans cette année, est à la tête du Front de Libération de Polynésie depuis sa création en mai 1977. Mouvement qui deviendra neuf ans plus tard le Tavini Huiraatira No te Ao Maohi.
En 1983, il siège pour la première fois en tant que maire et la commune de Faa’a devient ainsi le fief du parti indépendantiste.
« Il y a un certain nombre d’années, je dirais qu’on était très amateur »
Aujourd’hui Oscar Temaru brigue un 6ème mandat. Mais voilà, à l’ère du 21ème siècle, « il faut se mettre à la page ».
« Le parlementaire le plus pourri, le plus corrompu de notre pays »
Le président du Tavini Huiraatira voit ses adversaires sur Faa’a comme des personnes ayant une bonne volonté, car elles veulent faire avancer les choses. Mais il ne comprend pas comment certains d’entre eux peuvent soutenir encore aujourd’hui son adversaire de toujours qui est Gaston Flosse. Et les mots pour le dire sont durs.
« Comment éradiquer la corruption, c’est cela le cancer de la démocratie »
Pour le chef de file des bleus, la confrontation entre les deux grands blocs politiques n’est pas prête de s’arrêter. L’opposition est nécessaire mais il émet un souhait: « éradiquer la corruption« , sans citer, une fois encore, la cible de sa critique.
« Le maintien du colonialisme est une entrave au développement économique d’un pays, d’un peuple, d’une commune »
Pour Oscar Temaru, le Pays et les communes sont cantonnés dans un cadre où ils ne peuvent se développer, et donc l’avenir, et notamment celui des communes est simple, il passe par la décentralisation.
Un parti unique: « la seule façon pour faire avancer un pays »
L’union pour la démocratie Tapura Amui (UPLD), née en 2003 existe toujours aujourd’hui selon la tête de file du Tavini. Elle est représentée dans beaucoup de communes du fenua. Mais la fusion de tous ces différents partis est difficile car il n’existe pas d’autres solutions que la dissolution de chacun d’eux. Son rêve, un parti unique sur le modèle chinois.
« Il nous faut réhabiliter ce dépotoir, cela fait partie des priorités d’investissement de la future mandature »
Sur le plan environnemental, la commune de Faa’a fait l’objet de nombreuses critiques. Pourtant, Oscar Temaru se voit à nouveau dans son siège de tavana pour y remédier, puisque la réhabilitation de la décharge Tehei à Saint Hilaire et la mise en place d’un CET font parties des priorités de la future mandature.
« C’est comme si on nous amputait d’un des membres de notre corps »
Si en son temps Oscar Temaru, lorsqu’il était au pouvoir, avait préparé la venue d’investisseurs chinois, il se dit opposé aux projets de Atimaono ou du Mahana Beach à Punaauia. Il est vrai que le leader indépendantiste voulait développer l’aquaculture mais pas le tourisme, en tout cas pas de cette manière.
« Ces gens là ont investi dans la presse écrite c’est pour pouvoir avoir les médias en mains, les moyens financiers, le gouvernement, pour faire du totalitarisme, c’est à proscrire »
Quelle est la place des médias dans notre société? Un contre pouvoir pour Oscar Temaru qui s’inquiète de ce que pourraient devenir les deux quotidiens de la place et leur indépendance, s’ils venaient à tomber entre certaines mains « de personnalités pas très fréquentables« .
« Mon principal adversaire politique je le respecte dans sa vision, dans son comportement politique mais… »
Quelles sont les forces et les faiblesses de ses opposants? Oscar Temaru ne parle que de son principal adversaire sans le citer. Un Gaston Flosse, on le comprend, omniprésent alors qu’il n’est pas candidat. Respect des idées mais l’idéologie reprend naturellement le dessus pour le leader indépendantiste.
Entre un candidat qui a tout à prouver et un parti quasi hégémonique au pouvoir, les indépendantistes ne pourront compter que sur leur idéologie et leur cohésion derrière Oscar Temaru pour tenter de conserver des communes conquises au dernier taui lors de la « grande vague bleue ».
Retrouvez l’intégralité de l’entretien dans notre podcast. Oscar Temaru est interrogé par Vaite Urarii Pambrun.
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