PHOTO – A la Maison-Blanche, le président américain ne doit pas uniquement composer avec des dignitaires et autres chefs d’Etat. Chaque Thanksgiving, la tradition veut qu’il gracie une dinde.
Obama, défenseur de la condition animale. Chaque année, c’est la même histoire pour les dindes américaines. L’une d’entre elles, choisie pour sa corpulence, est désignée pour régaler les papilles présidentielles à l’occasion de Thanksgiving, qui tombe le dernier jeudi de novembre. Mais chaque année, la malheureuse élue en est quitte pour une belle frayeur, puisqu’elle est traditionnellement graciée par le président. Une cérémonie étrange, à laquelle n’a pas échappé Barack Obama, qui va donc sauver jeudi sa sixième dinde depuis son entrée en fonction en 2008.
D’où vient cette tradition ? La Fédération nationale des éleveurs de dindes offre en effet une dinde au président depuis l’époque de Harry Truman, après la Seconde Guerre mondiale. L’origine de la tradition est incertaine : si certains assurent que John F. Kennedy fut le premier président à se montrer magnanime lorsqu’un volatile lui a été présenté à la Maison Blanche en novembre 1963, ce n’est que depuis George Bush père, en 1989, que les présidents ont pris l’habitude d’exercer leur « droit de grâce » sur une dinde.
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Un honneur pour les éleveurs. Le président de l’organisation des éleveurs, Gary Cooper, qui possède un élevage à Fort Recovery, dans l’Ohio, est l’homme en vue cette année. Il raconte fièrement comment ses deux fils ont fait neuf heures de route pour amener les deux volatiles, âgés de 21 semaines, à Washington. Son frère, Jim, avait déjà eu cet honneur en 1996, à l’époque de Bill Clinton. « C’est la première fois dans l’histoire que deux frères ont cette responsabilité. Et nous sommes les seuls originaires de l’Ohio », explique-t-il. Quant au sens de ce pardon, « c’est une des nombreuses façons de célébrer Thanksgiving, la famille, la tradition ». Et aussi « une bonne façon de mettre en valeur notre industrie », n’oublie pas d’ajouter l’éleveur.
Suivant un parcours médiatique savamment orchestré, les gallinacés passent deux nuits dans le prestigieux hôtel Willard, dans le centre de la capitale fédérale, avant d’être présentées au président en début d’après-midi. Après un rituel un peu approximatif, ce dernier profite généralement de l’occasion pour souhaiter à tous les Américains un joyeux Thanksgiving, fête familiale par excellence.
Un Thanksgiving végétarien ? L’humoriste John Oliver, qui anime un show hebdomadaire sur HBO, ne cache pas sa perplexité face à « la plus étrange des traditions de Thanksgiving » : un président gracie une dinde « pour marquer un jour férié au cours duquel 46 millions d’entre elles seront mangées ». L’association de défense des animaux Peta a de son côté adressé un courrier à Sasha et Malia, les filles du président Obama, leur suggérant d’organiser cette année un Thanksgiving végétarien, et leur demandant d’user de leur influence pour faire annuler cette pratique « offensante ». « Chaque année, des millions de dindes – animaux sensibles, curieux et loyaux, qui ronronnent même comme des chats lorsqu’ils sont heureux – sont abattues pour un jour férié censé être tourné vers la gratitude », indique le courrier. « Si elles le pouvaient, les dindes imploreraient votre famille de gracier non pas une dinde, mais toutes », ajoute la missive.
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