Washington (AFP) – Barack Obama et ses alliés japonais et sud-coréen ont promis jeudi de se « défendre » contre la menace atomique de la Corée du Nord, lors d’un sommet sur le nucléaire où le président américain a évoqué les sujets qui fâchent avec son homologue chinois Xi Jinping.
En outre, le scénario catastrophe d’un « attentat terroriste nucléaire », au moyen d’une « bombe sale » entre les mains de jihadistes de l’Etat islamique (EI), hante aussi les travaux d’une cinquantaine de dignitaires étrangers réunis jeudi et vendredi à Washington autour de M. Obama pour parler de « sûreté nucléaire ».
Le locataire de la Maison Blanche, qui quittera le pouvoir en janvier, est l’artisan de ce sommet qu’il avait lancé en 2010, un an après avoir exposé dans un discours historique à Prague sa vision d’un « monde sans armes nucléaires ».
Après des années de tractations avec l’Iran, l’administration américaine a réussi en janvier à placer sous surveillance internationale le programme nucléaire controversé de Téhéran. La menace iranienne écartée, Washington s’alarme dorénavant de celle que pose la Corée du Nord, qui contrairement à l’Iran, possède déjà l’arme nucléaire.
Ainsi, au terme d’une réunion tripartite avec la présidente sud-coréenne Park Geun-Hye et le Premier ministre japonais Shinzo Abe, Barack Obama a promis « l’unité » des trois alliés afin de « dissuader et (se) défendre contre les provocations nord-coréennes ». Les trois dirigeants se sont engagés à « mettre en oeuvre les mesures fortes du Conseil de sécurité de l’ONU » prises le 2 mars, c’est à dire l’arsenal de nouvelles sanctions sans précédent contre Pyongyang.
De fait, le climat sur la péninsule coréenne ne cesse de se détériorer depuis le quatrième essai nucléaire de Pyongyang le 6 janvier et le lancement le 7 février d’une fusée, considéré comme un essai déguisé de missile longue portée. Les tensions ont redoublé en raison de manoeuvres militaires annuelles à grande échelle entre les Etats-Unis et la Corée du Sud.
La Corée du Nord menace quasiment quotidiennement Séoul et Washington de frappes nucléaires ou conventionnelles et semble faire fi de la résolution 2270 du 2 mars du Conseil de sécurité.
– La clé nord-coréenne à Pékin’ –
Mais la clé du dossier nord-coréen se trouve à Pékin.
La Chine a bien voté les sanctions de l’ONU, mais les Etats-Unis veulent qu’elle fasse monter la pression sur son allié à Pyongyang pour lui faire entendre raison.
C’est dans cette optique que M. Obama a reçu en tête-à-tête le président chinois.
« Le président Xi et moi-même sommes déterminés à obtenir une dénucléarisation de la péninsule coréenne et la pleine application des sanctions de l’ONU », a martelé M. Obama aux côtés de son invité.
Ce dernier a salué une « coordination et une communication efficaces » avec les Etats-Unis sur la « question du nucléaire coréen ».
Mais sur les nombreux contentieux entre les deux premières puissances mondiales, le président américain a promis des « échanges francs dans les domaines où nous avons des désaccords » comme « les droits de l’homme », le piratage informatique ou les tensions en mer de Chine.
– ‘Bombe sale’ aux mains de l’EI –
Ce dernier sommet sur le nucléaire pour Barack Obama se tient dans le contexte dramatique des attentats de Bruxelles (32 morts et 340 blessés) et dans le sillage d’informations sur une hypothétique attaque « terroriste nucléaire » au moyen d’une « bombe sale » radioactive qui serait fabriquée par des jihadistes de l’EI.
Martelant ce qu’il avait proclamé à Prague en avril 2009, M. Obama a exhorté la communauté internationale à « empêcher des terroristes d’acquérir et d’utiliser une arme nucléaire ». Dans une tribune du Washington Post mercredi soir, le président des Etats-Unis a prévenu que « le groupe terroriste EI » était « le réseau le plus dangereux au monde » et qu’on devait l' »empêcher d’obtenir les armes les plus dangereuses au monde ».
Si très peu d’experts pensent que l’organisation jihadiste puisse se doter d’une arme atomique, beaucoup craignent qu’elle ne s’empare d’uranium ou de plutonium pour assembler une « bombe sale ». Un tel engin ne provoquerait pas d’explosion nucléaire mais la diffusion de radioactivité pourrait avoir de terribles conséquences sanitaires, psychologiques et économiques.
Barack Obama recevait aussi jeudi son homologue français François Hollande. En revanche, le Russe Vladimir Poutine est le grand absent du sommet de Washington.
Enfin, le candidat républicain Donald Trump s’est mêlé au débat en proposant que le Japon, frappé en 1945 par deux bombes atomiques américaines, se dote de l’arme nucléaire contre la Corée du Nord.
Une idée « catastrophique », a taclé la Maison Blanche.