L’assemblée de la Polynésie a voté la baisse de l’amende pour défaut de vaccination : ce sera finalement 50 000 Fcfp au lieu des 80 000 annoncés. Un amendement de dernière minute est venu en réduire le montant, pour préserver l’unité de façade de la majorité menacée par l’amendement d’abrogation de Lana Tetuanui. Qui s’est finalement abstenue, ainsi que Teva Rohfritsch : le texte a été adopté par 36 voix pour et 19 voix contre. Édouard Fritch a laissé entrevoir la possibilité d’une abrogation de la loi, quand le taux d’incidence entamera sa décrue et qu’il sera démontré que la population présente une bonne immunité naturelle.
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Décidément, quand on parle « d’amendement Tetuanui », c’est qu’il y a du souci à se faire. Cette fois, l’élue des Raromatai avait déposé un amendement au texte proposé par le gouvernement, qui réduisait l’amende de 175 000 à 80 000 Francs comme Édouard Fritch l’avait déclaré en décembre dernier ; Lana Tetuanui proposait, elle, de supprimer totalement l’amende, et ni le comité de majorité d’hier ni la réunion du Tapura avant la séance n’étaient parvenus à lui faire changer d’avis.
Elle a immédiatement été contrée par son propre camp, qui a introduit un sous-amendement réduisant à 50 000 Fcfp le montant de l’amende. Suspension de séance à la demande de Lana Tetuanui, et retour quelques minutes plus tard : « Je prends acte de la décision de mes collègues de la majorité, a-t-elle déclaré, tenant à préciser : Je ne suis pas l’objet d’une manipulation quelconque, je sais écouter, je sais regarder. J’aurais au moins eu le mérite de relayer les cris de la rue ».
Relayer la parole de la population, c’est aussi ce que prétend faire le non inscrit Félix Tokoragi : « Nos concitoyens nous disent les gars, arrêtez, vous déc…z !»
Les sept autres amendements, déposés par Nicole Sanquer (« voie sans issue », « mascarade »), le Tavini (« impopulaire et injuste », « usine à gaz ») et le Tahoeraa (« le niveau de tension dans la population est super inquiétant »), ont tous été rejetés par 37 voix du Tapura.
« Encore le temps de régulariser »
La présidente du groupe rouge et blanc, Tepuaraurii Teriitahi, a rappelé que les 38 personnes qui ont déjà reçu une notification du ministre de la Santé « ont encore le temps de régulariser », d’autant que si un recours était déposé contre cette modification de la loi, il donnerait un répit de deux mois supplémentaires. Le dernier amendement examiné était celui de James Heaux, du Tahoeraa, pour étendre aux élus l’obligation vaccinale, son auteur sachant qu’une telle disposition ne tiendrait pas sur le plan de la constitutionalité, mais « c’est le geste qui compte ».
Cet amendement a provoqué deux autres suspensions de séance à la demande de la majorité, qui a eu droit. Mais au retour dans l’hémicycle c’était toujours non, parce que la rédaction de l’amendement concernait les représentants à l’assemblée, les parlementaires et les membres du gouvernement, mais pas les tavana. La majorité maintient que dans son esprit, tous les élus sont concernés même s’ils ne sont pas visés par l’amende, comme l’explique Tepuaraurii Teriitahi.
Au final, le nouveau texte, avec l’amende réduite à 50 000 Fcfp, a été adopté par 36 voix pour et 19 voix contre. Lana Tetuanui, qui pensait encore mercredi matin entraîner quelques-uns de ses collègues du Tapura dans sa rébellion, s’est abstenue. Teva Rohfritsch, pour qui l’alternative est vaccination obligatoire des élus ou obligation pour personne, s’est également abstenu.
Edouard Fritch pose deux conditions à l’abrogation de l’obligation vaccinale
Édouard Fritch a pris l’engagement de supprimer la loi sur l’obligation vaccinale quand deux conditions seraient remplies. La première, que l’immunité naturelle, acquise soit par une infection soit par une vaccination, atteigne 95% de la population. C’est l’étude de séroprévalence que l’Institut Malardé doit rendre la semaine prochaine qui le dira. Deuxième condition, que le taux d’incidence des contaminations amorce sa décrue, un horizon qui pour l’instant est estimé à la 1ère ou 2e semaine du mois de mars. |
L’application de la loi sur l’obligation vaccinale :
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Le point sur la vaccination en chiffres
Édouard Fritch a donné plusieurs indicateurs sur le sujet dans son discours devant l’assemblée.
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