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Ohinerau et Hukerenui Bonnet, docteures en génie civil à la pointe de la biotechnologie

Ohinerau et Hukerenui Bonnet ont obtenu la semaine dernière leur doctorat en génie civil et environnemental de l’Université d’Auckland. Ces sœurs jumelles de Faa’a ont fait leurs thèses sur des techniques de remédiation environnementale grâce à des enzymes et des bactéries. Des recherches pointues, dont les applications ne sont pas pour tout de suite, mais qui portent de grands espoirs. Depuis la Nouvelle-Zélande, elles retracent leur parcours, partagent leurs projets – l’une passe du côté des enseignants dès lundi, l’autre souhaite évoluer dans l’industrie – et encouragent les jeunes filles à devenir ingénieures, un métier qui a besoin de « la perspective des femmes ».

« Groundbreaking research » – des recherches révolutionnaires – c’est ainsi que l’Université d’Auckland qualifiait la semaine dernière les travaux de deux nouvelles docteures tahitiennes en génie civil et environnemental, Ohinerau et Hukerenui Bonnet. La première a étudié des enzymes qui décomposent les matériaux fibreux comme le bois. La seconde s’est consacrée à l’étude de bactéries consommatrices d’hydrogène et capables de convertir le nitrate, un polluant de l’eau, en un gaz inoffensif. « C’est un concept très polynésien de reconnaître que la santé de notre fenua est directement liée à la santé de notre peuple », disait Ohinerau le jour de la remise de son diplôme.

Elles sont nées en 1997 en Nouvelle-Zélande, et leurs parents s’en sont inspirés pour les baptiser. Hukerenui signifie « grande cascade » et Ohinerau est le nom d’une montagne qui tire son nom de Hinerau, la déesse maorie des tornades. Élevées à Tahiti, c’est au lycée Paul Gauguin où elles ont passé leur bac scientifique que les jumelles Bonnet ont décidé de devenir ingénieures. « Je voulais faire un diplôme d’architecte, mais on avait un prof de maths qui nous a conseillé de nous diriger vers le génie civil, parce que ça ouvre des opportunités sur beaucoup de choses et qu’on peut explorer différents domaines. Et comme c’était un prof qu’on aimait beaucoup, on l’a écouté », dit Ohinerau.

Du Bachelor au Ph.D sans passer par la case Master, la voie royale

La décision d’aller à l’Université d’Auckland allait de soi pour les deux sœurs, qui ont la double nationalité française et néo-zélandaise. Elles partent faire leur licence en 2015, et sont intégrées dans le programme Tuakana de l’université qui propose groupes d’étude et mentorat aux étudiants maori et originaires des îles du Pacifique durant leur premier année et même au-delà. « On s’est vraiment senties accompagnées et on tient à les remercier. »  Leur Bachelor en poche, l’université leur accorde une bourse pour poursuivre, et elles enchaînent directement sur la préparation de leur doctorat, sans passer par la case Master, une option ouverte seulement aux meilleurs élèves.

C’est leur intérêt pour l’environnement qui les a amenées à étudier des problématiques assez proches, disent-elles, dans le même groupe de recherche à l’université.

Des technologies du futur pour l’environnement

La crise sanitaire a retardé leur progression, et c’est donc cette année qu’elles ont terminé leur Ph.D. Aujourd’hui, elles sont à la pointe de leur domaine, mais « les technologies qui utilisent l’hydrogène pour traiter les eaux sont plutôt en période d’essai pour des applications à grande échelle », précise Hukerenui. Quant à sa sœur, elle explique qu’une recherche plus poussée est à présent nécessaire pour « trouver le moyen de produire cette enzyme à grande échelle. »

À présent, Hukerenui va passer, dès ce lundi, de l’autre côté des salles de cours de son alma mater : « Je viens juste de signer un contrat de post-doctoral fellow (associé de recherche post-doc, ndr) je continue à faire de la recherche et je donne des cours sur le traitement des eaux. » Ohinerau, elle, se voit plutôt quitter le milieu universitaire pour l’industrie. « Ça y est, nos chemins se séparent après toutes ces années », dit-elle en riant.

«Tout est possible »

Aujourd’hui elles tiennent à remercier tous leurs soutiens : « Ça nous a vraiment fait chaud au coeur de voir tous les commentaires positifs des gens, et ça nous fait plaisir de représenter le fenua en Nouvelle-Zelande comme ça. C’est un succès qu’on partage avec tout le monde.» Leur message aux jeunes filles, c’est de ne pas de mettre de barrières, car l’ingénierie a beaucoup à gagner de l’apport des femmes : « Tout est possible, et ça c’est parce qu’on a laissé la porte ouverte à des opportunités, et aussi grâce au soutien de notre famille et de notre entourage. Au début on n’aurait jamais imaginé qu’on finirait par avoir un doctorat, déjà qu’il n’y avait pas beaucoup de filles en ingénierie, donc on ne connaissait personne qui avait fait la même chose. » 

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