SILENCE ROMPU – Le coach de l’OM s’est exprimé pour la première fois, jeudi, en conférence de presse.
Marcelo Bielsa était attendu. Deux mois que le technicien argentin avait signé à l’OM sans que l’on entende autre chose que ses quelques cris sur les bancs de touche. Ce fut chose faite, jeudi, lors d’une conférence de presse fleuve de plus d’une heure, une rareté sur la Canebière. Soumis à un feu roulant de questions, l’ancien entraîneur de l’Athletic Bilbao ne s’est pas défilé et a étonné. Sur la forme d’abord : il a gardé la tête baissée tout du long, ne la levant qu’à deux ou trois reprises vers ses interlocuteurs.
Timidité ? Défiance ? La personnalité de l’Argentin, qui a gagné au cours de sa carrière le surnom de « Loco » (« le Fou »), semble difficile à percer. Et il n’a pas fourni beaucoup de clés, jeudi. La plupart de ses réponses ont été expédiées d’un revers de main. Sa philosophie de jeu ? « Je ne pense pas être révolutionnaire et rien ne le prouve dans ma carrière. » Son ambition ? « Je ne me fixe pas d’objectifs. Le prochain match est l’objectif principal. » Le soutien des supporters ? « Je ne réponds pas sur les fans parce que ça peut s’interpréter comme de la démagogie. »
Flou total sur son vrai pouvoir. Plus étonnant, Bielsa a également étonné sur le fond. Et au sortir de cette heure d’entretien, on peut se demander de quel pouvoir il jouit exactement à l’OM. Présenté comme un manager aux compétences élargies, il a répété n’avoir aucune prise sur les grandes orientations sportives du club ni sur les transferts. « Aucun joueur au club n’est arrivé sur une de mes décisions. Et aucun joueur n’est parti sur l’une d’entre elles », a-t-il insisté, sans que l’on ne perçoive s’il le regrettait ou non. Tout juste a-t-il souligné les qualités de Mathieu Valbuena, parti au Dynamo Moscou, et « meilleur joueur français » lors de la dernière Coupe du monde selon lui. Idem pour les joueurs mis au ban : « je ne décide pas qui s’entraîne dans le groupe ou en dehors ».
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Mais la grande question de cette conférence de presse fut l’accès de la presse au club et notamment aux séances d’entraînement, vieux serpent de mer sur la Canebière depuis plusieurs mois. « Les cinq derniers matches (amicaux) parlent plus que les entraînements », a simplement considéré, toujours aussi laconique, le nouveau coach de l’OM. Revenus à la charge, les journalistes n’ont pas réussi à savoir qui du club ou de Bielsa imposait cette distance avec les médias. A plusieurs reprises, l’Argentin a simplement insisté sur le fait qu’il n’était qu’un rouage au sein d’un club au « fonctionnement vertical ».
Quelques sourires, quand même. D’abord étonnamment taciturne – à tel point qu’on a pu se demander si c’était bien une conférence de presse de présentation ou l’annonce de sa démission -, Bielsa s’est ensuite montré taquin, avec quelques sourires à la clé, notamment quand on lui a demandé quand il comptait lever les yeux : « quand je lèverai la tête de mes cours de français, je pourrais croiser vos regards ». Ou quand il a mis dans l’embarras son adjoint et traducteur, qu’il a défini comme « le meilleur » de son staff. « Dis-le, dis-le », lui a-t-il répété dans un espagnol à pas comptés. Bielsa est un homme de peu de mots. « Pour être volontaire, on n’a pas besoin de mots », a-t-il insisté, avant de citer l’exemple d’une femme médecin de l’hôpital pour enfants de Rosario, sa ville de naissance en Argentine. A l’issue de cette étonnante conférence de presse, Bielsa a confirmé qu’il était bien un technicien à part. Il lui reste maintenant à le prouver sur le terrain et ce, dès samedi, pour la 1re journée de Ligue 1, où l’OM se déplacera à Bastia.