Deux semaines après sa grève qui a paralysé les transports vers les îles, le syndicat de Jean-Paul Urima accuse le gouvernement de ne pas respecter les engagements pris lors des négociations du protocole de fin de conflit. La Fraap assure avoir obtenu un engagement oral – mais pas écrit – pour une revalorisation de 20 points d’indice pour les fonctionnaires de catégorie D, soit un peu plus de 20 000 francs par agent. Le Conseil supérieur de la fonction publique n’en a voté que cinq hier, avec les voix de la CSTP – FO et de A tia i mua. Si ce projet est acté en conseil des ministres, le syndicat promet de répondre par un nouveau conflit « très dur » chez les fonctionnaires territoriaux, dont les pompiers d’aérodrome.
« Menteurs », « manipulateurs », « dictature »... Pas de trêve de Noël pour la Fraap, qui a égrené les qualificatifs ce mardi, au moment d’évoquer un gouvernement qu’elle accuse de « se foutre de notre gueule », « nous étrangler » et « nous marcher dessus ». Les deux parties avaient pourtant trouvé un terrain d’entente le 11 décembre, après cinq jours de grève des fonctionnaires territoriaux, et notamment des pompiers d’aérodrome. La fédération de Jean-Paul Urima, arrivée première en nombre de voix aux dernières élections dans l’administration, avait accepté de remettre à plus tard son principal point de revendication, la revalorisation globale et massive du point d’indice, pour se focaliser sur 17 autres doléances, parmi lesquelles un mécanisme de revalorisation des fonctionnaires de catégorie D.
Une « parole donnée » non respectée ?
La Fraap avait donc beaucoup d’attente lors du Conseil supérieur de la fonction publique, réuni ce lundi. Des espoirs chiffrés : « 20 points de revalorisation par agents de catégorie D », soit une augmentation de salaire de 21 200 francs mensuel, voilà ce que le syndicat espérait, en précisant que c’est sur cette somme que s’étaient arrêtés les négociations dans la nuit du 10 au 11 décembre. Un niveau de revalorisation qui ne figure aucunement dans le protocole d’accord signé par le gouvernement, mais qui aurait été « actée avec tout le monde ce soir là ». Et même si elle n’a pas été inscrite noir sur blanc, « ça allait de soi », assurent les responsables du mouvement.
Or hier, la ministre de la Fonction publique Vannina Crolas a présenté un projet qui ne revalorise les grilles de la catégorie D que de 5 points, soit 5300 francs par agent. Un projet qui comporte aussi des évolutions statutaires pour les catégories D et qui, comme l’avait d’ailleurs déjà précisé le gouvernement, était discuté de longue date avec les autres syndicats, notamment la CSTP-FO. « La parole donnée par le président n’a pas été respectée » explique le Secrétaire général délégué de la Fraap et chef de file du syndicat affilié des pompiers d’aérodrome Gérard Barff. Il se dit « écœuré ». « Il y a un monde qui nous sépare », martèle le chef de file de la Fraap, Jean-Paul Urima.
La Fraap s’en prend à la CSTP-FO et A Tia I Mua
D’après la Fraap, le projet présenté par l’administration, qui détient la moitié des sièges au conseil, a été soutenu par les voix de la CSTP-FO et de A Tia I Mua. La fédération de Jean-Paul Urima, qui compte deux voix grâce à sa position majoritaire, a reçu l’appui de la Fissap et du SFP pour faire une contre-proposition, écartée par les représentants du gouvernement car largement hors budget. La Fraap et l’administration ont des chiffrages différents du coût de l’augmentation de 20 points pour les catégories D (377 millions pour le syndicat, 578 pour le Pays), mais ils sont quoiqu’il arrive bien plus importants que les 160 à 178 millions prévus par le gouvernement pour cette revalorisation. Et les quatre voix de la fédération et de ses alliés n’ont quoiqu’il arrive pas suffit pour faire avancer l’idée.
« Comme d’autres dossiers allaient être présentés (le passage en catégorie A des infirmiers et des conseillers sociaux éducatifs, projets discutés de longue date par la CSTP – FO, ndr), nous avons demandé à les ajourner pour récupérer des finances, du fait que l’urgence concerne les catégories D. Mais ça n’a pas été suivi », explique Georges Ateo, autre secrétaire général délégué de la Fraap et membre du conseil. Il assure que la contre-proposition faite par la Fraap sera « bien présentée » au président par Vanina Crolas, mais pas en haut de la pile. « C’est le dossier du ministère, qui attribue 5 points à chaque échelon, qui a obtenu le plus de voix, car A ti a mua et CSTP Fo ont suivi l’administration, c’est dommage que des représentants du personnels n’aident pas les plus démunis », relate-t-il.
« On va tout bloquer »
Pour Gérard Barff, « il s’agit de sabotage, d’une manœuvre purement électorale » des deux syndicats qui refuse d’accorder à la Fraap une victoire sociale. « C’est l’hémorragie chez eux, on constate qu’ils veulent faire capoter ce qu’on a obtenu pour que ça se retourne contre nous. Et Vanina Crolas joue ce jeu, là c’est irresponsable », poursuit-il. Car le chef de file du Syndicat des pompiers d’aérodrome prévient. « Si on ne nous respecte pas » et que le projet du ministère est adopté en conseil des ministres, et transmis en l’état à l’assemblée « il y aura un nouveau préavis, on va tout bloquer et ça sera dur, très dur ».
Quant aux arguments budgétaires évoqués, Gérard Barff invite le gouvernement à faire des économies : « si tu veux nous étrangler, commence chez toi. Donne les salaires de tes cabinets, le coût des voitures de fonction et loue la présidence en Airbnb ».