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OneWeb, StarLink… À Papenoo, l’OPT et le gouvernement regardent vers les étoiles


Plusieurs ministres se sont rendus ce jeudi sur le site de Tahiti Nui Telecom, filiale de l’OPT qui vient d’accueillir un « téléport » de Oneweb. 18 antennes pour communiquer avec 648 satellites, et une société qui veut proposer dès 2024 du très haut débit tout autour de la planète. En Polynésie, il faudra justement passer par un accord avec l’OPT qui a le monopole des connexions internationales… Mais qui compte tout de même sur OneWeb et son concurrent Starlink pour améliorer, d’ici 2026, des capacités satellitaires vieillissantes dans les zones isolées.

Visite gouvernementale à la Papenoo, ce jeudi. La vice-présidente Eliane Tevahitua, la ministre en charge des télécommunication Vannina Crolas, mais aussi les ministres de la Santé ou des Sports se sont déplacés sur le site de Tahiti Nui Telecom (TNT). La filiale de l’OPT, qui fait aussi dans l’ingénierie et la distribution informatique exploite sur ce plateau dégagé un data center et y héberge surtout des « infrastructures sensibles ». C’est là, aux côtés du centre de transmission satellitaire de l’OPT et des équipements terrestres du câble sous-marin Honotua, que l’Agence spatiale européenne avait fait installer, voilà une quinzaine d’années, une des stations au sol du système de navigation par satellite concurrent au GPS américain, Galiléo. Mais c’est la dernière addition à ce site tourné vers l’espace qui intéressait le plus le gouvernement ce jeudi : les 18 antennes de OneWeb fraîchement installées à côté d’un nouveau data center dédié.

Tests de la constellation en novembre, mise en opération en janvier

L’entreprise basée à Londres a été fondée voilà moins d’une décennie mais affiche de grandes ambitions : révolutionner la connexion internet en offrant du très haut débit dans des zones isolées du monde entier. Pour ça, OneWeb, concurrent européen de l’américain StarLink, multiplie les envois dans l’espace de petits satellites de télécommunications basse orbite. 648 au total. Une « constellation » qui doit couvrir la planète entière mais qui ne devrait entrer en fonction qu’en début d’année prochaine. « Les techniciens de TNT nous ont expliqué que des tests devaient être menés au mois de novembre, explique le PDG de l’OPT Jean-François Martin, qui avait déjà annoncé cette installation à nos confrères de La Dépêche. Le téléport de Papenoo est le dernier qui doit être mis en service pour que OneWeb puisse mettre en opération son service ».

Les contacts qui ont mené à la pose de ces antennes ont été pris voilà déjà deux ans. Pourquoi la Polynésie ? « Le bouche à oreille », répond Jean-François Martin. Pour activer sa constellation, OneWeb a besoin de relais de communications entre le sol et sa constellation un peu partout autour du globe, et les candidats ne sont pas nombreux dans le Pacifique. « Depuis l’installation de Galileo, ça se sait que nous avons à Papenoo un point haut avec un grand site sécurisé, des techniciens performants… Tout ça ne s’est pas fait par hasard », précise le PDG qui a profité de la visite de ce jeudi pour « présenter aux ministres des projets du même genre » de développement du site de TNT.

Des nouveaux flux pour Honotua et Manatua

Pour l’OPT il ne s’agit pas seulement de louer un espace à un futur géant des telecoms. « On va tirer des revenus de l’hébergement et la maintenance du téléport de OneWeb, mais on en aura aussi qui sont liés à la transmission des flux télécoms sur nos câbles Honotua et Manatua, puisqu’ils ont demandé à avoir deux chemins différents et à les sécuriser, reprend Jean-François Martin. Ça va nous permettre de développer nos revenus à l’étranger à partir de câbles sous-marins ». Des revenus qui vont « monter en puissance » d’après les contrats signés pour 10 ans par TNT et pour 5 ans renouvelables pour Onati, filiale gestionnaire des câbles et du réseau Vini. « Au début, ils ne demandent pas beaucoup de puissance, puisque le service mondial va s’ouvrir en janvier 2024, précise le responsable. Dans le plan qui est prévu dans le contrat, il y a une montée progressive assez significative. On pense, nous, que ça peut exploser en termes de capacités. On saura les véhiculer : Manatua a de la réserve, il est tout neuf, et sur Honotua, on a fait des extensions récentes… On a ce qu’il faut ».

Des discussions aussi avec Starlink

Mais l’OPT pourrait aussi à terme devenir un des clients de OneWeb. « Nos contrats avec Intelsat, fournisseur de capacités satellitaires pour les îles éloignées, s’arrêtent en 2026, nous avons l’obligation de trouver d’autres solutions », reprend Jean-François Martin. Peu de chances, en effet, que l’OPT et Onati choisissent de prolonger leur partenariat avec cet ancien leader de marché, dont les satellites géostationnaires (35 000 kilomètres de distance à la terre) ne peuvent rivaliser, en termes de débit et de connectivité, avec les constellations de OneWeb (1 200 kilomètres) ou de Starlink (550 kilomètres). Des discussions vont donc bien être lancées avec l’un comme l’autre de ces nouveaux acteurs, car l’implantation de OneWeb au fenua ne lui promet pas de priorité sur ce marché.

Starlink, constellation lancée dans le sillon de SpaceX par Elon Musk, a de belles cartes à jouer avec ses 4 500 mini-satellites déjà en orbite, son service commercialisé dès 2021, et ses 1,5 millions d’abonnés dans une soixantaine de pays, dont la France. « On peut travailler aussi avec eux, et on va engager des négociations avec eux pour voire dans quelle conditions on peut utiliser leur service en Polynésie française pour les habitants des zones éloignées, où les capacités satellitaires actuelles sont clairement insuffisantes, pointe le PDG, et pour les habitants assez éloignées des centres télécoms, pour qui les signaux, en particulier pour l’ADSL, est affaibli ».

Starlink, à la différence de OneWeb, propose des services directement aux particuliers, qui peuvent se procurer, pour environ 60 000 francs (hors taxes et transport) un « kit » comprenant une parabole, et souscrire à un abonnement à 12 000 francs par mois. Sauf que ces équipements, qui équipent déjà certaines zones des Antilles, de Wallis, et même des zones rurales de métropole, sont par principe interdits en Polynésie. Du côté du Pays, on promet aussi des évolutions. Mais elles se feront de manière « raisonnée » : pas question d’ouvrir les télécoms à la concurrence internationale au moment où la collectivité cherche à sauver l’OPT.

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1 Commentaire

  1. Michel Dr REGNIER
    9 août 2023 à 6h15 — Répondre

    Et dans la Baie des surfeurs, maisons de quartier bord de mer, juste en dessous, nous avons 600 mo de trafic les jours fastes (ça peut tomber à 10!!!).

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