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ONU : Édouard Fritch demande la désinscription

©Presidence

Autonomistes et indépendantistes se sont retrouvés pour la 6e année consécutive devant la 4e Commission de l’ONU ce mardi à New York. Et puisque le processus de décolonisation supposé découler de la réinscription n’avance pas, les discours eux non plus n’ont guère changé. Édouard Fritch demande que l’Assemblée générale retire la Polynésie française de la liste des territoires non autonomes, et Richard Tuheiava demande, lui, à la 4e Commission de présenter avant la fin 2020 un véritable programme de travail sur la décolonisation.

C’est le président Édouard Fritch qui a pris la parole le premier devant la commission de l’ONU chargée des questions de décolonisation. Et de nouveau, il a défendu le statut actuel de la Polynésie, et rappelé que son gouvernement est issu d’élections libres : « Vous devez accepter le fait démocratique que mon peuple n’a toujours aucun désir d’indépendance. » Il a interpellé les pays du Forum du Pacifique : « Il est incohérent de dire, ici devant l’ONU, que mon pays est à décoloniser alors que vos États respectifs que vous représentez me considèrent comme leur égal. » Pour conclure, Édouard Fritch a demandé à l’Assemblée générale de l’ONU « de retirer la Polynésie française de la liste des pays à décoloniser. »

Le vice-président Teva Rohfritsch a ensuite pris la parole : pour un pays insulaire et lointain comme la Polynésie « la présence de la France aux côtés des Polynésiens est une chance (…) ,  une présence qualifiée de « bienveillante, sécurisante » particulièrement dans un contexte de danger climatique. C’est pour Teva Rohfritsch un sujet bien plus important que ceux de la décolonisation, « qui n’intéressent pas les Polynésiens. »

Place ensuite à l’armateur Georges Moarii, qui a pris l’exemple de la pêche pour montrer qu’il est faux de dire que « l’Etat français confisque les ressources naturelles de la Polynésie à son profit. (…) Les Polynésiens ne sont pas colonisés. Les Polynésiens sont souverains sur leurs propres ressources naturelles.»

Enfin ce fut le tour de Lana Tetuanui, dont l’intervention s’est concentrée sur la progression de la reconnaissance du fait nucléaire et de ses conséquences par l’État français, notamment avec la modification récente de l’article 1er du statut. Elle a également défendu les évolutions apportées à la loi Morin, matérialisées par l’acceptation d’un plus grand nombre de dossiers d’indemnisation.

24 indépendantistes au micro

David Koubbi, l’avocat d’Oscar Temaru dans l’affaire Radio Tefana.

Les défenseurs de la réinscription étaient 24 à témoigner devant la 4e Commission. Les textes de leurs interventions n’ont pas été communiqués à la presse. Le président de l’Eglise protestante ma’ohi, François Pihaatae, a pris la parole en premier, avec une affirmation surprenante au regard des données scientifiques disponibles, comme quoi « les effets intergénérationnels des essais nucléaires ont été confirmés » Il a conclu en souhaitant que les rapports de l’Assemblée générale, « loin d’être exhaustifs » lorsqu’ils retranscrivent les travaux de la commission, soient plus complets à l’avenir. L’avocat Philippe Neuffer s’est attaqué aux modifications du risque négligeable dans la loi Morin, destinées selon lui à réduire les indemnisations. Parmi les nouveaux venus, on notait la présence de David Koubbi, l’avocat d’Oscar Temaru dans l’affaire Radio Tefana, qui a déclaré « la France utilise la loi pour bloquer les actions d’Oscar Temaru ».  Il  s’est aussi exprimé sur les réseaux sociaux, fustigeant la politique de la chaise vide de la France. Quant à Richard Tuheiava, il a demandé que la 4e Commission mette sur pied un véritable « programme de travail pour Maohi Nui » avant la fin de l’année prochaine.