Alors que les militants indépendantistes s’exprimaient au siège de l’ONU à New York, Édouard Fritch a fait une déclaration depuis Papeete. Il a dénoncé le combat « d’arrière-garde » du Tavini, l’image « dégradante » de la Polynésie autonome dépeinte devant les Nations-Unis, et assuré que « les Polynésiens désirent majoritairement rester, par choix démocratique, au sein de la République française ».
« Nous sommes autonomes et fiers de l’être« . Après quatre passages à l’ONU ces dernières années, Édouard Fritch avait choisi de faire représenter le Pays par René Temeharo. Mais à défaut de s’exprimer directement devant le quatrième comité, le président a tenu à se faire entendre depuis Papeete lors d’une allocution télévisée ce mardi matin, au moment même où les « pétitionnaires » faisaient leur déclaration à New York. Et comme son ministre des Grands Travaux, le chef du gouvernement a mis en avant les vertus de l’Autonomie et assuré que « la Polynésie française n’est pas sous le joug du colonialisme« .
Dans le viseur, le Tavini qui s’est « déplacé en masse » à New-York : « 19 contre 1 » note le président. De l’énergie « mal investie » assure Edouard Fritch qui dénonce « l’image dégradante de la Polynésie autonome » dépeinte par les indépendantistes. « La Polynésie est libre de ses choix économiques, de ses choix fiscaux, de ses choix culturels, de ses choix énergétiques ; libre de parler ses langues, libre de son modèle social, libre de protéger ses ressources de sa zone économique, libre de gérer ses terres, libre de circuler, libre de s’exprimer etc…« , a martelé le président du Pays.
La Polynésie « pleinement compétente sur la ZEE » et reconnue « dans le concert des nations »
Édouard Fritch s’insurge aussi contre l’idée que l’État néglige toujours les victimes du nucléaire et confisque les ressources naturelles. Il explique alors qu’une action volontariste et accélérée des réparations économiques, sociales, sanitaires et environnementales est engagée avec Paris. Et le dossier des richesses maritimes avance lui aussi, rapidement, insiste-t-il : « Nous avons décidé de consacrer notre ZEE à la pêche hauturière locale pour les Polynésiens et rien que pour les Polynésiens. Il en sera de même pour les richesses minérales sous-marines. Pour cette raison, nous présenterons très prochainement, à l’Assemblée, un moratoire sur l’exploitation des ressources marines. Contrairement à ce que dit le Tavini, la Polynésie est pleinement compétente sur sa ZEE. »
Pour appuyer ses propos, Édouard Fritch a cité les déplacements récents de ses ministres qui ont renforcé la position du fenua dans le « concert des nations« . La Polynésie est « reconnue par les pays de la région, par nos frères du Pacifique, et dans le monde« . « Le ministre de la Culture et de l’environnement est récemment parti à New York où il nous représentait et où il a participé à la rencontre au sommet entre les chefs d’Etat du Pacifique et le Secrétaire d’Etat américain aux affaires étrangères, Antony Blinken, précise-t-il. Le Vice-président Jean-Christophe Bouissou revient lui de Brisbane en Australie où étaient réunis les pays du Pacifique sur les problématiques environnementales, partageant avec eux, d’égal à égal, l’expérience de la Polynésie française dans ce domaine. »
Pour lui, le combat du Tavini à New York est un « combat dépassé, un combat d’arrière-garde, dont la Polynésie ne tire aucun bénéfice« . « Que d’argent dépensé et que d’énergie mal investie !« , s’est exclamé le président du Pays pour qui « les Polynésiens désirent majoritairement rester, par choix démocratique, au sein de la République française« . Les élections législatives ne seraient donc qu’un accident de parcours : « l’ensemble des voix autonomistes étaient largement supérieures à celles des indépendantistes« , précise-t-il, et « les résultats du second tour, favorables au Tavini » n’ont été obtenus que « grâce au soutien de certains autonomistes« .