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Organisation serrée et compétition relevée… La Tahiti Pro se met en mode JO

Kauli Vaast, vainqueur des Trials et finaliste de la Tahiti Pro 2022 ©Fédération Française de Surf / Damien Poullenot

La Shiseido Tahiti Pro aura lieu du 11 au 20 août à Teahupo’o, précédée par les Trials locaux les 6 et 7 août. Une édition pleine d’enjeux, entre les qualifications des JO et celles de la finale du Championship Tour, et dont l’organisation sera quelque peu bousculée par la préparation de l’épreuve olympique. Sécurité du site renforcée, nouveaux outils et chantiers en cours… Le rodage devrait se poursuivre à la Tahiti Pro 2024, qui a été exceptionnellement décalée au mois de mai. 

Près de 10 000 spectateurs sur place, plus de 350 participants, en comptant les officiels, coach et compétiteurs, des retransmissions dans 350 millions de foyers et 175 millions de francs de retombées économiques estimées pour le fenua et en particulier pour la presqu’île… La Tahiti Pro, qui endosse cette année le nom de son nouveau sponsor principal, Shiseido, ce sont de très gros chiffres, mais surtout de très gros enjeux pour les sportifs. Car l’étape polynésienne du Championship Tour, programmée cette année du 11 au 20 août, s’est trouvé une place de choix dans le calendrier WSL. Il s’agit de l’ultime « event » de la saison avant les finales, début septembre en Californie, où seuls les cinq meilleurs surfeurs et les cinq meilleures surfeuses s’affronteront pour le titre mondial.

La course à la qualification sera donc plus que jamais d’actualité à Teahupo’o. Côté hommes, le Brésilien Filipe Toledo, champion du monde 2022, l’Australien Ethan Ewing et l’Américain Griffin Colapinto semblent déjà avoir garanti leur participation. Mais ils se battront pour un meilleur classement – capital pour réussir sa finale – tandis que plusieurs autres stars du tour, dont le Hawaiien John John Florence, probable chouchou du public tahitien cette année, joueront des coudes pour les deux dernières places. Côté filles, la bataille est très ouverte entre les Américaines, Hawaiiennes et Australiennes… Johanne Defay est hors jeu dans le classement, mais compte bien rattraper sa blessure de début de saison en brillant sur la seule étape française du tour.

Surfeurs locaux, finales WSL et ticket olympique

Une course à la qualification qui sera précédée d’une autre : les 6 et 7 août se joueront, sur le même spot de la passe Havae, les fameux « Trials » entre surfeurs locaux. Chez les filles, Vahine Fierro a d’ores et déjà obtenu sa wild card, mais ils seront pas moins de 32 hommes, tous des surfeurs expérimentés, à tenter de remporter une place dans le gratin mondial. « C’est une compétition d’un très bon niveau, et on sait que le local qualifié peut aller très loin, et pourquoi pas gagner la Shiseido, explique Pascal Luciani, le représentant de la World Surfing League à Tahiti. L’année dernière, Kauli Vaast est passé par les Trials pour aller jusqu’en finale ». Le jeune prodige de la Presqu’île tentera de rééditer l’exploit, mais devra pour ça écarter un concurrent de marque : Michel Bourez, qui a quitté le Championship Tour fin 2021, compte lui aussi sur ces Trials pour jouer les prolongations… Et obtenir son ticket pour les JO 2024.

Car là est le troisième enjeu « majeur » de cette Tahiti Pro : la qualification olympique. Vahine Fierro et Kauli Vaast n’ont plus à s’en soucier, comme d’ailleurs les trois premiers du CT. Mais le circuit WSL offre un total de 18 places – dix hommes, huit femmes – pour l’épreuve de surf qui doit se tenir dans un an presque jour pour jour à Teahupo’o. « Tout le monde l’a bien sûr en tête », pointe Pascal Luciani qui promet une compétition des plus relevées cette année.

« Checkpoint » de la gendarmerie tout autour du site

Et en plus d’être dans les esprits, l’approche de l’épreuve olympique sera bien visible au PK0, où la Shiseido Tahiti Pro doit servir de « test event » pour Teahupo’o 2024. Services aux athlètes, outils numériques, gestion du public et surtout sécurité du site… Une partie de l’organisation a été revue pour tester celle des JO, qui doit répondre à des normes très contraignantes. La World Surfing League y voit aussi son intérêt : « s’il y a un bon retour sur certains éléments de l’organisation qui seront mis en place, de la part des athlètes notamment, pourquoi ne pas les garder », reprend Pascal Luciani, particulièrement intéressé par le dispositif de sécurité inédit qui sera mis en place autour du site par la gendarmerie. Checkpoint de la brigade nautique, contrôle des embarcations et des véhicules, restriction d’approche du site… « Il va falloir être assez carré », prévient le président de la Fédération tahitienne de surf, Lionel Teihotu. Le dispositif de sécurité est d’autant plus serré que deux ministres d’État sont attendus passe de Havae : le ministre de l’Intérieur et des Outre-mer Gérald Darmanin et la ministre des Sports et des Jeux olympiques Amélie Oudéa-Castera viendront sur le site de la compétition le 16 ou 17 août.

Le Pays et la fédé de surf ont fait en sorte que les autorités d’État ne « bloquent » pas totalement le site, qui est aussi une zone de passage et d’activité pour les habitants de la Presqu’île et du Fenua Aihere. Mais le fait est que les habitués de la Tahiti Pro risquent d’être beaucoup plus cadrés qu’à l’accoutumée. « Il faut vraiment remercier la WSL d’avoir accepté de participer au rodage de Paris 2024 et des Polynésiens qui vont être partie prenante de ces Jeux olympiques, ils auraient pu dire non, insiste la ministre polynésienne des Sports Nahema Temarii. Mais je pense qu’ils ont aussi conscience que venir apporter une vision différente au surf tel qu’il est organisé à Teahupo’o, ça va quand même pousser à la professionnalisation et à l’éveil des consciences. Avoir l’appui de l’État ça va permettre aussi de remettre de l’ordre, et que tout le monde reste à sa place ».

Cette édition, la 23e depuis que la compétition a rejoint le circuit pro en 1999, ne sera pas le seul « test event » de l’épreuve olympique. La WSL a aussi accepté de décaler l’édition 2024 au mois de mai, à 60 jours des JO. « L’organisation sera encore plus serrée, on testera tout ce qu’il y a à tester », notent les organisateurs. Quant à savoir si la Tahiti Pro reprendra, à partir de 2025, sa place de choix en fin de Championship Tour, « rien n’est décidé » du côté de la WSL. « Mais nous, on préférerait », explique Pascal Luciani.

Cohabiter avec les chantiers

Du côté de la Fédération tahitienne de surf ou de la commune de Taiarapu – Ouest, on appelle d’ores et déjà le public et les participants à « l’indulgence » sur cette édition « très particulière » de la grande fête du surf à Teahupo’o. « On sera un peu serré. Les inondations du mois de mai ont laissé des traces, en réduisant nettement la plage, et puis il y a les chantiers de 2024 qui sont en cours, rappelle Bernadette Taputu-Wasna, la présidente du comité local du tourisme. Mais on sera bien au rendez-vous pour que tout le monde soit bien reçu et pour donner l’aspect culturel de cet évènement. »

Le chantier de la passerelle du PK0 devrait ainsi être végétalisé, grâce à un concours de décorations organisé entre les différentes associations de la commune. Les stands de produits locaux et les ateliers de « savoir-faire traditionnel » seront bien installés, avec un peu moins d’espace qu’à l’accoutumée. Quant à l’ouverture de la compétition, le comité a choisi d’y mener une cérémonie du Rahiri, et ainsi inviter « les compétiteurs, partenaires, organisateurs ou élus à partager un moment de respect ». « Il ne faut pas oublier que la Tahiti Pro c’est une compétition et qu’il y a des règles, et à partir du moment où, lors de ce Rahiri, tout le monde accepte les règles, tout peut se dérouler dans de bonnes conditions », reprend Bernadette Taputu-Wasna.

Rendez-vous donc à Teahupo’o les 6 au 7 août pour les Trials et du 11 au 20 pour la Shiseido Tahiti Pro. Vu l’organisation, le président de la Fédération tahitienne de surf Lionel Teihotu appelle tout ceux qui le peuvent à « suivre la compétition depuis la maison ». « Je sais que ça peut être frustrant. Mais tout ce qui est fait en ce moment laissera un héritage bénéfique pour Teahupo’o, et pour le surf polynésien », assure-t-il.

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