Le rapport d’orientation budgétaire, prélude au budget 2025, a été transmis à l’assemblée, où la commission de l’Économie, des Finances et du Budget a commencé son examen. Vie chère, fiscalité équitable, confiance des entreprises, soutien au logement social restent les priorités affichées.
Comment le gouvernement a-t-il l’intention de structurer ses dépenses l’année prochaine, c’est l’objet du « rapport d’orientation budgétaire » que les élus de l’assemblée ont reçu en fin de semaine dernière. De quoi faire ses devoirs avant la présentation du projet de budget 2025, qui doit être transmis le 15 novembre au plus tard, et dans lequel on pourra voir si les chiffres suivent les intentions.
« Le cap est inchangé », affirme le gouvernement dans ce document de 130 pages qui détaille l’état économique du monde, de la France et de la Polynésie, et revient sur les évolutions au cours des dernières années très perturbées par la crise Covid. Une crise dont la Polynésie sort en bien meilleure forme que les autres collectivités hexagonales et ultramarines, même si son endettement a augmenté.
Inchangées aussi, les priorités : lutte contre la vie chère, justice fiscale, mise en confiance des entreprises pour soutenir l’emploi, et réforme de la protection sociale généralisée. On reparlera donc beaucoup l’année prochaine de la réforme annoncée des aides aux entreprises qui « devra être opérationnelle en 2025 », de la réforme du dispositif des PPN et des PGC qui doit les réserver à ceux qui en ont le plus besoin, notamment grâce à la carte « Fa’atupu » et à des « accords de modération ». Le gouvernement promet un « contrôle des prix accentué ». Et puis de la réforme de la PSG, bien sûr, avec notamment la fin de la « primauté du RGS » qu’avait expliquée Cédric Mercadal sur notre antenne .
On reparlera aussi de la « stabilisation » de la pression fiscale pour « libérer » l’activité économique, qui va s’accompagner d’une révision de la fiscalité pour la rendre « juste et équitable ». Warren Dexter promet des mesures substantielles en soutien à l’immobilier et au logement, particulièrement au logement social qui fait du sur place – tout en prévenant que le logement, ça prend du temps, plus de temps que celui d’un mandat. Côté tourisme, où le rebond post-Covid s’essouffle, le Pays reparle de mettre en place des zones franches.
Des prévisions basées sur une croissance de 2,5% et de robustes recettes fiscales
Pour construire son budget, le gouvernement s’appuie sur une croissance de 2,5 % à la fin de cette année, sur une inflation qui va encore baisser en 2025, et sur une consommation des ménages un peu moins dynamique. Mais, estime le Pays, « l’investissement des entreprises pourrait se redresser grâce à la baisse des taux d’intérêt ».
À noter que malgré la suppression de la « TVA sociale », le produit de la TVA en régime intérieur pour 2024 « dépasserait de 15% les prévisions budgétaires ». La TVA à l’importation, elle, est inférieure de 7 points aux prévisions. Les recettes fiscales directes de l’année en cours devraient dépasser les prévisions de plus de 14%, tandis que les recettes fiscales indirectes seraient 2% supérieures aux inscriptions.
La masse salariale du Pays atteint les 35 milliards de Francs
Comme le soulignait la semaine dernière Nuihau Laurey, la masse salariale de l’administration va atteindre le niveau record de 35 milliards de Francs, soit un tiers du budget de fonctionnement. « Les nombreuses titularisations de ces dernières années ne permettent pas de réduire immédiatement les crédits de personnel », explique le gouvernement, qui ne peut contenir ces dépenses que par « la modération des recrutements temporaires » et par « le remplacement non systématique des départs à la retraite et une gestion active des postes vacants. »
Les satellites en difficulté, le social attendra
Le gouvernement prévient : les « dépenses de transfert » vers les organismes publics et semi-publics, qui représentent déjà la moitié des dépenses de fonctionnement, vont connaître « une forte hausse », notamment en raison de la préparation aux Jeux du Pacifique de 2027, et d’un rattrapage du Fonds intercommunal de péréquation. Mais « la nécessité d’assainir et restructurer certains opérateurs extra-budgétaires » contribuera aussi à la hausse de ces dépenses en 2025 : leurs difficultés financières, « si elles ne sont pas résorbées dans les meilleurs délais, induiraient nécessairement des impacts négatifs sur la santé financière globale de la Polynésie française ». Des dépenses qui « seront réorientées à terme vers les besoins de solidarité et de santé », assure le gouvernement.