Le président du Tavini avait convoqué la presse ce matin pour animer la campagne des législatives. Le sujet : la souveraineté de la Polynésie sur ses propres ressources sous-marines. Pour la préserver, ou la récupérer sur les matières classées « stratégiques », Oscar Temaru invite les électeurs à voter pour les trois candidats bleu ciel aux législatives.
Un sujet sur lequel il alertait déjà en 1986, dit-il, mais dont l’urgence est bien plus grande, à présent que la faisabilité technique de cette exploitation se rapproche. Avec en main un exemplaire du magazine Epsilon qui titrait l’an dernier sur La Guerre des abysses, le président du Tavini expliquait que c’est le seul parti qui semble s’en préoccuper. « Nos élus, nos hommes politiques, n’assument pas leurs responsabilités, ils devraient déjà intervenir et expliquer à la population ce qui se passe derrière notre dos. » C’est pourquoi il incite les électeurs à envoyer trois députés indépendantistes à l’Assemblée nationale.
Puisque l’ONU reconnaît la souveraineté des peuples sur leurs propres ressources, dit Oscar Temaru, cette discussion devra être poursuivie à New York. Pour lui, l’exploitation de ces ressources sous-marines pourrait être une manne financière, mais aussi un danger pour l’environnement. Il cite Nauru, qui a passé un accord avec une startup canadienne, The Metals Co., pour commencer l’extraction de métaux sous-marins dans deux ans. Plus de 400 scientifiques avaient alors signé une tribune pour dénoncer le projet, expliquant que l’extraction provoquerait « une perte de biodiversité et de fonctionnement de l’écosystème qui sera irréversible sur un calendrier multi-générationnel. » Il cite aussi la Papouasie Nouvelle-Guinée, qui s’était engagée dans la voie de l’exploitation et qui a perdu près de 13 milliards Fcfp d’argent public dans l’aventure avant l’effondrement du projet. En 2019, le Forum des îles du Pacifique avait demandé un moratoire de 10 ans sur l’exploitation minière des océans. L’année dernière, la Cour suprême de Nouvelle-Zélande l’a jugée trop trop dangereuse pour être autorisée dans ses eaux.
Mais Oscar Temaru est resté sur son appel à l’abstention à l’élection présidentielle, même au risque de voir arriver à l’Élysée un candidat opposé à la maîtrise de ces ressources par les Polynésiens. « Chat échaudé craint l’eau froide », dit-il en évoquant la convention Tavini-Parti socialiste ou la phrase d’Emmanuel Macron « la colonisation est un crime contre l’humanité », toutes deux non suivies d’effets pour la Polynésie.