Oscar Temaru a exprimé ses réserves sur l’inscription des Marquises au patrimoine mondial de l’Unesco, un dossier qui doit aboutir en fin de semaine. Le président du Tavini y voit une manière pour l’État de garder le contrôle sur l’archipel.
Oscar Temaru avait invité la presse ce matin pour partager ses inquiétudes sur l’inscription des Marquises au patrimoine mondial de l’Unesco. Dans ce dossier vieux de 30 ans, que le Tavini lui-même a eu en main, c’est donc trois jours avant la décision finale que le président du parti bleu ciel fait part de ses réserves, alors que deux ministres, Taivini Teai et Ronny Teriipaia, ainsi que les hakaiki des Marquises partent à New Delhi où se tient la réunion de l’Unesco. Il se demande si l’Unesco est bien au courant que les Marquises ont été elles aussi contaminées par les essais nucléaires atmosphériques en 1967 : « On ne sait pas ce qu’il se raconte à l’Unesco concernant les Marquises ».
Mais surtout, il estime que les Marquises deviennent ainsi une partie du patrimoine de la France. « On a l’impression qu’une fois qu’on sera sur la liste c’est nous qui allons gérer ça, c’est complètement faux, ça va faire partie du patrimoine de l’État. Si on veut venir au niveau de l’Unesco il faut qu’on soit un état souverain. »
« Colonialisme » culturel et « emMayottage » des Marquises
Pour Mitema Tapati, l’inscription au patrimoine mondial signifie « qu’on n’est même pas capable de gérer notre patrimoine » mais « est-ce que l’Unesco peut aller récupérer tout ce que les gens ont volé d’ici ? » Techniquement la préservation des biens inscrits sur la liste de l’Unesco est de la responsabilité de l’état signataire, même si un suivi est réalisé par des organismes internationaux indépendants. De là à dire qu’une organisation des Nations Unies se rend coupable de colonialisme culturel, le pas semble assez vite franchi.
Oscar Temaru craint que cette inscription au patrimoine mondial soit une occasion pour la France d’ « emmailloter » les Marquises, en référence à Mayotte qui avait refusé l’indépendance des Comores et est finalement devenue département français en 2010.
On se souvient que début mai, la résolution de l’assemblée de la Polynésie française soutenant la candidature des Marquises avait été retirée de l’ordre du jour, provoquant une tournée de la vice-présidente Eliane Tevahitua dans un dernier effort pédagogique auprès de quelques récalcitrants ; depuis 2021, 51 réunions ont été tenues dans les îles de l’archipel, mais Mitema Tapati soulignait ce matin que les Marquisiens qui résident à Tahiti, par exemple, n’ont pas été consultés. Les maires des Marquises accusaient alors le Tavini de vouloir « déstabiliser » la candidature de l’archipel. Finalement, le 24 mai, la résolution avait été adoptée à l’unanimité. « On est favorables mais on pose quand même des questions », a conclu Oscar Temaru.
En revanche Oscar Temaru s’est félicité du soutien des maires marquisiens au projet d’aéroport international : « C’est l’évidence même » , dit-il, évoquant les possibilités de développement économique que le projet laisse entrevoir.