Radio1 Tahiti

Oui, certains sodas produits au fenua sont plus sucrés qu’en métropole

Le directeur de la Brasserie de Tahiti Bruno Bellanger avait affirmé mardi que la Chambre territoriale des comptes avait commis une « erreur » à propos des teneurs en sucre des sodas locaux et de leur comparaison avec la métropole. La CTC explique pourtant avoir collecté des informations sur les sites des fabricants. Après vérification en magasin, et si beaucoup de sodas ont vu leur taux s’aligner avec ceux de métropole, et baisser de façon plus générale ces dernières années, deux références produites sous licence par la Brasserie restent plus sucrées qu’au plan national.

Dans son rapport sur la prévention de l’obésité chez les jeunes, présenté à l’assemblée la semaine dernière et non publié puisqu’il est destiné à être inclus dans un rapport national – la Chambre territoriale des comptes (CTC) consacrait un encadré aux « teneurs en sucre de certains sodas en Polynésie française ». Les magistrats financiers, comme l’avaient déjà relevé Tahiti Infos, y pointent que certains sodas produits localement sous franchise de grandes marques internationales sont plus sucrés que ceux qui sont produits, sous la même marque, en métropole. La CTC épinglait notamment le Fanta orange, avec « 13 grammes de sucre pour 100ml » contre 6,5 dans l’Hexagone, et le Schweppes Indian Tonic, à « 8,2 grammes » au fenua contre 4,4 ailleurs. Des différences qui interpellent, même si la chambre relevait elle-même que d’autres boissons très populaires, et notamment le Coca-Cola, ont la même teneur en sucre en Polynésie et en France.

Mais ces constats, ou en tout cas une partie, ont été remis en cause par le directeur général délégué de la Brasserie de Tahiti, à l’occasion d’une interview réalisée mardi sur les hausses de taxes sur les produits sucrés. Bruno Bellanger, qui rappelle que beaucoup d’efforts ont été faits par son entreprise et par les autres industriels pour faire baisser les taux de sucre, parlait alors d’une « erreur monumentale » et dommageable de la CTC. Et précisait que seules deux références sur les 25 produits par la Brasserie dépassaient aujourd’hui la barre des 10 grammes de sucre par 100 ml, une proportion en nette baisse ces dernières années.

Le président de la CTC Jean-Luc Mercier n’avait pas tardé à lui répondre. « Les informations portant sur les taux de sucre de certains sodas obtenus au cours de cette enquête proviennent des données publiques disponibles en accès libre sur le site internet du fabricant » et « celles-ci ont été versées par captures d’écran au dossier d’instruction », expliquait mercredi le magistrat par communiqué.

Radio1 a donc fait ses propres comparaisons, dans des magasins tahitiens et sur des étiquettes de produits équivalents vendus en métropole. Il s’avère que les deux produits mentionnés par le rapport de la chambre, le Fanta et le Schweppes Indian Tonic sont effectivement plus sucrés dans leur version tahitienne. Mais les teneurs que nous avons relevées localement diffèrent de celles indiquées par le rapport. Le Fanta orange affiche, à Tahiti, un taux de sucre de 9,7 grammes par 100 ml – en-dessous de la barre des 10 comme l’expliquait Bruno Bellanger – contre 6,5 en France. Le Schweppes Indian Tonic, en revanche grimpe à 8,9 grammes de sucre, contre 4,4 dans l’Hexagone. Les autres boissons produites localement et sous franchise par la Brasserie de Tahiti, notamment Coca Cola et Orangina, affichent, elles, une teneur en sucre strictement équivalente à celle du national.

À la Brasserie de Tahiti, on précisait mardi que ces taux ont baissé d’année en année, suivant une « tendance mondiale » mais aussi en réponse aux incitations fiscales du Pays qui taxe les produits sucrés, en fonction de leur teneur, depuis 2001. Bruno Bellanger expliquait que cette tendance « très marquée » depuis 5 ou 6 ans, allait se poursuivre, « petit à petit ». Sur les boissons produites sous franchise, des discussions sont nécessaires avec les entreprises propriétaires de la marque pour faire évoluer les recettes.