L’association Team Outumaoro ne cesse de démontrer son dynamisme pour redorer l’image de son quartier et améliorer le quotidien de ses habitants. Ce matin, elle a présenté au maire de la commune et aux représentants du contrat de ville le fruit de l’opération « Potager Terega ». Depuis novembre, 19 familles ont commencé à cultiver un potager dans leurs jardins. Au-delà d’offrir fruits et légumes aux familles, les vertus sociales de ces potagers sont indéniables.
Novembre 2020, alors que la population est confinée, l’association Team Outumaoro qui œuvre pour l’ensemble de ce quartier sensible de Punaauia chercheà occuper ses habitants. Au sein de l’association, quatre sœurs particulièrement dynamiques, moteurs de l’association, se distinguent. Parmi elle, Monique Tetu. Elle a suivi une formation pour créer et entretenir un potager. Une fois, ce savoir faire acquis, Monique a voulu le partager avec son quartier. « J’aime bien donner ce que j’ai appris afin que toutes les familles puissent retransmettre aux futures générations. Ce serait bien car on pourrait se nourrir soi-même au lieu d’aller d’acheter d’autres produits. Cela économise et ça évite d’aller acheter au magasin alors que tu peux le faire chez toi. »
Une idée qui a rapidement séduit. L’initiative entièrement bénévole, a d’abord démarré avec les moyens du bord. L’aide de la commune et du contrat de ville a ensuite permis d’apporter un coup de pouce financier de 500 000 francs pour l’achat de matériel, de graines et de terreau. Aujourd’hui, les plants de tomates, de salades, de choux de pota ou de poireau sortent de moindre carré de terre disponible dans le jardin des 19 familles participantes à l’opération. Et quand l’espace vient à manquer, les habitants ne manquent pas d’imagination, une palette en bord de route se transforme en jardin suspendu, la benne d’un vieux pick-up devient une jardinière XXL.
Le jeune Mike a lui aussi profité du savoir faire de l’association et y a apporté sa propre touche en confectionnant son support à semis à la manière d’un tipi amérindien. Une nouvelle passion qui, au-delà de l’aspect utile et nutritif l’a éloigné de l’oisiveté et des mauvaises fréquentations. « Comme on dit, je traînais en bord de route, je faisais des bêtises comme en font les jeunes en ce moment. Mais grâce à l’association qui m’a beaucoup aidé et poussé à planter, je me suis lancé vu que nous sommes une famille nombreuse. Derrière il y a à manger, et tu n’as plus le temps d’aller n’importe où, tu es obligé de t’occuper de tes plantes, d’en prendre soin, ce sont comme des bébés, elles ont vraiment besoin de toi. »
Mike est un exemple parmi d’autres de la réussite du projet. Au-delà du simple aspect alimentaire, il a renforcé les liens des familles de la servitude Terega. Les échanges de graines et d’astuces de culture ont poussé les habitants à échanger, et se rapprocher. « Avant les gens du haut et du bas du quartier ne se parlaient pas. Maintenant les gens se sont rapprochés, il y a une vraie cohésion », se réjouit Jenny Tetu, membre active de l’association.
Présent ce matin pour assister à la première récolte, Simplicio Lissant, le tavana de la commune s’est dit « heureux et fier » du travail de terrain de l’association qui « unifie enfin cette grande famille de Outumaoro. » Un constat tout aussi positif pour William Temauhuki, directeur du syndicat mixte en charge du contrat de ville pour qui la « terre soude les familles où la communication est souvent difficile entre les générations. Ces jardins amènent à une activité familiale avec le langage universel de la terre qui est aussi porteur de valeurs polynésiennes très importantes. »
Un projet qui pourrait désormais s’élargir dans tout le quartier de Outumaoro. La réussite affichée dans la servitude Terega devrait essaimer dans toutes les rues voisines.