Pour répondre à la demande des maires des communes de Hao, Arutua et Fakarava, qui souhaitent ouvrir leur lagon, pour une période déterminée, aux fins de pêcher le Trochus niloticus, plus connu sous le nom de troca ; le ministre des ressources marines, Temauri Foster s’est attaché, avec la direction des ressources marines, à en définir les modalités d’exploitation et de commercialisation, sur la base de la réglementation en vigueur. C’est une opportunité pour les habitants des Tuamotu qui au travers de cette ressource marine perçoivent un complément financier non négligeable, notamment, en période de crise.
La pêche au troca : une activité réglementée depuis 1962 :
Ce mollusque marin contrairement aux idées reçues, n’était pas présent naturellement dans nos eaux. C’est en 1957 que les trocas ont été introduit en Polynésie française, 80 individus originaires du Vanuatu et de Nouvelle-Calédonie ont contribué au peuplement de tous nos archipels ; un ensemencement favorisé par l’adoption d’une réglementation en 1962 visant à interdire l’exploitation de ce mollusque jusqu’en 1970, date à laquelle les premières pêches furent autorisées à Tahiti, sur le principe du rahui.
Aujourd’hui, c’est la délibération du 8 décembre 1988 qui s’applique et réglemente l’exploitation de ce gastéropode. Ainsi, il est « interdit de pêcher, de transporter, de détenir, de commercialiser et de consommer des trocas », sauf dérogation octroyée par le conseil des ministres dans le cadre d’une pêche communautaire.
Ce texte prévoit, entre autre, la mise en place d’un comité de surveillance composé de personnalités représentant les intérêts publics tout autant que privés, dans chaque commune concernée, aux fins de veiller au respect de la réglementation lors de l’ouverture des lagons à la pêche aux trocas.
Renforcer les moyens de surveillance aux fins de préserver et pérenniser notre ressource :
En regard du principe qu’un troca d’une taille de 12 cm pond 5 fois plus d’œufs qu’un troca de 9cm, la surveillance des pêches joue un rôle essentiel dans le maintien du stock naturel. Ce point capital a été souligné par le ministre des ressources marines, Temauri Foster, lors de la rencontre qui s’est tenu, au sein de la direction des ressources marines, avec les maires et représentants des communes. A cet effet, il leur a été rappelé qu’un arrêté pris en conseil des ministres fixe la taille de capture entre 8 et 11 cm. Ainsi, les comités de surveillance des communes de Fakarava, Hao et Arutua devront être les garants du respect de la réglementation en vigueur.
« Les prérogatives du comité de surveillance ne se limitent pas qu’à la surveillance de la pêche au troca mais peuvent s’étendent à toutes les pêches pratiquées sur toutes les espèces aquatiques à l’instar du rori dont le projet de délibération sera soumis d’ici peu à l’assemblée de la Polynésie » précise Temauri Foster.
Fakarava, un juste milieu entre préservation et développement :
Classé réserve de biosphère en 2006, la commune de Fakarava comprend 7 atolls : Kauehi, Aratika, Niau, Raraka, Taiaro, Toau et Fakarava. Seul l’atoll de Taiaro est classé réserve intégrale ce qui signifie que « toutes activités et extractions sont prohibées ». La réserve de biosphère ne disposant pas de règlement prédéfini, il est apparu que l’outil réglementaire le plus adapté était le Plan de Gestion de l’Espace Maritime (PGEM), ce qui permet, en autre, de garantir le label « réserve de biosphère ». Ainsi, la demande de la commune de Fakarava visant à autoriser l’exploitation des trocas temporairement a fait l’objet d’une instruction spécifique par les agents de la direction des ressources marines ; l’enjeu étant de concilier préservation de la biodiversité et développement économique.
Ainsi de 1971 à 2000, 154 campagnes de pêches ont été menées en Polynésie française pour un tonnage d’environ 2210 tonnes de coquille et un prix moyen d’environ 300 FCFP / kg. A l’issue de cette période, la pêche aux trocas a été interdite sur une période de 5 années du fait d’une diminution de la ressource et d’un cours à la baisse. Ce n’est qu’entre 2006 et 2008 que les campagnes de pêches ont repris sur la base d’un nouveau schéma d’exploitation défini par la direction des ressources marines, qui repose sur 4 éléments fondateurs :
1. prioriser la qualité,
2. respecter les tailles,
3. valoriser la chair,
4. renforcer l’implication des comités de surveillance à la gestion de leurs ressources.
Après avoir défini avec les élus des Tuamotu unanimes, le calendrier des pêches et les modalités pratiques liés à l’exploitation et la commercialisation des trocas, le ministre des ressources marines, Temauri Foster présentera prochainement, un arrêté en conseil des ministres, visant à autoriser la pêche aux trocas pour une période et des quotas déterminés sur 7 atolls des communes de Hao, Arutua et Fakarava.
Temauri Foster précise : « que l’autorisation de pêche qui sera accordée par le conseil des ministres aux communes de Hao, Arutua et Fakarava est fondée sur l’historique des captures dans ces atolls qui font état d’un potentiel d’exploitation à hauteur de 230 tonnes sans affecter le stock naturel. L’objectif est de garantir aux familles des Tuamotu un revenu complémentaire ».
Pour rappel, la délibération de 1988 prévoit qu’en cas de pêche, de détention, de transport et de commercialisation illégale de troca (sans autorisation administrative), le coupable encourt une peine de deux à six mois d’emprisonnement et/ou une amende de 150.000 à 300.000 FCFP. Le récidiviste encourt jusqu’à 400.000 FCFP d’amende.
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