Radio1 Tahiti

Panama Papers: la Société générale contre-attaque en justice après plusieurs mises en cause

Paris (AFP) – La Société générale va lancer des poursuites en diffamation, notamment contre son ex-trader Jérôme Kerviel, après avoir été la cible d’attaques multiples liées à la vaste enquête des Panama Papers.

La banque a annoncé jeudi son intention de poursuivre également le dirigeant du Parti de gauche Jean-Luc Mélenchon, ainsi que l’avocat de M. Kerviel, Me David Koubbi, leur reprochant des « propos calomnieux » à son encontre.

M. Mélenchon a affirmé jeudi matin sur France Info que les dirigeants de la banque étaient des « menteurs » qui devaient « être châtiés », tandis que M. Kerviel a déclaré que la Société générale était « multirécidiviste des infractions ».

« Les propos calomnieux tenus à l’encontre de la Société générale et ses dirigeants par M. Mélenchon et les membres du comité de soutien de Jérôme Kerviel qui, il faut le rappeler, a été condamné au pénal à plusieurs reprises pour faux et usage de faux et abus de confiance, sont, non seulement intolérables et inacceptables pour la Société générale et pour ses 145.000 salariés, mais surtout relèvent de la diffamation », a indiqué la banque dans un communiqué.

La « Société générale ne laissera pas proférer de telles accusations (…) et a donc donné instruction de lancer les actions judiciaires en diffamation à l’encontre de M. Mélenchon, M. Koubbi et M. Kerviel ainsi que de toute personne qui proférerait de tels propos », ajoute-t-elle.

La Société générale fait partie des banques mentionnées dans l’affaire Panama Papers pour avoir ouvert pour le compte de clients 979 sociétés offshore via Mossack Fonseca.

La banque française s’était déjà défendue en affirmant que quelques dizaines de ces sociétés seulement étaient encore en activité et qu’elles étaient gérées de façon « totalement transparente ».

Mercredi, son directeur général Frédéric Oudéa avait dénoncé « les amalgames et les inexactitudes » dans ce dossier.

Le même jour, le sénateur communiste Eric Bocquet avait annoncé que son groupe allait saisir le bureau du Sénat afin que M. Oudéa soit poursuivi pour faux témoignage. Il lui reproche d’avoir menti lors d’une audition au Sénat en 2012. M. Bocquet avait aussi prévenu qu’il avait, « à titre personnel », fait appel à Me Koubbi « pour agir sur le dossier ».

– Informations ‘complémentaires’ –

M. Mélenchon, qui soutient l’action de M. Bocquet, a affirmé jeudi soir sur sa page Facebook qu’il « ne se tairait pas ». « La lutte est engagée. Sa signification est la suivante: les banques ont-elles le pouvoir de faire taire ceux qui les critiquent quand elles agissent contre l’intérêt général? »

Me Koubbi a pour sa part ironisé, sur BFMTV, sur le fait que l’avocat de la Société générale, « Me Jean Veil, a annoncé tout un tas de plaintes qui n’ont jamais touché les bureaux de qui que ce soit ». « Je crois que c’est un contre-feu et qui fonctionne bien, ils sont très bons en communication », a-t-il ajouté.

En 2012, devant la commission d’enquête sénatoriale sur l’évasion de capitaux, M. Oudéa avait déclaré sous serment que sa banque avait fermé ses implantations dans les pays figurant sur la liste grise des paradis fiscaux, ainsi que dans les États jugés non coopératifs, comme Panama.

Le sénateur LR Philippe Dominati, ex-président de cette commission d’enquête, a souhaité jeudi soir que M. Oudéa soit de nouveau auditionné, mais a jugé « irresponsable de dire qu’il y a faux témoignage sans débat contradictoire ».

cL’annonce par la Société générale de ces poursuites en diffamation intervient alors que la banque et M. Kerviel s’affrontent déjà sur le terrain judiciaire depuis plusieurs années.

L’ex-trader, accusé en janvier 2008 d’avoir fait perdre 4,9 milliards d’euros à son employeur, a été condamné à cinq ans de prison, dont trois ferme. Incarcéré en mai 2014, il a bénéficié d’une mise en liberté conditionnelle en septembre suivant. En mars dernier, la justice a remis à plus tard toute décision sur un éventuel nouveau procès de M. Kerviel.

Jeudi, le régulateur des banques françaises a indiqué avoir demandé aux établissements bancaires des informations « complémentaires » concernant leurs activités dans les paradis fiscaux.