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Paranoïaque, il met le feu à sa maison

Avoir mis le feu à sa maison, frappé un gendarme et menacé de mort un surveillant du centre pénitentiaire de Tatutu, voila les faits reprochés à un homme qui était jugé en comparution immédiate ce lundi. Il a écopé de trois ans de prison. Cette affaire met en lumière l’absence d’établissement spécialisé pour soigner les détenus atteints de troubles psychotiques.

À sa récente sortie de prison, l’homme de 31 ans est parti vivre à Tubuai sur un terrain « qui appartient à ma maman. » Une mère qui a mis fin à ses jours, alors qu’il avait huit ans. Tantôt élevé par son père, tantôt dans des familles d’accueil, il est ballotté de gauche et à droite. Un expert dira de lui qu’il est « immature, qu’il souffre d’une forme de paranoïa et qu’il convient de lui imposer des soins. »

À Tubuai, il vit dans une maison de pinex et de tôle. La propriétaire en serait sa tante, du moins c’est ce qu’elle prétend. Quant au terrain, qu’il affirme appartenir à sa mère, là aussi, la situation n’est pas claire. Ils seraient plusieurs personnes de la famille à le revendiquer. Autour de lui, dans son proche voisinage, vivent des membres de la famille. Et il les entend dire du mal de lui quotidiennement. « Ils me critiquent tous, ils veulent que je quitte Tubuai, que je dégage de la maison, ils me mettent la pression. »

« Ils voulaient prendre possession de ma maison, alors j’y ai mis le feu. »

Le 4 octobre, n’y tenant plus, il s’empare d’une barre de fer et passe sa rage et sa rancœur sur le mobilier. Il détruit tout dans la maison. Puis il part se réfugier au bord de mer. De là, il voit les mutoi se rendre à son domicile. Il se cache. Dès leur départ, il se rend à sa maison, s’empare d’une couverture, y met le feu à l’aide d’essence et l’accroche à la porte. Le fare s’embrase et les pompiers sont appelés par les voisins. À leur arrivée, il ne reste qu’un tas de cendres et des tôles calcinées. L’homme a disparu.

Alertée par le maire, la tante se rend alors sur les lieux. Elle décide de porter plainte. Elle confiera aux gendarmes que son neveu « souffre de troubles mentaux, quand il a des crises, il casse tout. Mais là, c’est pire. » Il l’aurait insultée et menacée, lui disant de prendre garde à sa maison.

L’homme étant introuvable, les gendarmes décident de se mettre en planque. En fin de soirée, il réapparaît sur les lieux et est interpellé. Alors en pleine crise « psychotique », il est emmené au dispensaire où on lui administre un sédatif. Pas d’effet. Alors qu’on tente de lui faire une deuxième piqûre, il se rebelle et ce faisant, il donne un coup de pied à la mâchoire à l’un des gendarmes qui tentent de le maîtriser. Le gendarme s’en tirera avec une journée d’ITT.

Sur l’incendie l’homme expliquera son geste en réaction à l’animosité supposée de ses voisins. « J’ai préféré partir, ils voulaient que je dégage de chez moi. Ce jour là, je n’en pouvais plus. J’ai craqué et j’ai mis le feu. Ils voulaient prendre possession de ma maison. »

Il menace un surveillant à Tatutu

L’homme libéré récemment du centre pénitentiaire de Tatutu comparaissait aussi pour avoir, au mois de juillet, proféré des menaces de mort sur un surveillant. La cause : on avait servi son repas en dernier. Le surveillant expliquera que, l’accusé étant considéré comme dangereux, les surveillants avaient comme consigne d’être deux pour ouvrir sa cellule. Le surveillant étant seul ce soir-là, il attendait son collègue pour livrer son repas. Le prévenu l’aurait insulté et en plaçant son pouce sous sa gorge, simulé le geste d’un égorgement. « Je préférerais être en prison en métropole, ici on me critique toujours, ils s’organisent pour me critiquer. On me sert les repas en dernier et ils crachent dedans. Je vois de la crache dans mes repas. Ils m’en veulent », assure-t-il à la barre.

Il explique, concernant son simulacre d’égorgement, « J’ai fait le geste pour montrer que j’avais compris qu’ils voulaient me couper la tête. Je n’ai pas un cœur pour tuer. J’ai compris que je n’aurais pas du rentrer dans leur jeu. C’est pour cela que je veux aller en métropole. Il ne faut pas je tombe dans leur jeu. »

 « L’ice m’a guéri »

Interrogé sur une éventuelle consommation de stupéfiants, il précise que s’il fume du paka, « l’ice m’a guéri ». Quant à des éventuels soins, l’homme ne les suit plus. « Cela fait depuis 2017 que l’on me fait des piqûres sans explications. ». Toutefois, quant il était incarcéré on lui donnait « deux pilules le matin et deux le soir. »

À la question du juge, « comment envisagez-vous votre avenir ? » l’homme se met à pleurer. « Je voudrais une dernière chance. Etre à l’extérieur de la prison. C’est mieux pour moi. S’ils ne veulent pas de moi à Tubuai, j’irais ailleurs. »

Pour le procureur de la République, son casier est émaillé de 10 condamnations pour destruction, violences, dont la dernière remonte à 2017 où il a purgé trente mois de prison avec obligation de soins. « Il refuse de se plier à cette obligation et ne prend pas en considération son état. Il est accessible à une sanction pénale. Au regard de la multiplicité des faits, je requiers trois ans de prison et son maintien en détention afin d’assurer la sécurité de nos contemporains et il sera ainsi soigné. »

« Mon client est victime de lui-même. »

Pour la défense, cette affaire ne devrait pas se plaider en correctionnelle « Mon client est victime de lui-même. Son coup de pied à un gendarme, c’est un réflexe, il ne porte même pas de chaussures. (…) Ce sont les risques du métier. » Quant aux menaces de mort sur un surveillant, « les surveillants ont été envoyés en formation, je me demande bien ce qu’ils y ont appris. Trancher la gorge, soyons sérieux, mon client a besoin d’un suivi. »

Le tribunal a suivi le réquisitoire du procureur et l’a condamné à trois ans de prison ferme. Quant au surveillant il recevra 30 000 Fcfp au titre du préjudice moral.

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