Radio1 Tahiti

Patrick Capolsini : « C’est le rôle de l’université d’accueillir tout le monde »

©CP/Radio1

Patrick Capolsini, président de l’Université de la Polynésie française, était l’Invité de la rédaction de Radio1 ce mardi. Il fait le point sur les projets de l’UPF, ses efforts pour satisfaire un public étudiant très varié, pour éviter le décrochage, ou encore pour suivre un cursus à distance. Mais une université du bout du monde ne peut pas tout, et pour nombre d’étudiants, il faudra aller se former à l’extérieur. 

La rentrée universitaire, qui a commencé lundi, était l’occasion de recevoir le président de l’UPF, Patrick Capolsini. L’université, qui a connu un afflux d’étudiants durant la période Covid où les voyages étaient impossibles ou presque, revient cette année à des effectifs similaires à ceux de 2019 : 3 200 étudiants dont 1 000 à 1 200 en première année.

L’actualité de l’UPF, c’est Narua, ce projet qui bénéficie d’une subvention de plus d’un milliard sur 8 ans, et qui doit permettre de poursuivre la modernisation de la carte des formations proposées. « On cherche à répondre aux besoins du monde du travail polynésien », dit-il en citant notamment un nouveau Master en contrôle comptabilité.

https://www.radio1.pf/cms/wp-content/uploads/2022/08/CAPOLSINI-01-NARUA-VOLET-1.wav?_=1

Le projet Narua ambitionne de créer des échanges d’étudiants mais aussi d’enseignants et de chercheurs, une sorte de programme Erasmus du Pacifique, principalement avec des universités de Hawaii, d’Australie et de Nouvelle-Zélande, c’est-à-dire « dans la zone où on a véritablement des choses en commun. » Un des points forts sera l’évolution vers le trilinguisme, français-anglais-tahitien : « Si on veut être attractif il faut qu’on aie des cours qui se déroulent en anglais », souligne Patrick Capolsini.

https://www.radio1.pf/cms/wp-content/uploads/2022/08/CAPOLSINI-02-NARUA-VOLET-2.wav?_=2

« Apprendre à apprendre »

La première licence qui ouvrira dans ce cadre, en septembre 2023, aura pour objet le développement durable et toutes les grandes transitions – écologique, énergétique, numérique – qui l’accompagnent. Une « sensibilisation » qui doit, à terme, imprégner toutes les formations dispensées à l’UPF.  Mais pour quels métiers au juste ? Patrick Capolsini n’a pas encore de réponse précise, mais il est persuadé que le monde de demain aura besoin de ces nouveaux points de vue. Parce que, dit-il, « on est aussi là pour former des bons citoyens ». Mais, au-delà des formations professionnalisantes, l’Université doit conserver son rôle généraliste, dit son président : elle doit « apprendre à apprendre », et donner aux étudiants la méthodologie qui leur manque souvent à l’entrée en fac.

Reste que l’UPF ne peut pas offrir toutes les formations : certains étudiants s’inscrivent dans une filière par défaut, par exemple des étudiants qui n’ont pas trouvé de place en BTS, admet Patrick Capolsini, ce qui n’est pas sans incidence sur le taux de réussite général. Une position assumée : « c’est le rôle de l’université d’accueillir tout le monde. »

Mais la critique de Tematai Le Gayic sur le manque de filières en Polynésie est à ses yeux irréaliste, car créer des formations est « à la fois très compliqué et très onéreux ». Mieux vaut développer les bourses pour encourager les jeunes à se former à l’extérieur, dit-il, car voyager forme la jeunesse, et ce n’est pas le député qui dira le contraire.

https://www.radio1.pf/cms/wp-content/uploads/2022/08/CAPOLSINI-03-FILIERES-VS-BOURSES.wav?_=3

Quand au classement de l’UPF à la 64e place sur 68 universités françaises, Patrick Capolsini souligne que toutes les dernières places sont occupées par les universités d’Outre-mer, où « la physionomie des baccalauréats n’est pas la même » qu’en métropole et que « l’université est peu ou même pas du tout adaptée aux titulaires de bacs professionnels et de certains bacs technologiques. Donc quand on s’inscrit par défaut dans une filière et qu’on nous demande beaucoup de travail, évidemment la démotivation est là et l’abandon suit très vite. » Mais il existe un dispositif pour les aider, explique-t-il :

https://www.radio1.pf/cms/wp-content/uploads/2022/08/CAPOLSINI-04-SOUTIEN.wav?_=4

« Les jeunes Polynésiens s’intéressent de plus en plus à la recherche »

Et pour améliorer les conditions de vie des étudiants, qui ont aussi des problèmes de logement et de transport, Patrick Capolsini rappelle que ces dernières années, l’offre de logements et de transport a été améliorée, qu’il y a des assistantes sociales, des psychologues, des diététiciens qui travaillent avec l’université.  Les campus connectés sont en place dans les archipels : à Raiatea qui va doubler sa capacité à plus de 30 étudiants, à Rangiroa et Nuku Hiva qui ouvrent cette année, et bientôt à Teva i Uta. Les Australes, qui ne sont pas encore raccordées au câble sous-marin, devront encore attendre. Patrick Capolsini place également beaucoup d’espoir dans les futurs « campus des métiers et des qualifications », cette mise en réseau de plusieurs établissements dans des filières dites d’avenir, l’hôtellerie-restauration, et bientôt les métiers de la mer et ceux du numérique.

Enfin l’Université de la Polynésie française n’a, elle, aucun mal à recruter, et compte de nombreux enseignants-chercheurs sont les travaux donnent à l’UPF de « très bons indices de publication. » 50 étudiants travaillent actuellement à leur thèse de doctorat.

https://www.radio1.pf/cms/wp-content/uploads/2022/08/CAPOLSINI-05-50-THESARDS.wav?_=5

« On fait le maximum pour vous accueillir dans les meilleures conditions, et tout ce qu’on attend de vous c’est de l’implication et du travail », conclut le président de l’UPF à l’attention des étudiants.