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Pêche : « Sans les hommes, on ne peut rien développer, il faut parler aux jeunes de ce secteur »

Devant les professionnels de la pêche, ce matin, le secrétaire d’État à la mer Hervé Berville a une fois de plus assuré du soutien de l’État aux ambitions du Pays. Pour tripler les prises et multiplier les exportations, les autorités parlent de rénovation portuaire et de chantiers navals… Mais c’est avant tout la formation qui doit être dopée, pour faire émerger plus d’un millier de marins polynésiens. Une étude devrait, d’ici 6 mois, identifier précisément les diplômes et enseignants manquants au fenua.

Après le Musée des îles, Tetiaroa ou le JRCC ce weekend, le secrétaire d’État à la mer était au port de pêche ce lundi matin. Une visite très attendue, notamment par les professionnels du secteur. Armateur, pêcheurs, transformateurs, responsables d’ateliers de découpe ou d’infrastructures portuaires… Tous étaient réunis pour une réunion d’échange aux abords des quais. L’occasion pour Hervé Berville de rappeler que la Polynésie se distingue au niveau national et international, par sa gestion des stocks de poissons dans la ZEE.

Davantage de pêche… Si elle reste durable

« Je pense que nos concitoyens ne mesurent pas à quel point la gestion de la ressource ici du poisson est remarquable, c’est-à-dire qu’on a une ressource qui est en bon état, on a des techniques de pêche avec peu d’impact sur la ressource, avec des captures de pêche très faible… Bref, on a une gestion de la pêche durable qui est remarquable et il faut savoir le valoriser », pointe l’ancien député macroniste nommé en 2022 au sein du gouvernement d’Élizabeth Borne. J’ai dit aux professionnels que l’État et le gouvernement français étaient à leur côté pour continuer dans cette direction, que c’est une priorité pour nous, pour des raisons de souveraineté alimentaire, de préservation de la biodiversité, d’adaptation aux effets du changement climatique ».

Et la direction, elle a été fixée par le Pays, compétent en matière de pêche et d’économie. Tripler l’effort de pêche dans la ZEE, passer de 2000 à 15 000 le nombre de tonnes de poisson exporté, créer 1000 à 1500 emplois liés au secteur…. voilà le cap du gouvernement Brotherson. L’État se dit prêt à suivre, mais veut commencer par le début : restructurer et intensifier la formation maritime au fenua. Hervé Berville, qui a aussi visité le centre des métiers de la mer de Motu Uta a d’ores et déjà commandé une mission qui doit rendre ses conclusions dans 6 mois et permettre de cibler les besoins de création de filières, de diplômes, de professeurs, ou d’aides d’État.

« Sans les hommes on ne peut rien développer »

Une priorité qui semble aussi être celle des professionnels : « Sans les hommes on ne peut rien développer, pointe Georges Moarii, le patron d’Ocean Products. Aujourd’hui nous sommes en déficit de marin et notamment de capitaine de pêche et il faut vraiment relancer la formation, susciter des vocation au niveau des jeunes ».

Pour l’armateur, la formation maritime n’atteint pas ses objectifs parce qu’elle « s’adresse surtout à des adultes ». « Maintenant il faut s’adresser beaucoup plus à des jeunes, dans les lycées et collèges, insiste-t-il. C’est pour ça que le projet de collège de la mer, je pense que c’est une bonne chose pour l’avenir ». Pour le reste, le professionnel salue « l’ambition » du gouvernement Brotherson dans sa filière. Combien de temps faudra-t-il pour atteindre les objectifs fixés ? « On a mis plus de 25 ans à créer ce qu’on a, 80 bateaux dans la flotte, 400 pêcheurs qui naviguent, 400 personnes qui travaillent à terre dans les ateliers… Je ne pense pas qu’il faille autant de temps pour avancer, parce qu’on a beaucoup plus d’expérience… Mais il faudra plus que 5 ans pour pouvoir y arriver ».

 

Vers une convention État-Pays… Et peut-être d’autres partenariats

Hervé Berville a retrouvé, plus tard dans la journée, une bonne partie des représentants du secteur maritime réunis à la présidence, en présence du Haut-commissaire et de certains membres du gouvernement. L’occasion d’échanger de nouveau, mais surtout de signer un protocole d’accord avec Moetai Brotherson. La marque « intention politique », explique le secrétaire d’État, qui avait côtoyé le président du Pays sur les bancs de l’assemblée, celle de faire du développement maritime « une priorité commune ». Le protocole doit déboucher, au premier trimestre 2024 – après les résultats de l’étude commandée à Paris – sur une réelle convention État – Pays qui décrira les engagements financiers et techniques de chacun autour de trois piliers ». La formation, bien sûr, avec au centre des discussions le campus des métiers de la mer. L’économie maritime locale, ensuite, avec les infrastructures portuaires dont le dock flottant, la transition écologique des navires, ou la signalisation maritime. Et enfin la protection des océans, avec un « combat commun » contre l’exploitation des fonds marins et la pêche illégale ou non-durable à l’échelle de la région.

Pas de chiffres, pour l’instant, notamment en termes d’engagements financiers. Mais Moetai Brotherson, qui rappelle que les ambitions maritimes du fenua passeront aussi par d’autres partenariats, avec des pays océaniens ou asiatiques, se satisfait tout de même de ce premier pas. « Il faut d’abord définir le besoin, les objectifs, ensuite on met en place la méthode pour y arriver et c’est uniquement une fois qu’on a la méthode qu’on peut mettre des chiffres en face de chaque action », précise le chef du gouvernement. Une fois les chiffres sur la table, l’Etat sera sollicité, le Pays, compétent en matière de développement, prendra sa part… « Et puis sur peut-être qu’on aura des coopérations régionales ou internationales, reprend le président de retour du Forum des îles du Pacifique. J’ai des pays comme la Corée du Sud comme Singapour qui se sont montrés intéressés à venir coopérer sur ces domaines du maritime avec nous. On ne s’interdit aucune piste »

 

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