Voilà plusieurs années que le fenua ne forme plus de chauffeurs de bus, en dehors du RSMA, faute de véhicule adapté. Pour y remédier, la compagnie RTCT, gestionnaire du réseau Tere Tahiti, a commandé un bus-école en Chine. D’abord pour renouveler ses propres équipes, mais les formations, qui devraient être assurées par des moniteurs d’auto-écoles spécialisés, pourraient aussi profiter à d’autres entreprises.
Les chauffeurs de bus se font de plus en plus rares à Tahiti. Ce constat est partagé par bon nombre d’entreprises de transports terrestres. La « pénurie » de professionnels formés se serait même aggravée avec la crise Covid, qui avait obligé les compagnies de transports touristiques a laisser partir une partie de leur personnel. Aucune chance que le vivier ne se renouvelle : depuis plus de cinq ans, plus aucune auto-école locale ne propose de formation au permis D, nécessaire au transport de personnes. En cause : l’absence d’autobus permettant l’apprentissage de cette conduite particulière. « Le RSMA est le seul à former au fenua, mais il ne sort qu’une dizaine de chauffeurs par an, ça n’est pas suffisant pour les besoins du marché« , explique un professionnel. Des candidats au permis D font parfois le déplacement jusqu’en Nouvelle-Calédonie ou en Métropole, mais le coût de l’opération en décourage plus d’un.
Plusieurs fois interpellé sur la question, le Pays, qui ne souhaitait pas se substituer au privé dans ce domaine, avait interrogé les auto-écoles sur leurs projets. « Une des entreprises nous a longtemps assuré qu’elle allait commander un nouveau bus-école, mais le projet a visiblement dû être abandonné », explique-t-on dans l’administration. L’auto école en question, explique que sans aide autre que la defiscalisation, l’économie d’un tel investissement n’est pas assurée. Les autorités se sont donc tournées vers un autre acteur de poids : RTCT, la société privée à qui a été confiée la gestion du réseau Tere Tahiti.
Convention avec les auto-écoles
Une société qui compte 300 chauffeurs, et qui réfléchissait déjà à se doter d’un tel équipement pour avoir plus de souplesse dans le renouvellement des équipes. La commande est actée depuis quelques semaines. « C’est un bus spécialement équipé, il est bientôt prêt, mais il faudra encore le temps de l’acheminer jusqu’à Tahiti » explique le responsable de RTCT, Willy Chung Sao. L’idée ? Former de nouveaux chauffeurs pour remplacer les départs en retraite, bien sûr, mais aussi constituer un vivier pour remplacer les chauffeurs qui commettent des fautes dommageables pour le réseau. « Le RSMA nous envoie déjà une dizaine de jeunes formés tous les ans, mais ça n’est pas suffisant », reprend le chef d’entreprise, qui a commandé pas moins de 240 bus en Chine ces trois dernières années pour renouveler la flotte du réseau tahitien.
Pas question, toutefois, de n’utiliser ce bus-école pour les seuls besoin de RTCT. Des conventions devraient être passées avec les auto-écoles qui disposent de moniteurs spécialisés, pour qu’ils puissent procéder à leurs formations, assure la direction. Les auto-écoles ont entendu parler du projet, mais « rien de concret » n’est aujourd’hui sur la table. Il faut dire que la mise en service du bus-école n’est pas pour tout de suite : vu les difficultés du transport maritime, il ne sera pas livré « avant octobre ou novembre prochain ».