Tribune

Petit tour d’horizon…

Taimana Ellacott © Radio1

Mise à part les petits tacles médiatiques fréquents en période d’élection, quelques esquisses de programmes sont apparues dans les médias. Essayons de décortiquer les propositions économiques et financières des compétiteurs :

Le tourisme reste la priorité de tous les participants sans exception

A chacun ensuite sa vision du tourisme. 600.000 pax d’ici 2018 pour l’UPLD ; accentuation du Luxe et facilité d’accès aux îles par un aéroport international à Bora pour le Tahoera’a ; un pacte de reconversion économique pour ATP ; faciliter l’accès à la Polynésie par le low cost pour « Tous Polynésiens » de Teiva Manutahi ; Hôtellerie de luxe et pensions de famille pour coller aux besoins des touristes pour THTA, etc.

Parlons cru mais parlons vrai, ce n’est pas le nombre de touristes qui nous importe mais les recettes qu’ils génèrent. Si l’on arrivait à engendrer les recettes supposées de 600.000 touristes sur 300.000 touristes ce serait très bien… sauf que c’est impossible.

  • Polynésie Française : 196 496 touristes en 2008, 42,5 milliards XPF soit 1812€/pax de recettes
  • Bahamas : 4,6 millions de touristes en 2008, 4,2 milliards USD soit 710€/pax de recettes
  • Hawaii : 7 millions de touristes en 2008, 11,28 milliards USD soit 1254€/paxde recettes
  • Monaco : 900 000 touristes en 2008, 860,25 millions d’euros soit 955€/pax de recettes

Selon ces calculs simplistes (non prise en compte du coût de la vie, du taux de couverture, solde comptable, retour sur IDE, etc.), on a déjà un fort revenu/pax donc on ne peut que jouer sur la quantité.

Toutes choses restant égales par ailleurs, l’accentuation sur le tourisme de Luxe serait moins rentable. Un aéroport international de type HUB serait plus viable à Hao (structure préexistante, aéroport de dégagement pour la ligne LAX/PPT et donc réduction du prix du billet d’au moins 25%, attraction pour les compagnies transpacifiques à la recherche d’économies d’échelles, plus de code shares pour ATN, décentralisation du développement vers les archipels).

Pour ce qui est du « pacte de reconversion de l’économie » d’ATP, ce n’est pas comme s’il n’y avait pas déjà eu la Charte du développement de 1994, les États généraux de 2009, le COST de 2010, etc. La Polynésie n’attend plus de rapports mais des réformes structurelles concrètes. Teiva MANUTAHI surprenant de logique, sait qu’il est impossible d’avoir du Low cost avec des taxes aéroportuaires parmi les plus chères du monde, et donc souhaite tout comme l’UPLD, la rétrocession de l’aéroport de Faaa au Pays.  Le problème reste la gestion chaotique des organismes administratifs territoriaux beaucoup trop politisés et si peu technocratisés.

Fiscalité et Finance : une vision tout aussi unanime

Contrairement à ce qui a été dit, tout le monde est pour l’impôt sur le revenu, c’est juste une question de nomenclature (CST+, impôt sur le revenu, continuité du projet Te autaeaera’a etc.), de fléchage (Etat, Pays, CPS), d’assiette et de taux.

A mon humble avis, la mise en place d’un vrai impôt sur le revenu reviendrait trop cher (faible densité de la population) et l’extension de la CST resterait injuste (que sur les classes moyennes).

Quid des revenus à l’étranger ? du patrimoine ? de l’ISF ?  Savez-vous que la plupart des commissions et frais bancaires ne sont pas taxés en Polynésie? Il serait plus judicieux d’allier une TVA sur critères sociaux, à une Taxe TOBIN sur les transferts de capitaux à la sortie (plus simple, donc plus rentable).

Aussi, l’administration polynésienne n’est pas plus pléthorique que les autres. La Calédonie a 24.034 emplois publics pour 250.000 habitants (9,61%), nous 26.750 pour 270.000 habitants (9,9%) et la France, 7.500.000 emplois publics pour 65 millions d’habitant (11,53%).  Or, la performance peut s’améliorer par une simple adaptation de la RGPP.

Enfin, la dette publique Polynésienne représente moins de 20 points de PIB alors que celle de la France est de 91 points de PIB. Or, en période de crise de la dette, les partis parlent d’un nouveau mode de financement : le partenariat Public-Privé. En France, les PPP permettent à l’État de financer des projets d’intérêt général sur des derniers privés, une pratique condamnée par la Cour des Comptes considérant l’investissement en PPP comme un subterfuge comptable pour masquer la dette publique.

Malgré tout, la solution à une crise de confiance ne peut ni être économique, ni financière, mais doit forcément venir d’un nouveau contrat social polynésien.

Citoyennement, Te aroha ia rahi

Taimana ELLACOTT

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