La ministre du Tourisme Nicole Bouteau a expliqué ce midi que l’ensemble des visiteurs du fenua originaires du continent américain seraient rapatriés dans les jours à venir. En revanche, ni le gouvernement, ni le Haut-commissariat ne sont en mesure d’assurer aux touristes métropolitains qu’ils pourront embarquer vers Paris avant la suspension totale du trafic commercial, en fin de semaine. Ils seraient plus de 500 à chercher à rentrer en Europe.
Toujours pas de réponse pour les touristes en attente d’un vol pour l’Europe. Dans sa stratégie « d’isolement » face à la pandémie, la Polynésie a regroupé l’ensemble des touristes du fenua à Tahiti ces derniers jours. Parmi eux, des Américains, Canadiens, ou ressortissants des pays d’Amérique latine qui rentrent peu à peu chez eux grâce notamment aux vols de United Airlines. En revanche les solutions sont beaucoup plus limitées pour les quelques 500 touristes européens, Français en grande majorité. À entendre Nicole Bouteau, ces visiteurs, « au vu du programme de vol, ne pourront pas rentrer chez eux ». La ministre du Tourisme appelle au passage l’État à « prendre des décisions ».
Une bonne partie de ces touristes avaient pourtant acheté des billets. Mais French Bee a annoncé sur son site, en fin de semaine dernière la suspension de tous ses vols, renvoyant vers Air Tahiti Nui. La compagnie polynésienne a elle-même annulé certaines rotations vers Paris via Pointe-à-Pitre et arrêtera toute son exploitation à partir de samedi. Quant à Air France, elle avait déjà communiqué sur la suspension de ses vols vers Papeete à compter du 28 mars.
Aucune information claire
Les deux vols prévus pour la métropole cette semaine seraient d’ores et déjà complets. Pour Lauranne, 21 ans, étudiante en région parisienne venue visiter le fenua, la situation est « extrêmement stressante ». Elle fait partie des voyageurs dont le vol French Bee a été annulé, « sans aucune communication directe avec les passagers, aucune solution proposée ». « La plupart d’entre nous veulent être auprès de leur famille en cette période d’épidémie, veulent rentrer à la maison pour se confiner », explique la jeune femme qui regrette qu’aucun interlocuteur, de l’office du tourisme au Haut-commissariat en passant par les compagnies, ne donne des informations claires aux passagers. Quand ils répondent, c’est pour se « renvoyer la balle », dit-elle.
Sur le groupe Facebook « Touristes français bloqués à Tahiti », créé hier, on s’échange les rares informations glanées auprès de la représentation de l’État ou du ministère du tourisme. « Il suffirait d’affréter deux avions pour nous ramener tous chez nous », s’agace une membre du groupe logée chez des amis. Tout le monde n’a pas cette chance : les touristes des îles ont été placés en confinement dans des hôtels de Tahiti, mais beaucoup d’autres visiteurs continuent de payer leur pension ou leur logement AirBnB. Et voient mal comment ils pourront continuer à le faire pendant plusieurs semaines.
Le vol via les États-Unis ne convainc pas
Depuis ce lundi matin, le Haut-commissariat réoriente vers les vols de la compagnie américaine United Airlines à destination de San Francisco. Trois départs sont prévus, mardi, jeudi puis samedi. Mais le vol n’est possible que pour les personnes ayant passé plus de 14 jours sur le territoire, qui bénéficient d’un ESTA… et qui peuvent justifier d’un billet vers l’Europe ensuite. Chez United, la liaison vers Paris se chiffre a minima à 450 000 francs et les billets se font rares.
Beaucoup craignent en outre que les correspondances ne soient pas assurées, les mesures de restrictions de vols évoluant d’heure en heure : « Une fois à San Francisco que faire ? C’est un coup à rester coincé là-bas » commente une voyageuse. D’autres expliquent simplement qu’ils n’ont pas les moyens d’une telle opération alors qu’ils attendent toujours le remboursement d’un voire de deux billets annulés. Sur le groupe Facebook, beaucoup en appellent désormais au Ministère des affaires étrangères… depuis le sol français.