ACTUS LOCALESSOCIÉTÉ Peu de suivi, pas de stratégie… La Cour des comptes épingle le Pays sur les violences faites aux femmes La rédaction 2024-04-18 18 Avr 2024 La rédaction La Cour des comptes nationale s’est penchée sur la prévention des violences faits aux femmes en Polynésie et en Nouvelle-Calédonie, « où la situation se révèle plus dégradée que dans la plupart des autres territoires » français. Les magistrats pointent notamment un manque de suivi dans les aides allouées et une « absence de toute stratégie globale ». Des statistiques qui ne sont guère surprenantes : en s’appuyant sur des chiffres du ministère de la Justice, qui portent sur l’ensemble des violences conjugales, la cour relève qu’en 2022, la métropole compte 217 personnes mises en cause pour ce genre de faits par tranche de 100 000 habitants. un chiffre qui atteint 383 mises en cause pour 100 000 habitants en Polynésie, et même 535 en Calédonie. On relève également que le nombre de condamnations qui débouchent sur de la prison ferme est beaucoup plus élevés dans le Pacifique que dans l’Hexagone : 303 condamnations pour 100 000 habitants sur le Caillou, 264 en Polynésie contre 74 en métropole. « Il ne peut plus y avoir un quelconque déni politique », pointe la CDC, qui note par ailleurs que les deux collectivités sont incapables de chiffrer le montant alloué à la lutte contre les violences faites aux femmes et à la prise en charge des victimes. La chambre recommande donc aux gouvernements polynésiens et calédoniens de « retracer l’ensembles des aides apportées » dans le domaine, regrettant « l’absence de suivi complet ». Prévention et coordination défaillantes Du côté de la prévention, de la communication ou de la formation, la chambre reconnaît bien volontiers que « la réponse des territoires se structure », mais souligne un manque de pertinence dans sa mise en application « en l’absence de toute stratégie globale ». Point positif, l’instance salue la mise en en place d’un référentiel des droits des femmes à destinations des professionnels concernés », qui, en Polynésie, a pris la forme de guide imprimé en 500 exemplaires et distribué en 2023. Reste désormais à mettre en place une meilleure coordination entre les différents acteurs intervenants sur la question, pour éviter des « inégalités d’accès aux droits et aux services ». Et pour « mieux protéger les victimes » aussi, « notamment en accompagnant les femmes dans les différents parcours de sortie des violences ». La cour prend notamment l’exemple du choix du Pays de se priver du numéro d’écoute 3919, numéro national de référence pour accompagner les victimes. « La Polynésie française se prive ainsi d’un retour d’expérience utile au projet de centre d’appel pour les femmes victimes de violences sans pour autant mettre en place une solution alternative pour l’instant satisfaisante. En effet, elle prévoit de doter les femmes victimes de violences de boutons d’alerte. Ce projet, s’il peut être opérationnel dans l’ensemble des îles, ce qui reste à vérifier, présente l’inconvénient de ne bénéficier qu’aux femmes qui sont déjà identifiées par les pouvoirs publics », détaille la synthèse du rapport. Un manque de centres d’accueils, notamment dans les archipels Autre point noir du texte, le manque de capacité d’accueil, surtout hors Tahiti et Moorea, pour permettre aux victimes de quitter le foyer de violence. La cour incite aussi le Pays à insister sur les dispositifs d’autonomisation économique et sociale des femmes. Car le rapport lie les faits de violence à la dépendance économique des femmes, « qui constitue souvent un frein à la révélation des faits ». « Le taux d’activité des femmes n’a pas progressé en Polynésie française depuis 2007, de sorte qu’elles ne sont que 46 % à occuper un emploi contre 60 % pour les hommes ». Soit une différence de 14 points, contre six en métropole. « Les voies de progrès envisageables sont nombreuses : allocation financière afin de stabiliser la situation économique de la victime, garantie locative pour les femmes victimes de violences, réduction ou aménagement du temps de travail, parcours d’insertion fléché par le financement prioritaire de formations professionnelles, accès privilégié au logement social, construction de logements de transit… », liste le texte. Cliquez pour partager sur Facebook(ouvre dans une nouvelle fenêtre)Cliquez pour partager sur Twitter(ouvre dans une nouvelle fenêtre)Cliquez pour partager sur LinkedIn(ouvre dans une nouvelle fenêtre)Cliquer pour imprimer(ouvre dans une nouvelle fenêtre)