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Philip Schyle défend son « intégrité » après sa garde à vue

©Cédric Valax

Interrogé pendant 12 heures, fin septembre, pour des soupçons de prises illégales d’intérêt, l’ancien maire d’Arue a tenu à apporter des précisions sur les subventions à l’association Tetiaroa Royal Race. Il reconnait des « maladresses » de son équipe municipale mais en aucun cas une volonté frauduleuse. Et s’étonne du traitement « différent » réservé à sa rivale Teura Iriti dont l’équipe est accusée de fraude électorale.

Comme l’avaient révélé nos confrères de Tahiti Infos, la justice a ouvert une enquête sur des subventions de la mairie d’Arue à l’association Tetiaroa Royal Race, entre 2016 et 2018. Une enquête pour prise illégale d’intérêt et recel de prise illégale d’intérêt, qui vise plusieurs membres de la majorité municipale d’alors. Certains élus ou conjoint d’élus étaient adhérents ou occupaient des postes dans le bureau de cette association. Ce n’est pas le cas de l’ancien tavana, qui était resté 12 heures en garde à vue fin septembre. Mais il serait tout de même soupçonné d’avoir tiré un bénéfice de ces subventions de 6 et 5 millions. Mais pas un bénéfice financier, assure-t-il : un bénéfice « politique ». Incompréhensible, pour l’élu Tapura, qui estime que « tous les maires, élus, présidents qui votent des subventions pour des évènements ou des manifestations populaires auraient un risque d’être sanctionnés » suivant cette logique. Philip Schyle qui n’avait pas souhaité, comme les autres élus, être accompagné d’un avocat pendant cette garde à vue, n’a pas été mis en examen, à son issue. Mais l’enquête se poursuit. « Il y a eu une erreur, une maladresse », reconnait-il, puisque les élus concernés ne sont pas sortis de la salle comme c’est normalement la règle. « Ce n’était pas intentionnel, et si c’est répréhensible nous sommes disposés à en répondre ». « Mais en aucun cas il y a de volonté de frauder », martèle-t-il, rappelant que tous les fonds ont bien été utilisés pour l’organisation de la course de vaa’a vers Tetiaroa.

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Derrière cette enquête, Philip Schyle voit lui un conflit politique puisque c’est l’actuelle tavana, Teura Iriti, qui avait déposé plainte il y a plusieurs mois. Elle même est visée par une plainte de l’équipe de son prédécesseur pour des procurations frauduleuses lors de l’élection de 2020. Le Conseil d’État pourrait d’ailleurs confirmer l’annulation du scrutin dans les jours à venir, voire prononcer des peines d’inéligibilité contre certaines de ses colistières, avant que l’affaire ne soit explorée par la justice pénale. Philip Schyle, qui avait été battu de seulement 79 voix, s’étonne donc que Teura Iriti n’est à aucun moment été placé en garde à vue, « malgré des faits qui lui sont reprochés qui sont plus graves ».

« Mon image et mon intégrité se retrouvent être compromises alors qu’en 31 ans de vie politique, jamais je n’ai été condamné, regrette-t-il. Cela me touche énormément d’autant plus que cela vient de quelqu’un, la mairesse d’Arue, qui s’est retrouvée inéligible en 2008 parce que son compte de campagne a été rejeté dans le cadre des municipal, son élection de sénatrice avait été également annulée à cause de pressions sur les électeurs, et elle est encore mise en cause dans une affaire de fraude électorale ».

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