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Philippines : « c’est un autre monde »

Jeudi, Tacloban a effectué les premiers enterrements collectifs de corps qui avaient auparavant attendu, alignés, près de la mairie. © Reuters

REPORTAGE – A Tacloban, un Français est à la recherche de sa femme dont il n’a plus de nouvelles depuis une semaine.

L’INFO. La confusion persiste toujours sur le nombre des victimes. Une semaine après le passage du typhon Haiyan, au moins 4.460 morts, a annoncé l’ONU vendredi, un chiffre immédiatement contesté par les autorités philippines. Sous un soleil tropical, l’odeur de décomposition qui émane de ces cadavres flotte partout dans l’air de Tacloban, une des villes les plus meurtries. Des centaines de corps ont été collectés, placés dans des sacs et transportés en camion vers des bâtiments municipaux, en ruines, dans l’attente d’enterrements collectifs, qui ont démarré jeudi.

Elle est venue pour voir sa famille. Le front plaqué contre le hublot d’un petit avion, Tony observe d’en haut ce décor chaotique. Des dizaines de survivants quittent les villages dévastés. Sa femme, dont il est sans nouvelle depuis une semaine, est peut-être parmi eux. « C’est un autre monde. Il n’y a même plus de palmiers. Les maisons sont dans l’eau », constate, médusé, ce Français interrogé par Europe 1. « En fait, ma femme est venue dans cette province pour voir sa famille », s’inquiète-t-il.


Philippines : « c’est un autre monde » by Europe1fr

« Le téléphone a coupé ». L’avion se pose. Tony met un pied sur le tarmac. Il presse ses deux frères qui l’accompagnent. La voix d’Haily, sa femme, c’est au téléphone qu’il l’a entendue pour la dernière fois. C’était en pleine tempête. « Le vent était très puissant et après le téléphone a coupé », raconte-t-il à l’envoyé spécial d’Europe 1. « Je n’ai pas eu signe de vie. Je ne sais pas trop quoi penser. J’espère que ce n’est pas un drame. On va essayer d’aller dans sa province, mais ce n’est pas garanti. Ça va être assez dur de trouver un véhicule », fait remarquer Tony qui interpelle le chauffeur d’une voiture bleue qui passait par là.

« C’est l’aventure complète ». Cédric, le frère cadet, court d’un taxi à un autre. Ils n’ont pas de tente, pas de sac de couchage et il commence à pleuvoir. « C’est l’aventure complète. On ne sait même pas où l’on va. On ne sait même pas où aller chercher mais on y va », s’emballe Cédric, venu soutenir son frère dans cette épreuve. « Sa femme, c’est comme une amie pour nous, alors on ne se pose pas de questions, on y va », affirme-t-il. C’est sur deux petites motos que la fratrie a pris la route. 180 km plus au Nord, il y a le village d’Haily.

Source: Europe1