Le gouvernement a présenté aux élus son plan de relance 2021-2023 préparé par Yvonnick Raffin. Une feuille de route qui n’est pas encore définitive, et n’a pas rencontré de réelle hostilité dans l’assemblée. L’opposition a toutefois exprimé quelques réserves et surtout veut rester vigilante sur le déroulement du plan dans les mois à venir.
Un plan de relance en chasse un autre. Un peu plus de trois mois après le « Cap 2025 » de Teva Rohfritsch, c’était au tour d’Yvonnick Raffin de présenter sa feuille de route, cette fois centrée sur la période 2021-2023. Du côté du Tapura, on explique que ce nouveau document est « une évolution » du plan précédent, même si certaines des 50 mesures présentées – contre plus de 200 en septembre – n’avaient pas été évoquées jusqu’alors. Et des évolutions, il devrait y en avoir d’autres : « Ce plan est sans doute encore imparfait, et il sera encore enrichi des échanges à venir, explique le nouveau ministre de l’Économie et des Finances en introduction. C’est un choix que nous assumons pleinement. Devant de telles difficultés à venir, il nous a en effet semblé important (…) de partager sa construction avec vous, élus de l’assemblée, et avec l’ensemble des acteurs économiques ». Le plan, le vrai, ne sera donc définitif qu’à la fin janvier après une série de consultations, et peut-être des avancées dans les négociations avec l’État sur son financement.
Une crise « plus dure, plus profonde, plus radicale » que toutes les autres
Il s’agit quoiqu’il arrive d’un premier cap avant le futur « plan de transformation » du Pays sur le long terme. Car le ministre veut être clair : « Le plus fort de la crise économique, sociale et financière est encore devant nous » et « les conséquences vont être plus profondes, plus dures, plus radicales que celles que notre Pays a eu à envisager ces dernières décennies ».
« Un changement pérenne », voilà à quoi le fenua doit se préparer. « Un changement qui va nous contraindre à repenser nos modèles, à négocier une transition, tout en préservant les plus fragiles d’entre nous », reprend Yvonnick Raffin. Relance par la commande publique, mobilisation des actifs privés – y compris l’épargne des particuliers – par l’incitation fiscale, sauvetage des entreprises en difficultés, réorganisations sectorielles (tourisme, perle, agriculture, pêche), transition énergétique, modernisation de l’administration, pari sur le numérique et réforme de la protection sociale… Voilà les grands axes du plan de relance, dont les mesures sont chiffrées, au total, à 50 milliards de francs sur trois ans, et qui ne seront pas réellement détaillées devant l’assemblée.
« Tant qu’on n’a pas neutralisé la crise sanitaire, on ne va pas avancer », dit Tony Géros
Édouard Fritch et son gouvernement appellent tout de même à la « cohésion » : vu la gravité de la situation, la classe politique doit parler d’une seule voix. Une idée qui semble avoir été entendue par l’opposition. Pas d’hostilité particulière au texte, qui engendrera quoiqu’il arrive des débats, opération par opération, à Tarahoi. « L’opposition ne va pas compliquer une situation déjà très complexe », résume Tony Géros pour qui ce plan de relance « n’en est pas vraiment un ». À l’entendre, le gouvernement ne pourra pas offrir de vision à long terme avant encore quelques mois : « Tant qu’on n’a pas neutralisé la crise sanitaire, on peut bâtir des plans sur la comète, mais on ne va pas avancer », explique le chef du groupe Tavini.
Pas de vote, et surtout, pas de chèque en blanc. Chaque groupe, à commencer par le Tahoera’a, a pris soin de préciser qu’il se montrerait vigilant sur la déclinaison de ce plan 2021-2023. Nicole Sanquer, pour A Here ia Porinetia, a demandé au gouvernement d’être plus transparent qu’à l’accoutumée sur la mise en place de ces mesures coûteuses. Une réflexion qui a visiblement déplu à Édouard Fritch, qui a assuré qu’il n’était « pas dans son ADN de mentir » et qui a appelé à « ne pas chercher des bobos là où il n’y en a pas ». Le Tavini, enfin, a alerté sur la confiance trop large accordée aux entreprises dans les mesures de soutien : « les entreprises apportent de l’énergie à l’économie du Pays, mais leur intérêt est différent de l’intérêt public », surtout dans ces temps de crise, note-t-il, « il faut faire attention à mettre des gardes-fous pour ne pas se faire plomber dans ce genre d’affaire ».