Reconstruire le camp autonomiste, oui. Adopter le concept d’état associé à la France prôné par Gaston Flosse, c’est non à ce stade de la discussion qui peine à s’installer entre les formations anti-indépendantistes. Édouard Fritch reste persuadé qu’il faut « proposer un nouveau produit politique », mais aussi qu’il faut que les autonomistes soient « adultes » et « fassent le ménage » chez eux, s’ils veulent parvenir à reprendre les rênes du Pays.
Interrogé sur l’état des tractations pour constituer une plateforme autonomiste, Édouard Fritch reconnaît qu’à l’intérieur du Tapura, la question du choix entre alliance et fusion des différents partis sera difficile à trancher : le statut d’État associé à la France, cher à Gaston Flosse, « ne fait pas l’unanimité » – même si le Vieux Lion n’en fait pas une condition absolue – et « il faudra que l’on fasse abstraction de nos égos. »
Pourquoi ne pas avoir déjà appelé A here ia Porinetia, alors ? Le président du plus important parti autonomiste répond : « On a le temps, à mon avis il n’y a pas le feu, je pense que d’ici la fin du premier trimestre on sera autour de la même table », disant qu’il faut d’abord « faire le ménage chez soi ». Et pourtant, au moment où il s’exprimait sur notre antenne, Nicole Sanquer et Nuihau Laurey étaient dans le bureau de Gaston Flosse qui a finalement pris son téléphone pour les appeler, a révélé Nicole Sanquer à TNTV.
Après cette rencontre de deux heureses les cofondateurs de A Here ia Porinetia se disaient toujours « pas du tout sur la même longueur d’ondes » sur une éventuelle fusion des composantes autonomistes, citant la question du statut comme point bloquant, au nom de leurs engagements envers leurs électeurs.
Un nouveau leader ? « Si vous avez une idée, dites-le moi »
Se pose aussi la question de qui ? Qui pour prendre la tête de ce « nouveau produit politique » autonomiste, dont les hommes forts actuels ont usé beaucoup de leur crédit, reconnait le président du Tapura ? « Si on veut proposer quelque chose de neuf, il faut aussi que le leadership soit assuré par des gens neufs, qui ont des idées innovantes. C’est la raison pour laquelle j’ai dit à Gaston que s’il faut en passer par là, moi je suis prêt à me mettre de côté pour laisser la place à quelqu’un d’autre. » Il y a bien « quelques nouvelles têtes, qui sont arrivées avant les élections… si vous avez une idée, dites-le moi, soupire Edouard Fritch, le problème c’est de trouver quelqu’un qui accepte de s’investir, c’est un vrai sacerdoce. Ce n’est pas que des théories que l’on développe, c’est un vrai travail de contact. Il faut à mon avis commencer par ce travail de terrain, c’est important.»
Bref, entre Gaston Flosse qui prétend être disposé à lâcher du lest sur la question statutaire mais ne cesse de dire que l’autonomie polynésienne a atteint ses limites, et Édouard Fritch qui ne veut pas faire oublier que c’est bien au Tapura qu’est la majorité des troupes anti-indépendantistes et qui soutient que le statut actuel recèle encore des possibilités si l’on s’en saisit pleinement, le renouveau autonomiste a peut-être démarré, mais il chauffe doucement comme un vieux diesel.
Un candidat polynésien sur la liste Renaissance aux élections européennes ? Paris n’a pas répondu
Quant à s’entendre sur un candidat autonomiste pour les élections européennes, on en n’est pas là non plus : « Je ne sais pas, j’ai proposé à Paris que les non-indépendantistes puissent avoir quelqu’un sur leur liste. J’en ai parlé au ministre de l’Intérieur, je n’ai pas eu de réponse depuis. Mais je pense qu’il faut parler de l’Europe, de l’intérêt qu’il y a pour la Polynésie de rester dans l’Union européenne », dit Edouard Fritch.