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Plateforme autonomiste : « Gaston Flosse ment sur toute la ligne », assure Nicole Sanquer

Accusée par Gaston Flosse de bloquer la création d’une plateforme autonomiste face au Tavini, la présidente de A Here ia Porinetia explique que c’est le chef de file du Amuitahira’a qui fait, au contraire, l’unanimité contre lui. Le Vieux Lion aurait proposé au Tapura, à Ahip, et au Ia Ora te Nuna’a de Teva Rohfristch d’avancer vers une fusion des partis autonomistes et de réorienter leur ligne vers une souveraineté associée du Pays… Ce que les trois structures ont refusé en bloc.

« Pour des intérêts personnels, on fiche en l’air, on casse tout et nous sommes en panne. » C’est ainsi que Gaston Flosse, invité du JT de Polynésie la 1ere mardi soir, a dénoncé le manque d’avancées dans le projet de « plateforme autonomiste ». L’idée est sur la table depuis presque un an, quand, dans l’entre deux tours des élections territoriales, le Amuitahira’a s’était rallié au Tapura pour faire face au Tavini. Sans succès, certes. Mais les discussions orange-rouge ont continué depuis le début de la mandature et d’autres perches se sont tendues, dans les discours publics en tout cas, pour agrandir et solidifier ce front anti-Tavini. Teva Rohfritsch et son micro-parti Ia Ora te Nuna’a, qui avait choisi de ne pas choisir au deuxième tour, entre l’attelage rouge-orange et les verts de A Here ia Porinetia (Ahip), se montre depuis le début de l’année beaucoup plus décidé à discuter. Et Ahip, avait fini par être « invité officiellement » à participer à des discussions, courant février puis début mars, après une première rencontre avec Gaston Flosse fin janvier.

L’entente est enfin sur les rails ? Non, et c’est justement le Vieux Lion qui a nommé une responsable, d’abord la semaine dernière sur le plateau de TNTV, puis de nouveau ce mardi soir. « Madame Sanquer » est accusée de « bloquer » les discussions pour la bonne raison qu’elle « veut être la présidente » de la future alliance… Alors que les chefs partis en présence préfèrent laisser le leadership à une personnalité moins en vue.

Triple non au Vieux lion

« Gaston Flosse ment sur toute la ligne », répond ce mercredi la cheffe de file de A here ia Porinetia. Nicole Sanquer explique que le président du Amuitahira’a a posé aux autres leaders autonomistes deux questions. « La première, c’était de demander la fusion, c’est à dire que tout le monde renonce à son parti, qu’on en crée un nouveau, reprend l’ancienne ministre et députée, aujourd’hui élue non inscrite à l’assemblée. Là dessus nous avons été très clairs, avec l’ensemble de A Here ia Porinetia, pour dire que nous refusions cette solution, pour respecter nos électeurs. S’ils ont voté pour nous, ça n’est pas parce qu’ils voulaient nous voir réunis encore une fois. Par contre nous ne fermions pas la porte à des discussions sur des sujets qui nous rassemblent. »

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Deuxième question et deuxième réponse négative à Gaston Flosse à propos d’une défense commune de la souveraineté de la Polynésie associée à la France. Une solution institutionnelle qu’a longuement mûrie l’ancien président, pendant que son ex-dauphin, Édouard Fritch, était au pouvoir, et qui était au cœur de la mutation du Tahoera’a en Amuitahira’a. « Nous, nous sommes autonomistes et nous ne pensons pas que l’autonomie a atteint ses limites », commente Nicole Sanquer… Qui précise que les autres leaders politiques – Édouard Fritch et Teva Rohfritsch – ont aussi répondu par la négative lors de la réunion de février à la mairie de Pirae. « Tous les trois nous étions d’accord sur un non à la fusion et un non à soutenir le statut de souveraineté associée. ».

Le nom de Moerani Frebault avancé pour mener la plateforme

Une version confirmée par d’autres participants à la réunion. Le Vieux Lion semble en avoir davantage tenu rigueur à Nicole Sanquer, avec qui les relations se sont nettement tendues lors de la rencontre suivante, début mars. Raison pour laquelle A Here ia Porinetia a depuis signifié aux trois autres partis « suspendre sa participation » à la plateforme. « Et je n’ai jamais demandé la présidence de quoi que ce soit », dément encore la représentante à l’assemblée. Gaston Flosse, lui, avait un candidat bien en tête, précise-t-elle. En la personne de Moerani Frebault, ancien Tavana Hau des Marquises, aujourd’hui DGS de la commune de Hiva Oa dont sa mère, Joëlle Frebault, est maire. Un jeune Polynésien qui avait déjà été cité, sur TNTV, par Gaston Flosse comme un candidat potentiel du Tapura pour une liste Renaissance aux Européennes.

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Peu d’avancées sur le fond, donc au sein de la plateforme autonomiste. Et pourtant, du côté de l’assemblée – où le Amuitahira’a n’est représentée que par Pascale Haiti, qui siège avec le Tapura, et où Ia Ora te Nunaa ne siège pas du tout – les autonomistes collaborent plus que jamais. Les élus Tapura et Ahip ont par exemple fait front commun sur les recours contre la loi fiscale et le règlement intérieur. « Il y a du travail en commun, il y a des sujets qui nous rassemblent, mais toujours des sujets qui nous divisent », reprend Nicole Sanquer.

Motion de défiance : des « rumeurs de plus en plus fortes »

L’opposition est quoi qu’il arrive dans l’expectative ces dernières semaines, tant les tensions couvent dans la majorité Tavini. Les couloirs de Tarahoi bruissent de rumeurs « de plus en plus fortes » de motion de défiance contre le gouvernement Brotherson. « On ne peut pas le nier, reprend Nicole Sanquer, et ça se sent un peu dans les déclarations à l’assemblée ». Celles de Tony Géros, de plus en plus impatient de pouvoir étudier de « vraies réformes » qui correspondent aux promesses de campagne du parti. Celles, aussi, d’Oscar Temaru, qui d’après l’élue autonomiste, aurait expliqué en commission des finances que si Moetai Brotherson ne « changeait pas d’avis » sur le train de la marche vers l’indépendance, le Tavini « perdait son temps ».

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A Here ia Porinetia dit ne pas avoir été contacté « à ce jour » par des élus Tavini pour participer à une motion, qui doit recueillir au moins 35 voix. Le Tapura garde le mystère, officiellement, sur sa position, même si, la rumeur, là encore forte, attribuerait à Édouard Fritch un refus de principe d’une telle motion. Gaston Flosse lui, l’a déclaré plus clairement : le Amuitahira’a – Pascale Haiti, donc – ne la voterait pas si elle était proposée à l’assemblée. Pour « respecter le choix de la population ».