Radio1 Tahiti

Plus d’un millier de manifestants pour commémorer Aldéraban, 1er tir nucléaire au fenua

Plus de 1000 manifestants étaient dans les rues de Pape’ete  mardi matin pour commémorer la date du 1er tir nucléaire au fenua. L’Église protestante ma’ohi demande le retrait de la loi Morin et son remplacement par une autre loi. L’association 193 a officiellement remis le courrier actant son retrait du projet de centre de mémoire.    

Ils étaient plus de mille, mardi matin, à manifester dans les rues de Pape’ete pour commémorer le 53ème anniversaire du premier des 193 essais nucléaires réalisés en Polynésie. Trois rendez-vous avaient été donnés : à Taraho’i pour l’association 193,  au stade Willy Bambridge pour les délégations de l’Église protestante ma’ohi et à la mairie de Papeete pour l’association Moruroa e Tatou. Tous ont convergé vers Taraho’i, pour ensuite se diriger vers le parc Pa’ofai pour les uns et le monument aux mort pour les autres. Une petite délégation a rencontré les autorités de l’État et du Pays.

Durant ces rencontres, a indiqué le président de l’Église protestante ma’ohi Taarii Maraea, les représentants des manifestants ont formulé plusieurs demandes, parmi lesquelles la suppression de la loi Morin,  « et qu’elle soit remplacée par une autre proposition de loi. Je compte beaucoup sur nos parlementaires et sur le support du gouvernement que cette proposition de loi soit déposée et qu’on ne passe plus par des jugements interminables pour que les victimes soient indemnisées ».

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« L’État est maître dans ce pays et considère que ce pays est à sa disposition » – Père Auguste Uebe-Carlson

« À travers cette manifestation nous voulons dénoncer une nouvelle forme de négationnisme. Et il y en a plein dans ces deux institutions que sont l’État et la Polynésie », a assuré Père Auguste Uebe-Carlson. L’association 193 est allée à la rencontre des autorités compétentes pour leur déposer « officiellement notre sortie du centre mémoriel parrainé par l’État et le Pays. Nous ne voulons pas cautionner un centre de propagande ».

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« Les numéros sur les cercueils (…) ça fait matricule de condamnés à mort, ce que nous sommes » – Léna Normand, association 193

L’association 193 a réalisé, pour l’occasion, 193 cercueils pour marquer « le même nombre de tirs imposés. Aucun tir n’était propre, mais ils génèrent des conséquences sanitaires, environnementales, sociologiques et économiques », affirme Léna Normand, vice-présidente de l’association 193. Les cercueils symbolisent, dit-elle, « le deuil dans lequel la Polynésie est plongée depuis ». C’est aussi l’occasion pour l’association 193 de « réveiller les consciences mais surtout d’attirer l’attention et la responsabilité des élus tant locaux que nationaux ». Sur certains des cercueils ont été inscrits quelques numéros :  « ça fait matricule de condamnés à mort, ce que nous sommes , malheureusement, » affirme Léna Normand.

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« Je me sentais chanceuse de ne pas avoir contracté (le cancer de) la thyroïde, et finalement j’ai une leucémie » Hinamoeura Cross

Hinamoeura Cross vient tout juste d’intégrer l’association 193. L’occasion pour elle de « lever le voile sur tous les malades, sur toutes les victimes indirectes », mais surtout sur sa maladie. Elle est en effet atteinte d’une leucémie depuis 6 ans. « J’avais décidé de ne pas en parler, j’avais une sorte de honte, de gêne aussi (…) et aujourd’hui je suis là pour dire aux malades qu’il faut se lever ». Hinamoeura raconte que dans sa famille, nombreuses sont les femmes qui sont atteintes du cancer de la thyroïde. « Je me sentais chanceuse de ne pas avoir contracté cela, et finalement j’ai une leucémie, je crois que j’ai eu le pire ». Elle appelle les autorités compétentes à « prendre  conscience que tout le peuple ma’ohi est une victime ».

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Depuis six ans Hinamoeura suit un traitement mensuel. Selon elle son traitement a coûté  26 millions de Fcfp à la collectivité. « C’est un 2ème crime, dit-elle, que ces dépenses soient supportées par tous. »  

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