ACTUS LOCALESÉCONOMIENUMERIQUE Un sommet crypto plus pédagogique et plus ouvert : le PICS remet le couvert Charlie Réné 2023-12-28 28 Déc 2023 Charlie Réné ©Hellmouth Banner Après un premier rendez-vous plein de promesses en 2022, les organisateurs du Polynesian Islands Crypto Summit (PICS) préparent une deuxième édition plus ambitieuse, toujours centrée sur les cryptomonnaies, la blockchain et le Web3. Elle aura lieu en mai entre To’ata et la Maison de la culture, avec au programme des conférences de spécialistes, des ateliers grand public, pour apprendre à éviter les arnaques notamment… Mais aussi un village d’exposants polynésiens qui pourront s’essayer concrètement à ces outils numériques. C’était dans les salons de l’hôtel Hilton que la communauté crypto du fenua avait poussé son premier cri de ralliement, en juin 2022. Le premier « PICS », Polynesian Islands Crypto Summit, alors organisé sur fonds propres par une poignée de passionnés, avait fait mouche. De nombreux crypto-enthousiastes, férus de technologie blockchain ou créateurs du Web3 (lire encadré) s’étaient déplacées depuis toute la Polynésie et n’ont, depuis, pas cessé d’échanger. Mais le sommet avait surtout réussi à attirer plusieurs dizaines de professionnels internationaux, représentant pour certains des entreprises pesant plusieurs milliards sur le marché. « On a montré que notre voix pouvait porter, qu’on pouvait supporter un écosystème avec du potentiel, comme des destinations plus emblématiques sur le sujet, comme Dubai, Singapour, ou les capitales européennes », se félicite Hellmouth Banner, journaliste et entrepreneur spécialisé depuis de longues années dans ce secteur en révolution perpétuelle. Pour le résident de Moorea, cofondateur du PICS, il n’y avait « aucun doute » : il fallait rééditer l’expérience. Discussion de pro et essais « concrets » pour le grand public Deuxième édition en préparation donc, mais avec davantage d’ambition. Pour preuve, le site retenu : la Maison de la Culture et la place To’ata qui seront investis pendant trois jours, du 12 au 14 mai. Le Petit théâtre sera mis à profit pour les conférences et « panel » auxquels participeront, comme en 2022, plusieurs dizaines de spécialistes internationaux. Ils devraient discuter de l’état des marchés crypto, en plein tournant avec le « Halving » du Bitcoin (lire encadré), des nouvelles applications des outils issus de la blockchain dans le quotidien, ou du développement de ce fameux Web3, nouvelle ère d’un net plus libre, plus immersif et plus décentralisé. De quoi intéresser les investisseurs, les technophiles ou les curieux à qui les professionnels proposeront aussi, directement et dans un espace dédié, leurs services. Au menu : du matériel pour « miner » du bitcoin (lire encadré), des « hardware wallets » pour stocker ses actifs crypto sur un support physique en toute sécurité, mais surtout des offres de néo-banques, et de services destinés aux particuliers, aux entreprises et même aux administrations. Mais les organisateurs du PICS l’avaient annoncé : cette deuxième édition devra aussi tout se tourner vers le grand public, qui, dans sa majorité, entend parler, mais n’a que très peu de contact avec les outils crypto. Et reste probablement perdu dans l’avalanche de nouveaux concepts et de jargon numérique. En guise de premier contact, un « village découverte », en accès libre, sera monté pendant ces trois jours sur l’esplanade basse de To’ata. Les visiteurs y trouveront une cinquantaine d’exposants polynésiens : créateurs et artistes, commerçants, et même municipalités et institutions… « C’est un village qui sera orienté sur l’artisanat, la culture, le patrimoine, reprend Hellmouth Banner. Et ces exposants auront l’opportunité, et ça n’est pas une obligation totale, d’utiliser des outils du Web3 ». Il s’agit bien sûr, avant tout, de mettre en avant le paiement en cryptomonnaies, déjà pratiqué à toute petite échelle au fenua et dont les organisateurs veulent démontrer qu’il est, en plus d’être « légal, régulé et transparent », « accessible à tout le monde et ne nécessite pas une grande technicité ». Pas de grands risques non plus, d’autant que ce sont des paiement en « stablecoins », des cryptomonnaies dont la valeur est arrimée à celle d’une monnaie fiduciaire (comme le francs, l’euro ou le dollar), qui seront proposées. Pas seulement la crypto « Mais il y a d’autres outils qu’on va pouvoir faire découvrir », complète l’organisateur. Pour les artistes, les NFT, fameux token non-fongibles qui permettent de certifier numériquement une œuvre, et qui avaient été, un temps, au centre d’une bulle spéculative aujourd’hui éclatée. Pour les associations, des « organisations autonomes décentralisées », ou DAO, qui permettent d’encadrer, grâce à la blockchain, des votes ou des assemblées générales en ligne. « Pour des municipalités, on a également tout un panel d’outils très intéressants de l’ordre de la gouvernance, de l’ordre de la démocratie, complète le spécialiste. On parle souvent des cryptomonnaies, mais la crypto, c’est l’arbre qui cache la forêt Web 3. On a tout ce panel de nouveaux services qui touchent autant vous et moi dans notre quotidien (…) et qui peuvent être des outils pour beaucoup de structures ou pour les commerçants pour faire du développement, créer de la croissance, pour avoir du chiffre d’affaires supplémentaire ». https://www.radio1.pf/cms/wp-content/uploads/2023/12/CRYPTO-1-.wav Ce sommet-salon sera aussi l’occasion d’ateliers de « sensibilisation », là aussi orientés vers le grand public, pour repérer les fraudes et arnaques liées aux crypto. Les organisateurs ne l’ignorent pas : au fenua plus qu’ailleurs pullulent les propositions d’investissements miraculeux, les offres de formations bidonnes, et autres tentatives de phishing qui utilisent les mots bitcoin, blockchain ou crypto comme appâts. « On ne plaisante pas » avec les agréments Aussi, les intervenants de ce PICS #2 sont prudemment sélectionnés, pour leur utilité dans le débat ou dans le quotidien des Polynésiens, mais surtout parce qu’ils sont « pleinement régulés, encadrés, suivis par les gendarmes financiers ». Agrément de l’Autorité des marchés financiers, de l’Autorité de contrôle prudentiel et de résolution, respect des règles « prestataires de services d’actifs numériques » ou de la future réglementation européenne MICA… « On ne plaisante pas avec ça, martèle Hellmouth Banner. Ce n’est pas à foire à la brocante de la spéculation effrénée ou de la vente de formation de trading non régulée, on n’est pas face à des petites initiatives portées par des anonymes sur des canaux Télégram, un petit peu bizarres… On est face à des acteurs extrêmement sérieux qui nous font le plaisir de venir en Polynésie, et pourquoi pas de calibrer leur service pour inclure notre région ». https://www.radio1.pf/cms/wp-content/uploads/2023/12/CRYPTO-2.wav Ce serait d’ailleurs un des apports du premier sommet : faire connaitre les spécificités de la zone, et notamment le marché en francs CFP, qui a fait fuir certains services comme Revolut, à de futurs grands acteurs de la finance ou des services Web3. « Il y a des services tout à fait passionnants qui se développent et on veut faire en sorte qu’il puissent s’adresser de façon « native » à la Polynésie », reprend le responsable. Si les grandes lignes du PICS #2 sont depuis longtemps posé, la liste des invités est toujours en construction. Comme celle, d’ailleurs, des exposants du village découverte, qui profiteront tous, au travers de la « Pics Academy » d’un accompagnement pour être prêt, le jour du sommet, à utiliser de nouveaux outils Crypto. La seule déception du premier sommet avait été l’absence d’acteurs publics ou d’élus dans les discussions. « Je suis très confiant sur le fait que la nouvelle équipe en charge s’intéresse nettement plus à ce qu’elle ne l’a fait que ne l’a fait l’exécutif polynésien il y a un an et demi, reprend le cofondateur. Parce qu’il y a eu du sang neuf, parce qu’on a des interactions assez riches avec des acteurs publics qu’on veut avancer de manière complètement transparente. On ne se présente pas comme des rebelles du système, mais comme des gens qui veulent présenter des outils, porter des solutions ». Des « solutions » qui ont attrait au développement économique, à l’organisation sociale ou même aux questions de souveraineté. Les initiatives et les prospections en matière de crypto sont nombreuses, dans le monde ou dans la région, note Hellmouth banner. « Ce qu’on veut incarner, c’est l’idée que dans ce domaine, on est acteur, on est au même niveau que quelqu’un qui fait des affaires à Paris, New York ou à Singapour. Il ne faut pas se sous- estimer ». Blockchain, crypto, Web3, « halving »… La blockchain, c’est une technologie réputée inviolable de stockage et de transmission d’informations, qui fonctionne sans organe de contrôle et qui est sécurisée par cryptographie. Elle a commencé à être développée dans les années 90, mais ce n’est qu’à la fin des années 2000 qu’une de ses applications deviendra mondialement célèbre : le bitcoin. Toujours première cryptomonnaie en terme de capitalisation et d’utilisation – des milliers de sites, d’entreprises, mais aussi des pays et des institutions l’acceptent aujourd’hui comme un moyen de paiement -, elle a été suivie de milliers d’autres « coins », qui varient dans leur construction technologique, leur objectif ou leur crédibilité. Un marché estimé à plus de 190 000 milliards de francs au total, qui suscite autant d’appétits et d’activité que de fantasmes et de critiques. Au même titre que l’e-mail a été l’application phare des début d’internet, le bitcoin « incarne » un écosystème « beaucoup plus vaste » . Technologies de communication, développement d’outils économiques ou juridiques, services en matière artistique, commerciale ou gestion de service publics… Ces applications de la blockchain, couplées à celles d’autres outils numériques, comme la réalité virtuelle, constituent, bout à bout, le « Web3 ». Un nouvel espace qui doit permettre d’échanger de la valeur, là où le Web 2.0, celui des Gafam comme Google ou Facebook, permet surtout d’échanger de l’information. Certaines sociétés investissent aujourd’hui massivement dans le Web3, plus décentralisé, plus immersif et qui voit naître peu à peu d’autres géants encore inconnus du grand public. L’année 2024 est particulièrement attendue par les investisseurs de crypto, du fait d’une solidification du marché ces derniers mois, mais surtout d’un évènement programmé pour avril : le « Halving » du Bitcoin. Un évènement qui se répète tous les quatre environ depuis la création de cette monnaie, et au cours duquel la récompense offertes au « mineurs » de Bitcoin (ces particuliers et entreprises qui allouent des capacités de calcul de leur ordinateur ou de leur parc informatique pour assurer le fonctionnement du système) est divisée par deux. Moins de bitcoin seront donc mis en circulation à partir d’avril, ce qui devrait, comme cela avait été le cas en 2000, faire bondir les cours… Cliquez pour partager sur Facebook(ouvre dans une nouvelle fenêtre)Cliquez pour partager sur Twitter(ouvre dans une nouvelle fenêtre)Cliquez pour partager sur LinkedIn(ouvre dans une nouvelle fenêtre)Cliquer pour imprimer(ouvre dans une nouvelle fenêtre)