ACTUS LOCALESSANTÉ Pointé du doigt, le personnel de l’hôpital d’Uturoa entre colère et incompréhension Vaitiare Pereyre 2024-11-24 24 Nov 2024 Vaitiare Pereyre L’hôpital d’Uturoa a récemment fait l’objet d’un rapport saignant de la Direction de la santé. Celui-ci pointe plusieurs manquements au sein de la structure : arrêts maladie injustifiés, armoire à pharmacie non surveillée, dossiers de suivi de grossesse égarés… Un document qui provoque, d’après la CSTP-FO, une colère inédite chez les soignants de l’établissement, qui dénoncent des accusations « mensongères et non vérifiées » qui n’aura d’autres effets que de « démotiver ». Un rapport accablant, des accusations lourdes. Dans un rapport révélé par Tahiti Infos, la Direction de la santé n’y va pas de main morte : elle pointe des manquements graves au sein de l’hôpital d’Uturoa. Il est question, entre autres, des arrêts maladie qualifiés de “convenance personnelle” entre médecins, échappant à tout contrôle, de l’absence d’un pédiatre aussi, chaque vendredi, sans concertation préalable avec la direction. Celui-ci évoque également un événement indésirable grave (EIG) non déclaré, lié à la ventilation d’un patient avec trachéotomie, ayant entraîné un décès, et puis un soupçon de falsification du dossier médical avant transmission à la justice. Du côté administratif, le rapport souligne l’absence de projet d’établissement, de politique de qualité et de suivi dans la gestion des soins. « Aucun élément de preuve » Des lacunes que le Pays dit vouloir combler au travers de mesures telles que la refonte des projets d’établissement et de soins, le renforcement des bonnes pratiques (pharmacovigilance, traçabilité des dossiers) et le soutien administratif pour garantir la continuité des soins. Pour le personnel, ce rapport est vécu comme une attaque. Philippe Dubois, secrétaire général du syndicat du personnel soignant des îles Sous-le-vent, affilié à la CSTP-FO, explique s’être entretenu, quelques jours après sa parution, avec la Directrice de la santé, Romina Ma : « On lui a demandé de nous apporter des preuves, des propos qui étaient écrits et de quoi elle parlait. Effectivement, la direction de la Santé, par de sa directrice, ne nous a amené aucun élément de preuve, rien, rien du tout. Ce sont des propos qui ont été balancés en l’air et qui ont été couchés sur une feuille sans aucune vérification. Donc c’est un rapport qui ne repose sur rien du tout de concret. » https://www.radio1.pf/cms/wp-content/uploads/2024/11/HOPITAL-DE-UTUROA-1.wav « Ce rapport a démoralisé les équipes » Les accusations du rapport seraient « mensongères et non vérifiées » d’après le secrétaire général du syndicat. « Ce rapport a démoralisé les équipes » explique le médecin qui dit travailler depuis plusieurs mois sur un projet visant à moderniser les services et à mieux répondre aux besoins des habitants des Raromatai. L’idée ? transformer la structure « en hôpital de proximité » performant. Mais à entendre le syndicat, à l’origine de plusieurs préavis de grève ces dernières années, dont le dernier avait abouti à un protocole d’accord en juillet, le Pays n’œuvre pas dans le sens d’une meilleure visibilité pour les agents. Le personnel de l’hôpital serait ainsi sorti plus « démotivé » que jamais de la réunion avec la récente directrice de la Santé et ancienne directrice générale de la CPS Romina Ma, qui aurait, en plus du rapport, montré son pessimiste quant à l’avenir des comptes sociaux et notamment des retraites. « Dire aux agents qu’ils ne toucheront peut-être pas de retraite, alors qu’ils cotisent depuis des années, c’est les démotiver au plus haut point. Les gens ne comprennent plus », se désole encore le secrétaire général du syndicat CSTP-FO. Depuis la parution de ce rapport, à Uturoa la tension est palpable : « Le personnel est en colère, dans une colère importante que je n’ai jamais vue en 19 ans d’activité au sein de l’hôpital, dit la CSTP-FO, qui attend d’avoir des « réparations ». Des excuses, ce serait le minimum, mais ça ne sera pas suffisant. Les personnes qui ont fait ce rapport ont commis des fautes graves sur le plan professionnel, dans la fonction publique. Il y a donc des dispositions à prendre envers ces gens-là. » Une rencontre avec le ministère est prévue dans les prochains jours. Cliquez pour partager sur Facebook(ouvre dans une nouvelle fenêtre)Cliquez pour partager sur Twitter(ouvre dans une nouvelle fenêtre)Cliquez pour partager sur LinkedIn(ouvre dans une nouvelle fenêtre)Cliquer pour imprimer(ouvre dans une nouvelle fenêtre)