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Polyacht, de l’innovation made in fenua jusqu’en haut du mât

Polyacht

La société inaugurait ce vendredi à la Pointe Vénus son nouvel atelier de production de haubans textiles en Dyneema. Des câbles de gréements plus légers et plus écologiques, dont Polyacht a réussi à industrialiser la fabrication, les rendant accessibles à tous les navigateurs. L’entreprise polynésienne, déjà à l’assaut du marché européen, en a profité pour présenter Cocorig, projet qui cherche à remplacer les cordages plastiques des fermes perlières par du nape.

L’idée est née dans la tête de Benoit Parnaudeau, coureur au large, participant au Vendée Globe, à la Route du Rhum, bref, une longue expérience qui l’a mené jusqu’à Tahiti où il a lancé l’entreprise Polyacht. Il y proposait différents services aux voiliers : réparation, entretien, réparation… Christophe Monnier, spécialisé dans l’électricité et l’électronique, l’a rejoint et l’offre pour les voiliers s’est élargie. Puis l’objectif de l’entreprise a évolué le jour où Benoit Parnaudeau a eu besoin de changer les haubans de son voilier. Pas question de remettre les câbles en acier inoxydable, très lourds et pas vraiment écolos à fabriquer. Il cherche une alternative et finit par s’intéresser au Dyneema, une fibre de polyéthylène à haute résistance. Déjà utilisés par les voiliers de course, les haubans dans cette matière sont plus légers, plus durables… mais aussi plus chers, car fabriqués de manière artisanale. L’idée est donc d’industrialiser le processus pour démocratiser leur utilisation.

Innovation et industrialisation

Après cinq années de recherches et développement, « un procédé d’enroulement filamentaire unique au monde permettant une fabrication simple de haubans textiles » est mis au point. Une véritable innovation pour la navigation, comme l’explique Jean Pagny, associé de Polyacht. « Il y a plusieurs innovations dans notre produit mais l’innovation principale c’est la manière dont on va le fabriquer. Les haubans Dyneema existaient déjà auparavant mais les techniques de fabrication étaient la plupart du temps artisanales, manuelles, explique l’ingénieur. L’innovation c’est de réussir à enrouler du fil Dyneema à l’intérieur d’une gaine de protection pour avoir un hauban complètement protégé de bout en bout directement en sortie de machine. On a réussi à industrialiser le process et on a réussi à le faire en ayant le moins de matière première possible. »

Car l’intérêt est aussi écologique : la production du Dyneema est moins gourmande que l’acier inoxydable et selon les premiers tests, les haubans dans cette matière auraient une durée de vie plus longue. Depuis la mise au point de ce processus de fabrication inédit, la Sofidep et la corderie Lancelin de France ont rejoint la société Polyacht, qui a lancé officiellement sa gamme de haubans textiles baptisée EFTM lors du Grand Pavois 2022 à La Rochelle. « Nacira, un Class40 sur lequel Benoit Parnaudeau a notamment couru le Route du Rhum et la Transat Jacques Vabres, navigue depuis 2020 équipé d’un haubanage 100% EFTM. Il est d’ailleurs monté sur la première marche du podium de la Tahiti Pearl Regatta en Juin 2022 ».

Le nape plutôt que le plastique

L’objectif de l’entreprise est de « donner accès à n’importe quel propriétaire de voilier à un produit haut de gamme, un produit performant ». « Les haubans textiles qui aujourd’hui sont réservés à des gens qui vont chercher vraiment la performance et dont les moyens financiers ne sont pas nécessairement un problème reprend Jean Pagny. On a industrialisé la fabrication de ce matériel pour le rendre accessible à tout le monde ».

Les plaisanciers et professionnels peuvent utiliser ces haubans pour rénover un gréement tout comme les équipementiers et les chantiers navals les choisir pour des constructions neuves. « Les haubans produits par l’entreprise sont d’ailleurs destinés majoritairement à l’export avec en premier marché, la France. » L’entreprise a également un autre projet en cours : Cocorig. Il s’agit cette fois de remplacer les cordages plastiques utilisés dans les fermes perlières par des cordages naturels en fibre de coco (le nape). Un nouveau produit, soutenu par le programme Protège et l’Ademe, qui devrait être sur le marché dès 2024. Polyacht travaille en outre sur, un composite de ces deux matières, Dyneema et nape, pour un cordage encore plus solide car il associera le volume du nape à la résistance du Dyneema.

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